Au 4 janvier 2023, le gaz naturel sur les contrats TTF à un mois se vendait à 65,02 € par MWh, à son niveau le plus bas depuis novembre 2021 — soit une baisse de 80 % depuis le pic atteint en août

Cette baisse s’explique avant tout par les températures anormalement élevées en Europe ces dernières semaines, et s’inscrit dans un contexte de ralentissement de l’activité sur les marchés de l’énergie. À cela s’ajoute la réduction de la demande d’énergie à l’échelle de l’Union.  

  • Entre janvier et novembre 2022, les États-membres ont réduit leur demande de gaz naturel par rapport à la période 2019-2021 de 11 points de pourcentage. 
  • Les pays ayant le plus contribué à la réduction de la demande sont principalement des États nordiques : Finlande (-53 %), Lettonie (-30 %), Lituanie (-27 %) ou Danemark (-25 %).
  • Le seul pays européen dont la demande de gaz naturel a augmenté cette année est la Slovaquie (+5 %)1.

    Les réserves de gaz des États-membres affichent également des niveaux très élevés de remplissage en comparaison des années précédentes — à l’exception de 2019. Ainsi, les niveaux à l’échelle européenne sont bien supérieurs aux dernières projections de l’Entsog (European Network of Transmission System Operators for Gas) du 24 octobre 20222.

    • Au 7 janvier 2023, les réserves européennes de gaz naturel étaient remplies à 83,18 %.
    • Dans son scénario anticipant des températures moyennes, l’Entsog prévoyait un remplissage à 70 % au 1er janvier 2023. Pour un hiver rigoureux — aux températures plus basses que les moyennes —, celui-ci chutait à 58 %.

    Cette situation exceptionnelle — qui laisse présager la fin de l’hiver 2022/2023 sans coupures d’électricité ni réduction de l’activité — est en partie due aux températures anormalement élevées partout en Europe au cours des dernières semaines. Selon l’European Center for Medium-Term Weather Forecasting, celles-ci devraient demeurer plus élevées que la moyenne jusqu’à la mi-février au moins.

      La diminution des approvisionnements européens en gaz russe présente avant tout un risque pour l’hiver 2023/2024. Afin de s’y préparer, l’Union importe massivement du gaz naturel liquéfié (GNL) et développe ses infrastructures capables d’accueillir et de regazéifier du GNL.

        • L’Europe importe encore l’équivalent de 480 millions de m³ de gaz russe par semaine via les gazoducs passant par l’Ukraine et TurkStream.
        • En 2022, l’Europe était le premier consommateur mondial de GNL, ayant importé 101 millions de tonnes — soit une augmentation de 58 % par rapport à l’année précédente3. Le volume représente 137 milliards de mètres cubes de gaz naturel et équivaut presque les 140 milliards exportés par Moscou en 2021.
        • D’ici la fin de l’année 2023, six terminaux de regazifications devraient voir le jour en Allemagne, couvrant au total un tiers de la consommation de gaz du pays.
        Sources
        1. Ben McWilliams et Georg Zachmann, « European natural gas demand tracker », Bruegel, mis à jour le 7 décembre 2022.
        2. Entsog Winter Supply Outlook, 2022/2023, European Network of Transmission System Operators for Gas, 24 octobre 2022.
        3. Shotaro Tani, « Europe leads pack on LNG imports as global competition for fuel heats up », Financial Times, 7 janvier 2023.