Depuis la mise en place des sanctions américaines, principalement sous le mandat de Donald Trump, le chiffre d’affaires de Huawei a diminué significativement.

  • Après des années de croissance ininterrompue, le chiffre d’affaires de Huawei s’est effondré de près de 30 % en 2021 par rapport à l’année précédente.
  • Les bénéfices ont chuté de 67 % lors du premier trimestre 2022, comparé à la même période l’année dernière.

Cette trajectoire s’explique par des facteurs géopolitiques, à commencer par les conséquences des mesures de restrictions du réseau mobile 5G de Huawei sur tout le territoire étasunien.

  • Ces décisions, qui ont perduré malgré les changements d’administration, d’inscrivent dans le consensus partagé au sein de l’establishment américain : Huawei constitue un risque pour la sécurité nationale du pays. 
  • La société est sur la liste des 20 entreprises chinoises qui seraient contrôlées par l’Armée populaire de libération1.
  • Le gouvernement américain a donc interdit à Huawei d’acheter toute une série de composants importés, notamment les puces de Qualcomm Inc., et a exhorté ses alliés à faire de même, proclamant que l’équipement de la compagnie chinoise et son réseau 5G pourraient être utilisés pour de l’espionnage.

De manière générale, les marchés des alliés américains ont été relativement sensibles à ces arguments.

  • L’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Suède ont suivi Washington en interdisant totalement la vente des appareils Huawei. En Grande-Bretagne, de nouvelles règles obligent les opérateurs à retirer toute technologie Huawei des systèmes 5G publics d’ici 2027. 
  • D’autres pays ont des positions plus nuancées. La France a demandé aux opérateurs de retirer les équipements Huawei de plusieurs parties de leurs réseaux alors que le Japon a signalé que l’entreprise n’était pas la bienvenue.

À l’inverse, les pays en développement semblent toujours prêts à accueillir des infrastructures de télécommunication construites par Huawei. 

  • Dans le cadre de l’initiative de la Nouvelle route de la soie, Huawei joue un rôle clef pour le Parti communiste chinoise, alors que l’entreprise construit une grande partie des réseaux de télécommunications en Asie et en Afrique. 
  • L’entreprise fournit des réseaux 5G en Indonésie, en Arabie Saoudite, en Afrique du Sud et en Turquie. Le Brésil, un autre marché potentiellement important, a fait volte-face mais ne semble pas prêt à émettre une interdiction. 
  • Les dirigeants de Huawei déclarent avoir signé plus de 5 000 contrats commerciaux 5G dans le monde, allant du déploiement complet de réseaux 5G pour les transporteurs nationaux à la mise à niveau des réseaux dans les ports.

La dynamique de sanctions américaines à l’égard des technologies chinoises ne semble pas prête de s’arrêter — et ce quel que soit le résultat des midterms du 8 novembre.

  • Ce mois-ci, l’administration Biden a annoncé de nouvelles restrictions qui nuiront directement à plus d’entreprises chinoises opérant dans des domaines stratégiques, comme l’intelligence artificielle et les supercalculateurs.
  • Un certain nombre d’entreprises chinoises, de laboratoires de recherche gouvernementaux et d’autres entités devraient faire l’objet de restrictions similaires.
Sources
  1. Tony Capaccio et Jenny Leonard, « Huawei on List of 20 Chinese Companies That Pentagon Says Are Controlled by People’s Liberation Army », Time, 25 juin 2020.