Les opinions publiques européennes à l’épreuve des crises

Dans son étude publiée en mai dernier dans nos colonnes, le chercheur de l’ECFR Pawel Zerka dressait un large tableau des opinions européennes en partant d’un point central : « l’Union européenne semblant avoir bien réagi face à la pandémie […] La confiance du public dans l’UE a largement retrouvé les niveaux observés avant la pandémie ».

Depuis le début de l’année, cette tendance s’est globalement prolongée, avec un taux de confiance dans l’Union européenne en hausse de 2 % par rapport à janvier dernier. D’importantes variations se sont toutefois produites, comme en Estonie où le taux de confiance parmi la population a chuté de 15 points par rapport au dernier sondage. À l’inverse, le Luxembourg (+17 % au cours des six derniers mois) et la Pologne (+11 %) ont connu les hausses les plus importantes¹.

L’information ainsi que le rôle des médias est un facteur essentiel d’intégration européenne, et suit généralement les mêmes tendances que le taux de confiance (exception faite pour l’Estonie). Ainsi, les pays où la population déclare avoir le moins entendu parler de l’Union européenne sont la France (seulement 57 %), les Pays-Bas (59 %) et la Belgique (62 %).

La réponse apportée par l’Union européenne et les gouvernements nationaux est également un bon indicateur permettant d’évaluer le rapport des populations des pays européens aux décisions prises dans leurs capitales et à Bruxelles. Ainsi, globalement, les citoyens européens s’estiment plus satisfaits des réponses apportées par l’Union que par leurs propres gouvernements — d’une faible marge, toutefois².

D’une manière générale, la confiance accordée à l’Union européenne est en hausse depuis 2014, après avoir commencé à drastiquement chuter depuis la crise financière de 2008. Si cette tendance s’est également observée en matière de confiance dans les institutions nationales (Parlement et gouvernement), on observe toutefois qu’un écart semble se creuser depuis 2020 et les conséquences de la pandémie de Covid-19.

Ainsi, le rôle plus prégnant joué par l’Union européenne et ses institutions au cours de la période marquée par des crises profondes qui dure depuis ces trois dernières années semble avoir conduit à conférer une image plus positive de Bruxelles. D’une manière toutefois plus inquiétante, la confiance des citoyens européens accordée à leurs institutions nationales s’est globalement érodée.