Tous les ans, l’organisation américaine Freedom House publie un rapport évaluant la liberté de navigation des utilisateurs sur internet ainsi que les mesures mises en place par les gouvernements pour en restreindre l’accès1. Le score de chaque pays étudié est établi à partir de 21 sujets portant sur trois grands thèmes : les obstacles mis en place (25 points), les limitations d’accès à certains contenus (35 points) et les violations des droits des utilisateurs (45 points)2.

Les évolutions des libertés sur Internet sont dépendantes du contexte géopolitique marqué cette année par la guerre en Ukraine mais également par des actions collectives plus positives des sociétés civiles qui luttent pour garantir un Internet plus libre. 

  • Les plus fortes baisses des scores de liberté sur Internet ont été enregistrées dans des États sujets à une importante instabilité politique comme la Russie (-7 points par rapport à 2021), le Myanmar (-5 points), le Soudan (-4 points) ou encore la Libye (-4 points).
  • Un nombre record de 26 pays ont tout de même connu une amélioration de la liberté sur Internet, dont les États-Unis mais aussi le Royaume-Uni, l’Australie ou encore le Brésil (+1 point). 

De nombreux gouvernements cherchent graduellement à contrôler ce que les individus peuvent partager en ligne en bloquant l’accès à des sites web et en récoltant des données personnelles.

  • Sur 4,5 milliards d’utilisateurs d’internet, 76 % vivent dans un pays où des personnes ont été arrêtées ou emprisonnées pour avoir publié des contenus sur des sujets sensibles comme la politique ou le religieux.
  • Cette stratégie de blocage du contenu fait partie d’une volonté de ces États de fragmenter l’internet mondial pour créer des espaces numériques plus contrôlables, alors que 64 % des utilisateurs d’internet dans le monde vivent dans un pays où le contenu politique et religieux sensible est bloqué.

L’environnement en ligne déjà restrictif en Russie s’est détérioré de façon spectaculaire depuis le début de l’invasion militaire de l’Ukraine.

  • Le gouvernement russe a pris des mesures pour bloquer les principaux réseaux sociaux, notamment Facebook, Instagram et Twitter, et a infligé des amendes massives à d’autres plateformes qui refusaient de retirer du contenu et de localiser les données des utilisateurs.
  • Le Kremlin a également restreint l’accès à plus de 5 000 sites web depuis le lancement de l’invasion, y compris à des sites d’information ukrainiens et étrangers ainsi que des sites d’information nationaux qui offraient une couverture précise de la guerre.

Pour la huitième année d’affilée, la Chine arrive dernière en termes de liberté sur Internet, toujours contrôlée par le Grand Firewall mis en place en 2003.

  • Cette censure s’est intensifiée pendant les Jeux olympiques de Pékin et après le scandale causé par l’affaire de la tenniswoman Peng Shuai, qui a accusé un haut responsable du PCC d’agression sexuelle.
  • Le gouvernement a continué à renforcer son contrôle sur le secteur technologique, notamment par le biais de nouvelles règles qui obligent les plateformes numériques à utiliser leurs algorithmes pour s’aligner sur le système de modération de contenu de la « Pensée Xi Jinping » — l’idéologie officielle de l’actuel dirigeant du PCC.