• Mardi 12 juillet, le Mexique s’est néanmoins engagé à dépenser 1,5 milliard de dollars pour renforcer les contrôles à sa frontière avec les États-Unis après une rencontre entre le président mexicain et son homologue américain, Joe Biden, au cours d’une rencontre observée de près. Ce dernier fait face aux critiques des Républicains pour sa gestion de l’immigration sur la frontière sud des États-Unis, alors que les midterms de novembre approchent — qui s’annoncent pour le moment défavorables pour les Démocrates.
  • Si la proportion de Mexicains parmi les immigrés arrivés aux États-Unis déclinait depuis une décennie, elle est repartie à la hausse depuis 2020. Depuis le début de l’année, près de 560 000 Mexicains ont été interceptés à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, ce qui en fait la nationalité la plus représentée parmi les migrants arrivant d’Amérique latine et du Sud 2. Le Mexique a quant à lui retenu deux fois plus de migrants en provenance d’Amérique du Sud sur les six premiers mois de l’année 2022 que lors de l’année 2021.
  • Le président mexicain cherchait de son côté à accroître le nombre de visas délivrés aux ressortissants mexicains souhaitant travailler aux États-Unis. Il avait déclaré en amont de la rencontre : « Il manque des travailleurs aux États-Unis, pourquoi nier cette réalité ? Il y a une pénurie de main d’œuvre et, en même temps, ils [les États-Unis] empêchent les migrants d’entrer…  ». D’après les économistes Ran Abramitzky et Leah Boustan, les immigrés moins qualifiés gravitent vers des emplois pour lesquels il y a relativement peu de concurrence de la part des Américains, comme le travail dans des exploitations agricoles, tandis que les immigrés les plus qualifiés créent des emplois pour les Américains en fondant leurs propres entreprises3.
  • Le président Biden, comme son prédécesseur Trump, mise sur le Mexique pour atténuer la pression migratoire en direction des États-Unis. En 2019, les États-Unis avaient mis en place le «  Remain in Mexico Policy  », une politique consistant à renvoyer les migrants mexicains au sud de la frontière, en attendant que leurs demandes d’asile soient traitées et qu’ils reçoivent une audience aux États-Unis. Après un vote à la Cour suprême fin juin, les 9 Sages ont finalement statué en faveur de la fin de cette politique migratoire, mise en place sous l’administration Trump pour alléger la tension du côté américain de la frontière4.
  • Aujourd’hui, la proportion d’immigrés est de 13,9 % aux États-Unis, et pourrait atteindre 17 % en 2065 selon les projections du Pew Research Center – ce qui reste dans la moyenne, voire au-dessous de la plupart des pays occidentaux5. La structure de cette population évolue depuis plusieurs années puisque la proportion d’immigrés asiatiques — venant en majorité de Chine et d’Inde — devrait bientôt supplanter celle des immigrés originaires d’Amérique Latine6. L’immigration est un enjeu politique crucial aux États-Unis puisque les votes sont fortement marqués par l’ethnicité des électeurs : en 2020, 92 % de la population noire a voté pour Joe Biden, 72 % pour les asiatiques et 59 % pour les hispaniques 7.
Sources
  1. « Mexico to stay neutral on Ukraine, president says ahead of Biden meeting », Reuters, 8 juillet 2022
  2. Mary Beth Sheridan et Ashley Parker, « Mexico’s president meets Biden amid tension over migration, fentanyl », The Washington Post, 12 juillet 2022
  3. Peter Coy, « Why So Many Children of Immigrants Rise to the Top », The New York Times, 11 juillet 2022
  4. Robert Barnes, « Supreme Court clears Biden to end Trump’s ‘Remain in Mexico’ policy », The Washington Post, 30 juin 2022
  5. Philip Connor et Abby Budiman,« Immigrant share in U.S. nears record high but remains below that of many other countries », Pew Research Center, 30 janvier 2019
  6.  D’Vera Cohn,« Future immigration will change the face of America by 2065 », Pew Research Center, 5 octobre 2015.
  7. Ruth Igielnik, Scott Keeter et Hannah Hartig,« Behind Biden’s 2020 Victory », Pew Research Center, 30 juin 2021