Poutine dans le texte : le chantage d’un missionnaire armé
Parce que certains points de ce discours abondamment cité méritaient des éclaircissements précis, nous proposons la première traduction commentée du sanglant appel de Poutine à la mobilisation, prononcé ce matin à la télévision.
- Auteur
- Guillaume Lancereau •
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- © Ivan Vodop'janov/Kommersant/Sipa USA
Au 210e jour de guerre en Ukraine, le président de la Fédération de Russie a prononcé aujourd’hui, mercredi 21 septembre, une allocution télévisuelle annonçant la mobilisation partielle de la population. Ce discours, dont nous proposons ici la première traduction intégrale, a été immédiatement commenté de Washington à Pékin, mais certains points méritent de plus amples éclaircissements.
Selon des sources proches du Kremlin, ce processus de mobilisation pris en charge par les gouverneurs des régions russes serait régi par un algorithme déterminant les personnes appelées à se rendre dans les commissariats militaires (voenkomaty). Cette mobilisation pourrait par ailleurs constituer, pour le Kremlin, un moyen de pallier le manque de personnel dans les administrations militaro-civiles des régions occupées. Selon le discours de Vladimir Poutine, les personnes concernées ne devraient être que les réservistes, les citoyens ayant une profession militaire ou une expérience du combat, auxquels le régime garantirait toutes les formes de protection sociale et de soutien financier dont bénéficient actuellement les combattants enrôlés sous contrat. Ainsi, selon une déclaration de Sergej Šojgu, ministre de la Défense russe, la mobilisation ne devrait concerner que 300 000 réservistes sur les 25 millions de personnes potentiellement mobilisables.
On comprend aisément, dans ces conditions, l’angoisse qui paralyse une partie considérable de la population russe, à l’idée de voir un père, un frère, un ami partir sur un front dont chacun sait que le pouvoir russe minimise les pertes au sein de ses troupes. Certains opposants se sont d’ailleurs empressés de détourner le slogan de « mobilizacija » (mobilisation) en « mogilizacija », formé sur le mot mogila, « tombeau » ou « cimetière ». L’attention internationale est suspendue aux réactions de cette population qui organise d’ores et déjà des rassemblements contre la mobilisation partielle dans une série de villes, dont Irkutsk, Jakutsk et Tomsk, tandis que la presse d’opposition dresse la liste des pays dans lesquels les citoyens russes bénéficiant d’un passeport peuvent fuir dans les plus brefs délais. On peut surtout craindre, dans ce contexte, de voir se déchaîner la spirale répressive à l’œuvre ces dernières années et, avec une force redoublée, ces derniers mois. Le bureau du procureur de Moscou a mis en garde contre la diffusion d’appels à participer à des rassemblements et menacé les personnes qui s’en rendraient coupables de peines allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.
Chers amis,
L’objet de mon intervention est la situation dans le Donbass et le déroulement de l’opération militaire spéciale visant à le libérer du régime néo-nazi qui s’est emparé du pouvoir en Ukraine en 2014 à la suite d’un coup d’État militaire.
Aujourd’hui, je m’adresse à vous, à tous les citoyens de notre pays, aux personnes de toutes générations, tous âges et toutes nationalités, au peuple de notre Patrie, à tous ceux que réunit la grande Russie historique, aux soldats et aux officiers, aux volontaires qui combattent en ce moment sur les lignes de front, fidèles à leur poste, à nos frères et nos sœurs, les habitants des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, des districts de Kherson et de Zaporojie, et des autres régions émancipées du régime néo-nazi.
L’enjeu consiste à adopter les mesures les plus urgentes et indispensables pour préserver la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie et appuyer le souhait et la détermination de nos compatriotes du Donbass à définir leurs destinées propres et à contrecarrer la politique agressive de certaines élites occidentales qui, soucieuses de maintenir leur domination par tous les moyens, s’efforcent d’entraver, d’écraser tout centre de développement autonome et souverain, afin de continuer à imposer brutalement leur volonté à d’autres peuples et d’autres pays, en leur inculquant leurs pseudo-valeurs.
L’ambition de cet Occident est d’affaiblir, de diviser et, finalement, d’anéantir notre pays. Ces Occidentaux affirment déjà en toute transparence qu’ils sont parvenus à briser l’Union soviétique en 1991 et qu’il est maintenant temps pour la Russie elle-même d’être désintégrée en une multitude de régions et de districts qui se livreraient une lutte à mort.
Cela fait déjà bien longtemps qu’ils fomentent ces plans. Ils ont encouragé des bandes de terroristes internationaux dans le Caucase et poussé les infrastructures offensives de l’OTAN jusqu’à nos frontières. Ils ont fait de la russophobie la plus absolue leur arme de choix, notamment en alimentant pendant des décennies des haines ciblant la Russie, surtout en territoire ukrainien. C’est à ce pays qu’ils ont assigné le rôle de tête-de-pont antirusse, en transformant le peuple ukrainien lui-même en chair à canon et en l’incitant à la guerre contre notre pays jusqu’à son déclenchement en 2014, en retournant les forces armées contre les civils, en recourant au génocide, au blocus, à la terreur contre les populations qui refusaient de reconnaître le gouvernement au pouvoir depuis le coup d’État.
Désormais que le régime en place à Kiev rejette publiquement toute option de résolution pacifique du problème du Donbass et qu’il entend de surcroît revendiquer l’arme atomique, il est absolument clair qu’une nouvelle agression à grande échelle contre le Donbass, comme cela s’est déjà produit par deux fois, est inévitable, et que s’ensuivrait tout aussi inévitablement une attaque contre la Crimée russe, c’est-à-dire contre la Russie.
Digne héritier d’un nationaliste ukrainien comme Stepan Bandera, qui collabora activement avec l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir en place à Kiev depuis 2014, entièrement converti au « néo-nazisme », se serait rendu coupable d’un véritable « génocide » dans le Donbass. Cette Ukraine ne serait qu’un pantin au service de l’« Occident collectif » qui l’aurait érigée en « anti-Russie », variante poutinienne de l’antéchrist, afin de démembrer ce pays haï depuis toujours. L’Occident aurait pour seul rêve de dépecer, écraser, démembrer la Russie – c’est pourtant un citoyen russe, le professeur Alexandre Etkind, qui formulait récemment l’une des propositions les plus notables de « défédéralisation » de la Fédération de Russie. Comme dans ses discours précédents, dont celui du 24 février, le président russe se replie derrière l’idée d’une légitimité historique et morale supérieure en soutenant que sa décision est « nécessaire », qu’elle est la « seule possible », l’unique posture défendable.
Dans ces conditions, la décision d’entreprendre une opération militaire préventive était absolument nécessaire, la seule option possible. Son objectif essentiel était la libération de l’ensemble du territoire du Donbass et il demeure inchangé.
La République populaire de Lougansk a d’ores et déjà été presque intégralement épurée des néo-nazis. Les combats se poursuivent dans la République populaire de Donetsk où, pendant huit ans, le régime d’occupation de Kiev a créé une ligne profondément échelonnée de fortifications permanentes. Les attaquer de front engendrerait des pertes sévères : c’est pourquoi nos unités, aux côtés des divisions de la République du Donbass, agissent méthodiquement, adroitement, utilisant des machines de guerre et économisant les vies humaines, pour libérer pas à pas la terre de Donetsk, éliminer les néo-nazis de chaque ville et de chaque village et prêter assistance aux populations dont le régime de Kiev a fait des otages et des boucliers humains.
Comme vous le savez, cette opération militaire spéciale est menée par des militaires professionnels qui servent sous contrat. À leurs côtés combattent des formations de volontaires, des personnes de diverses nationalités, professions et âges, de véritables patriotes, qui sont accourus au secours de la Russie et du Donbass en suivant ce que leur dictait leur cœur.
Dans ces conditions, j’ai déjà donné au ministère de la Défense et au gouvernement l’instruction de statuer intégralement et promptement sur le statut juridique des volontaires et des combattants des unités des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Ce statut doit être identique à celui des militaires de carrière de l’armée russe, notamment sur le plan de l’assurance matérielle et médicale et de la protection sociale. Un soin tout particulier doit être apporté à l’organisation de la fourniture d’équipements et de matériel aux formations volontaires et aux troupes de la milice populaire du Donbass.
Alors qu’elles menaient à bien les principales opérations de défense du Donbass selon les plans et les décisions du ministère de la Défense et de l’état-major d’action stratégique générale, nos troupes ont libéré des néo-nazis des pans entiers des districts de Kherson et de Zaporojie et une série d’autres territoires. La conséquence en a été la création d’une large ligne de front, qui s’étend sur plus de mille kilomètres.
Ce que je souhaiterais vous dire publiquement pour la première fois, c’est que dès le début de l’opération militaire spéciale, y compris au cours des négociations d’Istanbul, les représentants de Kiev ont réagi de manière très positive à nos propositions, qui concernaient en priorité la garantie de la sécurité russe, de nos intérêts. Mais il est évident qu’une solution pacifique ne satisfaisait pas l’Occident. C’est pourquoi, après que certains compromis eussent été atteints, Kiev a en réalité reçu directement l’ordre d’enterrer tous ces accords.
On a commencé à saturer encore davantage l’Ukraine d’armes. Le régime de Kiev a déployé de nouvelles bandes de mercenaires étrangers et de nationalistes, des unités militaires formées aux techniques de l’OTAN et placées, dans les faits, sous le commandement de conseillers occidentaux.
En même temps, le régime de répression mis en place par l’Ukraine, dès le coup d’État militaire de 2014, à l’encontre de ses propres citoyens, a été brutalement intensifié. Cette politique d’intimidation, de terreur, de violence, prend des formes toujours plus massives, horrifiantes et barbares.
Nous savons, je tiens à le souligner, que la majorité des habitants des territoires libérés des néo-nazis, lesquels correspondent essentiellement aux terres historiques de la Novorossija, ne veulent pas se retrouver sous le joug de ce régime. À Zaporojie, à Kherson, à Lougansk et à Donetsk, ils ont vu et voient encore les atrocités commises par ces néo-nazis dans les territoires occupés du district de Kharkov. Les descendants des Bandéristes et des massacreurs nazis assassinent et torturent, jettent en prison et règlent des comptes, brutalisent et persécutent des civils.
En mobilisant le thème de la « Novorossija », la « Nouvelle Russie » qui surgirait de cet « aventurisme géopolitique » (Marlène Laruelle) dans le Donbass, Vladimir Poutine renoue avec l’un des thèmes chers aux nationalistes expansionnistes dont la parole triomphe dans les sphères du pouvoir russe.
Avant le début des hostilités, plus de sept millions et demi de personnes vivaient dans les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk et dans les districts de Zaporojie et Kherson. Beaucoup d’entre elles sont devenues réfugiées, contraintes d’abandonner leur foyer. Quant aux cinq millions environ de personnes qui sont restées, elles sont désormais victimes des tirs permanents d’artillerie et de roquettes des combattants néo-nazis, qui frappent des hôpitaux, des écoles, et multiplient les attaques terroristes contre les civils.
Nous ne pouvons pas, nous n’avons moralement pas le droit de laisser ces gens qui nous sont proches en pâture à leurs bourreaux. Nous ne pouvons pas ignorer leur désir sincère de prendre en main leur propre destinée. Les parlements des Républiques populaires du Donbass et les administrations militaro-civiles de Kherson et Zaporojie ont pris la décision d’organiser des référendums pour déterminer l’avenir de ces territoires et se sont tournés vers nous, vers la Russie, pour soutenir cette démarche.
Je tiens à le souligner : nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir les conditions de sécurité nécessaires à la tenue de ces référendums, afin que ces populations puissent exprimer leur volonté. Nous soutiendrons la décision que prendra la majorité des habitants des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk et des districts de Zaporojie et Kherson quant à son avenir.
La tenue prochaine des référendums dans les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporojie pourrait ainsi constituer une nouvelle étape, en fournissant au régime russe un prétexte pour requalifier en atteinte à sa souveraineté territoriale toute initiative ukrainienne dans ces territoires. Cette mobilisation affolée et ces référendums invraisemblables pourraient, comme le juge le secrétaire d’État britannique à la Défense, n’être qu’un signe d’essoufflement de la guerre en Ukraine, le dernier mot du prophète d’une mission ratée. À moins que cela n’annonce, comme le formulent Volodymyr Zelensky et Aleksei Navalny, de nouvelles noyades des peuples dans le sang.
Chers amis, aujourd’hui, comme je l’ai déjà souligné, nos forces armées sont en action sur une ligne de front qui s’étend sur plus de mille kilomètres. Elles affrontent non seulement les formations néonazies, mais aussi, dans les faits, toute la machinerie militaire de l’Occident collectif.
Dans ces conditions, je considère nécessaire d’adopter la résolution suivante, en adéquation avec les menaces auxquelles nous sommes confrontés : pour défendre notre Patrie, sa souveraineté et son intégrité territoriale, pour assurer la sécurité de notre peuple et des populations des territoires libérés, j’estime indispensable de soutenir la proposition, émise par le ministère de la Défense et l’état-major, d’une mobilisation partielle dans la Fédération de Russie.
Je répète qu’il s’agit précisément d’une mobilisation partielle, ce qui signifie que l’appel au service militaire ne concernera que les citoyens qui font actuellement partie de la réserve, et en priorité ceux qui ont déjà servi dans les Forces Armées, qui possèdent un statut militaire et l’expérience correspondante.
Si le décret prévoit déjà certaines clauses d’exemption ou de report du service (âge, état de santé, peine d’emprisonnement, activités professionnelles stratégiques dans le complexe militaro-industriel russe), la septième clause de ce même décret, qui indique précisément le nombre de personnes devant être mobilisées, n’a pas été rendue publique. De même, la garantie que la mobilisation ne concerne que les réservistes apparaît bien dans le discours de Vladimir Poutine sans figurer dans le décret correspondant, ce qui en fait concrètement une arme à portée beaucoup plus universelle.
Avant d’être envoyées dans les unités, ceux appelés à servir suivront une formation militaire supplémentaire intégrant tous les enseignements de notre opération militaire spéciale.
Le décret sur la mobilisation partielle a été signé. Conformément aux prévisions de la loi, les chambres de l’Assemblée Fédérale – le Conseil de la Fédération et la Douma d’État – en seront officiellement informées par lettre aujourd’hui même.
Les activités de mobilisations commencent dès ce 21 septembre. Je demande aux gouverneurs des régions de fournir toute l’assistance nécessaire au travail des commissariats militaires.
Je voudrais insister tout particulièrement sur le fait que les citoyens russes appelés à servir dans le cadre de cette mobilisation bénéficieront du statut, de la solde et de l’ensemble de la protection sociale des combattants qui servent sous contrat.
J’ajoute que le Décret sur la mobilisation partielle prévoit par ailleurs des mesures complémentaires sur les commandes militaires d’État. Les dirigeants des entreprises du complexe militaro-industriel de la Russie sont directement responsables de l’augmentation de la production d’armes et d’équipements militaires, ainsi que du déploiement de forces de production supplémentaires. Pour ce qui concerne les questions relatives au soutien des entreprises de défense sur le plan matériel, des finances et des ressources, elles doivent être résolues sans délai par le gouvernement.
Chers amis, l’Occident a dépassé toutes les bornes dans son agressive politique antirusse. Nous entendons continûment des menaces à l’adresse de notre pays, de notre peuple. En Occident, des responsables politiques irresponsables ne se contentent plus de parler dans l’abstrait de livraisons à l’Ukraine d’armes offensives à longue portée, de systèmes qui pourraient frapper la Crimée, d’autres régions de la Russie. Des frappes terroristes de ce type, utilisant notamment des armes occidentales, ont déjà eu lieu dans des agglomérations frontalières des districts de Belgorod et de Koursk. L’OTAN réalise une surveillance en temps réel dans l’ensemble du sud de la Russie en mobilisant les équipements les plus modernes : des avions, des navires, des satellites, des drones stratégiques.
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À Washington, à Londres et à Bruxelles, on incite directement Kiev à porter l’action militaire sur notre territoire. On ne se cache même plus pour proclamer que la Russie doit être écrasée sur le champ de bataille par tous les moyens, avec toutes les conséquences que cela aurait : une perte totale de souveraineté, de souveraineté politique, économique et culturelle, et le pillage complet de notre pays.
On a commencé du même coup le chantage nucléaire. Je ne pense pas seulement aux bombardements de la centrale nucléaire de Zaporojie, encouragés par l’Occident, et qui menacent de provoquer une catastrophe atomique, mais aussi aux déclarations de certains hauts représentants des principaux États de l’OTAN sur la faisabilité et la validité de l’usage d’une arme de destruction massive, l’arme nucléaire, contre la Russie.
Je voudrais ici rappeler à tous ceux qui se permettent de telles déclarations que notre pays dispose lui aussi de divers types de ressources militaires, dont certains éléments sont plus avancés que ceux des pays de l’OTAN. En cas de menace de l’intégrité territoriale de notre pays, il va de soi que nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour défendre la Russie et notre peuple. Ce n’est pas du bluff.
De ce discours de Vladimir Poutine, on a essentiellement retenu qu’il laissait, une fois de plus, planer la menace nucléaire, en précisant bien qu’il ne s’agissait pas d’un « coup de bluff ». Sur le fond, il faut souligner à quel point le président russe mobilise pêle-mêle tous les éléments de langage mis en avant depuis son texte de juillet 2021 sur L’unité historique des Russes et des Ukrainiens.
Les citoyens russes peuvent en être sûrs : l’intégrité territoriale de notre Patrie, notre indépendance et notre liberté seront préservées, je le dis une fois encore, par tous les moyens dont nous disposons. Ceux qui tentent de nous soumettre au chantage nucléaire doivent être conscients que la rose des vents peut se retourner dans leur direction.
C’est notre tradition historique, c’est le destin de notre peuple que d’endiguer ceux qui prétendent à la domination mondiale, qui menacent de dissoudre et d’asservir notre Patrie, notre Mère-Patrie. C’est ce que nous allons faire ; c’est ainsi qu’il en sera.
J’ai foi dans votre soutien.