La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé aujourd’hui son intention de démissionner de son poste de Première ministre (qu’elle occupe depuis 2014) et de dirigeante de son parti. Indépendantiste de la première heure, elle avait rejoint le Parti national écossais (SNP) en 1986 avant d’être parmi les premiers élus au nouveau Parlement écossais en 1999. 

  • Lors de son adresse, Sturgeon a déclaré que sa décision n’avait pas été prise « en réaction à des pressions de court terme » mais qu’elle était arrivée à la conclusion, après plusieurs semaines de réflexion, que « continuer n’est pas une bonne chose pour moi, ni pour mon parti et la cause de l’indépendance ».
  • Au cours des dernières semaines, Sturgeon a été visée par des critiques suite au blocage par le gouvernement britannique — pour la première fois — d’une loi sur le changement de genre votée au Parlement écossais, conformément à la section 35 du Scotland Act de 19981.

La démission de Sturgeon intervient dans un contexte plus large de contestation de son rôle au sein du SNP en raison de son « plan » déclaré qui vise à considérer le résultat des prochaines élections générales britanniques de 2025 comme un référendum sur l’indépendance écossaise2. Depuis que les Écossais ont voté à 55,3 % contre l’indépendance de l’Écosse le 18 septembre 2014, les Premiers ministres britanniques successifs ont tous refusé la tenue d’un nouveau référendum.

Le soutien à l’indépendance de l’Écosse n’a que très peu progressé ces dernières années, tandis que le soutien à Sturgeon a diminué.

  • Selon l’institut de sondages britannique YouGov, seulement 29 % des Écossais étaient en faveur de l’indépendance en septembre 2022, soit une hausse de seulement 3 points depuis décembre 2019.
  • Si le SNP demeure le premier parti écossais en termes d’intentions de vote (et au Parlement écossais) pour les prochaines élections de 2026, 42 % des Écossais sondés par le Times entre le 6 et le 10 février souhaitaient que Sturgeon « démissionne immédiatement »3.

Tandis que l’indépendance figure loin derrière le système de santé britannique, le coût de la vie ou bien l’économie en termes de préoccupations exprimées par les Écossais lors de sondages, il n’existe à ce jour ni successeur crédible ni « stratégie claire pour l’indépendance », selon l’ancien Premier ministre et leader du parti pro-indépendance Alba Party4.

Bien qu’aucune personnalité politique ne se distingue à ce stade pour « conduire l’Écosse vers l’indépendance », selon les souhaits exprimés mercredi 15 février par Nicola Sturgeon, le blocage par le gouvernement britannique de la loi écossaise sur le changement de genre ainsi que le jugement rendu par la Cour suprême du Royaume-Uni en novembre statuant « que le Parlement écossais n’a pas le pouvoir de légiférer pour organiser un référendum sur l’indépendance de l’Écosse » pourraient offrir un regain de soutien en faveur de la cause indépendantiste5.

Sources
  1. Alistair Smout et Andrew Macaskill, « British government to block Scottish gender reform law », Reuters, 16 janvier 2023.
  2. « Next election will be independence vote – Nicola Sturgeon », BBC, 23 novembre 2022.
  3. « Four in ten voters want Nicola Sturgeon to resign now », The Times, 11 février 2023.
  4. Lord Ashcroft KCMG PC Scotland Poll, Février 2023.
  5. Supreme Court judgment on Scottish independence referendum, House of Commons Library, 23 novembre 2022.