• Après que les Danois ont refusé de ratifier le traité de Maastricht par référendum en 1992, le Danemark avait obtenu plusieurs « options de retrait », dont celle sur la politique de sécurité et de défense européenne (PESC) pour permettre la ratification du traité en 1993. Cette option avait été maintenue avec la création de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) lors des négociations sur le traité de Lisbonne en 2007. Le Danemark a d’autres options de retrait notamment sur l’adoption de l’euro, la citoyenneté européenne et la coopération policière et judiciaire en matière pénale. 
  • Néanmoins, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la position danoise a rapidement évolué sur la question de la politique de défense et de sécurité commune. La Première ministre, Mette Frederiksen, a appelé à un sursaut européen en annonçant vouloir consacrer jusqu’à 2 % du PIB à la défense d’ici 2023, tandis que le Danemark n’y consacrait que 1,4 % avant la guerre en Ukraine. 
  • De même, alors que, quelque temps auparavant, Frederiksen affirmait que l’OTAN était la seule organisation de défense nécessaire au Danemark, elle appelle désormais à voter « oui » au référendum pour abolir l’option de retrait danoise sur la PSDC. Néanmoins, le pays reste attaché au partenariat avec les États-Unis, la Première ministre a annoncé en février 2022 que le Danemark autoriserait le stationnement de soldats américains sur son sol, une première pour le pays1.
  • Le 6 mars, cinq grands partis politiques de gauche comme de droite — Social-démocratie, Venstre, Parti populaire socialiste, Parti social-libéral et le Parti populaire conservateur — se sont associés au parti social-démocrate pour approuver les hausses de dépenses militaires, et ont appelé les citoyens danois à renoncer à l’option de retrait lors du référendum d’aujourd’hui2. Dans l’accord commun, il est aussi question de rendre le pays indépendant du gaz russe, alors que Gazprom a annoncé hier suspendre ses livraisons de gaz à certaines entreprises danoises ayant refusé de se soumettre au paiement en roubles3
  • Seuls les partis aux extrémités droite et gauche de l’échiquier politique, à savoir Le Parti populaire danois (droite radicale), La Nouvelle Droite (droite radicale) et la Liste de l’unité (gauche radicale), ont appelé à voter pour le maintien de l’option de retrait4. Le 7 avril, ils ont obtenu que la question posée mentionne bien l’Union européenne et l’option de retrait, deux termes qui étaient absents initialement5.
  • Les sondages laissent présager une majorité de « oui », mais l’abstention pourrait faire basculer le scrutin d’un côté comme de l’autre. Il faut un minimum de 30 % de participation pour que le résultat du référendum soit validé. Par deux fois, les Danois avaient refusé, par référendum, d’abolir leurs options de retrait. En 2000 sur la question de l’euro et en 2015 sur la coopération policière et judiciaire, le « non » l’avait emporté à chaque fois avec 53 % des voix.
  • Au-delà du cas du Danemark, la guerre en Ukraine a bouleversé la vision géopolitique des États scandinaves. La Finlande et la Suède, qui affichaient jusqu’alors une politique de neutralité, sont désormais officiellement candidats à l’adhésion à l’OTAN depuis le 16 mai 2022. Cependant, la Turquie oppose toujours son veto, mettant en avant leur soutien à des organisations kurdes considérées « terroristes » par Ankara, et le soutien à un embargo sur la livraison d’armes à la Turquie en 2019-2020. 6.
Sources
  1. Jacob Gronholt-Pedersen et Stine Jacobsen, « Denmark talks on hosting U.S. troops not triggered by Ukraine crisis-PM », Reuters, 22 février 2022.
  2. Nationalt kompromis om dansk sikkerhedspolitik, 6 mars 2022.
  3. Edmunud Blair, « Gazprom to cut gas supplies to Denmark’s Orsted, Germany via Shell deal », Reuters, 31 mai 2022.
  4. « Vermund og Messerschmidt afviser EU-forsvar : Uklart og håbløst », TV 2, 6 mars 2022
  5.  Anne Klejsgaard Friis, « Ordlyden på stemmesedlen om forsvarsforbeholdet ændres », TV 2 7 avril 2022.
  6. Tuvan Gumrukcu et Anne Kauranen, « Turkey says Nordics must change laws if needed to meet its NATO demands », Reuters, 31 mai 2022