Avec 63,7 %, le taux de participation se maintient à un niveau historiquement élevé. Plus de 50 % des votants ont fait usage du vote en ligne, pratique dont l’Estonie fait figure de pionnière au niveau global 1.

Avec 31,2 % des voix (+2,3 pp), le Parti de la réforme (ERE, RE) de la Première ministre sortante Kaja Kallas remporte nettement ces élections.

  • Actrice de premier plan du soutien politique à l’Ukraine au sein de l’Union, la cheffe de gouvernement libérale voit ses positions renforcées, gagnant 3 sièges supplémentaires (37 au total).
  • Ses alliés au sein du gouvernement, le Parti social-démocrate (SDE, S&D) et Isamaa (PPE), subissent au contraire des revers : le premier obtient 9,3 % (-0,5 pp) et 9 sièges (-1), le second 8,2 % (-3,2 %) et 8 sièges (-4).
  • Les partis d’opposition connaissent également des difficultés. Ainsi, le Parti du Centre (K, RE), miné par les affaires de corruption qui ont conduit à la chute du gouvernement de Jüri Ratas en 2021, ne recueille plus que 15,3 % des voix (-7,8 pp), passant de 26 à 16 sièges seulement.
  • Principale formation de l’extrême-droite estonienne, le Parti populaire conservateur (EKRE, ID) se place second à la faveur des déboires du Centre, mais recule cependant à 16,1 % (-1,7 pp) et 17 sièges (-2). Au soir de l’élection, son leader Martin Helme a remis en doute le dépouillement du vote électronique, demandant un recomptage et refusant de reconnaître les résultats.

Le jeune parti libéral Estonie 200 (Eesti 200), fondé en 2018, est le grand vainqueur de ces élections. Avec 13,3 % des voix (+8,9 pp), il entre au parlement avec 14 sièges, alors qu’il n’avait pas réussi à dépasser la barre des 5 % lors du scrutin de 2019 (la majorité au sein du parlement est fixée à 51 sièges). À ce stade, le cabinet sortant conserverait sa majorité (55 sièges), mais une coalition entre le Parti de la Réforme et Estonie 200 disposerait également de la capacité de former un gouvernement (52 sièges).

Dans l’ensemble, l’élection semble avoir profité aux formations ayant exprimé un soutien franc au gouvernement ukrainien, et affaibli ceux liés au Kremlin.

  • Le Centre, traditionnellement plébiscité par l’importante minorité russe et qui disposait jusqu’au début de mars 2022 d’un accord avec Russie Unie, a subi une lourde défaite.
  • Quant à EKRE, qui s’était prononcé contre les livraisons d’armes, il semble avoir obtenu des résultats inférieurs de deux à trois points aux prévisions.
  • Exception notable, le Parti de la Gauche unie (GUE/NGL), dont l’électorat est presque exclusivement russophone, est cependant passé d’un score marginal (0,1 %) à 2,4 % des voix — un résultat cependant en-deçà du seuil de 5 % nécessaire pour entrer au parlement.
Sources
  1. « New turnout record set during Estonia’s Riigikogu elections », Eesti Rahvusringhääling, 5 mars 2023.