• Le 2022 Financing for Sustainable Development Report est un rapport publié le 12 avril, élaboré par les Nations unies en coopération avec la Banque mondiale, l’OMC et le FMI1. Le document publié à l’issue des premières réunions souligne les dangers posés par l’inflation, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement ainsi que les « graves dysfonctionnements de la sécurité alimentaire mondiale » dans les perspectives de développement international2.
  • Dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, le FMI publiait le 20 avril dernier la mise à jour de ses prévisions de croissance pour l’année 2022, revues à la baisse. Prévues à 4,4 %, les prévisions de croissance mondiale publiées la semaine dernière indiquent un chiffre de 3,6 %. Sans grande surprise compte tenu des sanctions internationales, la Russie est le pays dont la croissance devrait le plus souffrir en avril, avec une chute de 8.5 % de son PIB.
  • Depuis le début du conflit, la Russie a été accusée par plusieurs diplomates et dirigeants de provoquer une crise alimentaire mondiale. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, parle d’un « ouragan de famines » qui pourrait toucher un grand nombre de pays si la guerre se prolongeait, la Russie et l’Ukraine faisant partie des principaux exportateurs mondiaux de céréales3. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a quant à elle récemment déclaré que la hausse des prix des denrées alimentaires pourrait plonger 10 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté au niveau mondial4.
  • En 2021, l’Ukraine a assuré 12 % de la production mondiale de blé, 16 % de celle de maïs, 18 % de celle d’orge et plus de 46 % de celle de graines de tournesol et d’huile. La Russie est quant à elle le premier exportateur mondial de blé. Selon le ministre ukrainien de l’Agriculture, les récoltes pourraient être inférieures « de 25 % à 50 % » par rapport à 2021. La guerre a des conséquences à la fois sur les surfaces agricoles – les régions du Sud étant inaccessibles – et sur la main-d’œuvre, beaucoup d’agriculteurs ayant rejoint l’armée ou la défense territoriale. En ce qui concerne les exportations, une grande partie des ports ukrainiens sont inutilisables du fait de leur occupation par l’armée russe.
  • Selon les dirigeants de la Banque mondiale, du FMI, du Programme alimentaire mondial et de l’OMC : « la hausse des prix des denrées alimentaires est exacerbée par la montée spectaculaire des cours du gaz naturel, qui entre dans la composition des engrais azotés. Conjuguée à une réduction considérable de l’approvisionnement mondial, la flambée des prix des engrais a des conséquences importantes sur la production alimentaire dans la plupart des pays, y compris de grands producteurs et exportateurs, qui sont largement tributaires de l’engrais importé »5. Face à ces pressions inflationnistes, la Banque mondiale a décidé de proposer un nouvel objectif de financement de 170 milliards de dollars sur 15 mois, dont 50 milliards à déployer dans les trois prochains mois6.
  • La dépendance envers les importations de denrées alimentaires en provenance d’Ukraine ou de Russie varie fortement selon les pays. Ainsi, l’Égypte, pays de plus de 100 millions d’habitants, est le premier importateur mondial de blé et importe 50 % de celui en provenance de Russie. La Turquie est le deuxième acheteur en volume des exportations de blé russe, une situation de dépendance ayant entraîné une aggravation de l’inflation annuelle en Turquie, qui a atteint 61,1 % au mois de mars7.
  • En plus des conséquences de la guerre en Ukraine, la hausse progressive des taux décidée par la Réserve fédérale américaine risque d’avoir des conséquences importantes en termes de coût de financement pour les pays en développement, dont la situation budgétaire avait déjà été aggravée par la crise du Covid.