La Chine connaît une vague de chaleur inédite

• Cela fait maintenant plus de deux mois qu’une vague de chaleur intense exerce une pression supplémentaire sur un grand nombre de secteurs économiques chinois, dont celui de la production d’énergie. En raison de la baisse des niveaux d’eau dans le bassin du fleuve Yangtsé, la province du Sichuan est contrainte depuis plusieurs jours de rationner l’électricité des villes (l’hydraulique représente 80 % des capacités de production d’électricité de la province).

• Depuis le 15 août, la vague de chaleur que connaît la Chine est officiellement la plus longue jamais observée depuis la mise en place de bulletins météorologiques complets, en 1961. Avec 73 jours, la vague de chaleur de l’été 2022 a dépassé le précédent record de 62 jours établi en 2013¹. Le Sud du pays est la zone la plus touchée. La température la plus élevée en Chine — en-dehors de la région désertique du Xinjiang — a été enregistrée à Chongqing la semaine dernière, avec un pic à 45° C.

Intensity, impact, scale and duration of #China's heatwave this summer has broken all records
It lasted 64 days (as of Aug. 15), with record incidence of temperatures above 40°C. The heat continues
⤵️China Meteorological Administration at https://t.co/9Gkj4RFkMM#StateofClimate pic.twitter.com/FMcA45ieqS

— World Meteorological Organization (@WMO) August 22, 2022

• Les conséquences sur l’économie chinoise se font déjà ressentir. Dans la province du Sichuan, l’usine Toyota a été contrainte par l’administration locale de suspendre ses opérations. À Chengdu, la capitale du Sichuan, c’est Foxconn, le groupe de fabrication de produits électroniques le plus important au monde, qui a également dû fermer son usine pour économiser de l’énergie².

• Tandis que les dernières projections du FMI tablent sur une croissance de seulement 3,3 % en Chine pour l’année 2022 — soit bien en-dessous de la cible de 5,5 % fixée en début d’année par l’administration chinoise —, les conséquences de cette vague de chaleur sur l’économie du pays pourraient conduire à revoir ce scénario à la baisse. Outre le ralentissement voire l’arrêt de lignes de production, les récoltes chinoises pourraient également connaître une année noire dans certaines provinces.

• Selon les données publiées par le ministère chinois de la gestion des urgences, créé en 2018, les pertes économiques liées aux sécheresses du seul mois de juillet s’élèvent à 2,73 milliards de yuans — soit environ 400 millions d’euros. Au moins 2,2 millions d’hectares de terres agricoles auraient été fortement touchés par la sécheresse, nécessitant le versement d’une aide d’urgence du gouvernement chinois à près de 800 000 personnes³. 

• Principalement en raison du mode d’opérabilité du réseau électrique chinois, compliquant le transfert d’énergie entre les provinces, il se pourrait que la Chine cherche à pallier cette pénurie d’énergie en augmentant la production des centrales à charbon — comme un rapport de l’Administration nationale chinoise de l’énergie le suggère⁴. Ce scénario, pourrait avoir des conséquences sur l’objectif fixé par Pékin d’atteinte la neutralité carbone d’ici 2060.