• En raison des arrêts temporaires, puis définitif du gazoduc Nord Stream 1 au début du mois de septembre, la Norvège est devenue le premier fournisseur de gaz naturel de l’Europe. Ses exportations, si elles sont supérieures pour ces dernières semaines à 2021, ne dépassent pas pour autant le maximum de la moyenne des exportations sur la période 2015-2020.
  • Au-delà de ses ventes de gaz, la Norvège a également très largement tiré avantage de l’augmentation du prix du pétrole brut, qui est sa principale source de revenus. En 2021, les deux hydrocarbures cumulés représentaient 60 % de la valeur totale des exportations norvégiennes de biens.
  • Selon les dernières données publiées par le Bureau central des statistiques de Norvège, l’excédent commercial du pays aurait atteint des niveaux sans précédent au cours du deuxième trimestre 2022. Depuis le début de l’année (jusqu’au mois de juin), celui-ci aurait atteint 648 milliards de couronnes norvégiennes (NOK), soit l’équivalent de 63 milliards d’euros.
  • Un problème subsiste toutefois : que faire de cet argent ? Si ces revenus sont les bienvenus — notamment en raison de l’augmentation des dépenses publiques découlant de la politique d’accueil et d’intégration des réfugiés ukrainiens ainsi que du maintien des subventions pour les factures d’électricité des ménages —, ils sont également directement liés à la guerre et à ses conséquences1. Rasmus Hansson, député de l’opposition au parlement norvégien, a notamment qualifié ces revenus liés à la vente d’hydrocarbures de « moralement inacceptables »2.
  • Hansson, comme quelques autres députés, souhaitent que les surplus liés à la vente d’hydrocarbures soient utilisés pour constituer un fonds de solidarité qui serait reversé à l’Ukraine pour la reconstruction du pays. Pour le moment, cette idée ne semble pas faire son chemin parmi l’opposition ou bien le gouvernement d’Oslo.
  • Lors d’un appel avec la présidente de la Commission européenne la semaine dernière, le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a confié être « sceptique quant à l’introduction d’un plafonnement des prix du gaz »3. Pour rappel, cette idée avait été considérée puis finalement abandonnée, au profit d’autres solutions détaillées dans le discours sur l’État de l’Union prononcé mercredi dernier. Lors de celui-ci, von der Leyen avait présenté la Norvège comme « un ami digne de confiance » de l’Union.
Sources
  1.  Stephen Treloar, « Norway Sees Budget Pressured by Welfare, Power Subsidies », Bloomberg, 19 septembre 2022.
  2. Charlie Duxbury, « ‘Selfish’ Norway accused of Ukraine war-profiteering », Politico, 15 septembre 2022.
  3. Further high-level phone call to discuss energy crisis in Europe, Gouvernement norvégien, 12 septembre 2022.