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Key Points
- Toutes les forces russes sont désormais placées sous le seul commandement du district Sud du général Dvornikov.
- Sur le terrain, il existe trois zones d’attente et quatre zones de combat dans cette bataille du Donbass.
- L’infanterie russe continue à faire face à de nombreuses difficultés.
Situation générale
La situation générale évolue peu. Toutes les forces russes sont désormais placées sous le seul commandement du district Sud du général Dvornikov et non plus sous celui de trois districts comme auparavant. C’est une stratégie plus rationnelle, mais il faudra du temps pour réorganiser le commandement et le nouvel état-major doit toute de suite gérer sept zones différentes de combat, tout en recherchant – outre la prise de Marioupol – une victoire nette dans le Donbass avant le début du mois de mai. Il n’est pas du tout évident qu’il y parvienne.
Hormis quelques contre-attaques locales, la posture ukrainienne est nécessairement défensive pour le moment, en attendant l’offensive russe dans le Donbass, quitte à reprendre l’initiative si celle-ci échoue.
Trois zones d’attente en périphérie du front principal
Zone de Kherson et Sud-Ouest
La 49e Armée russe commande un ensemble disparate avec ce qui reste de la 20e Division motorisée (DM), de la 7e Division aéroportée (DA), de la 11e Brigade d’assaut aérien et de trois brigades indépendantes, soit une dizaine de groupements tactiques interarmes (GTIA), face à 4 brigades régulières ukrainiennes et plusieurs unités Garde nationale/Territoriale (GN/T). Situation d’équilibre autour de Kherson et du Dniepr.
Ligne de Zaporijjia à la république séparatiste de Donetsk
Les forces russes alignent trois régiments affaiblis composés des 19, 42 et 150e DM et d’une brigade indépendante, sous le commandement de la 58e Armée. En face, côté ukrainien, on trouve deux brigades régulières et deux brigades GN/T. On reste sur un front de fixation, sans combat important pour l’instant.
Région de Kharkiv
La 6e armée, forte de trois brigades indépendantes et de deux régiments de la 47e DB – soit guère plus de 5 GTIA au total – fixe les forces ukrainiennes dans la ville en la menaçant et en la maintenant sous des tirs d’artillerie. Elle couvre le déploiement des forces russes dans la région d’Yzium via Belgorod. Kharkiv est tenue par trois brigades GN/T, accompagnées par des forces de police et une division de défense anti-aérienne.
Quatre zones de combat
Région d’Yzium
On observe une concentration du corps de manœuvre sur l’axe M03. On y recense la 106e DA avec deux régiments et huits régiments blindés/mécanisées, mais aussi les unités appartenant à quatre divisions différentes (2e, 3e et 47e DM et 4e division blindée). L’ensemble, d’une valeur de 10 à 15 GTIA, est sans doute sous le commandement général de la 1ère Armée blindée de la garde (ABG).
La 35e Armée, venue de Kiev est présente en arrière dans la région de Vélykyi avec le Bataillon de mobilité réduite (BMR). D’’autres unités suivront peut-être afin de constituer une réserve susceptible de renforcer toutes les zones de combat du Nord.
Toute la zone de Kharkiv-Yzioum est tenue par six brigades ukrainiennes dont deux (81e et 95e Brigade d’assaut aérien, BAA) font directement face à Yzium, où les Russes consolident leurs positions.
En arrière, la conurbation Sloviansk-Kramatorsk est solidement tenue et renforcée quotidiennement par la GN/T, susceptible d’être renforcée par une ou deux brigades régulières. Même encerclée, elle avoir une capacité de résistance équivalente à celle de Marioupol.
Région de Severodonetsk
Le saillant est défendu par les forces GN/T et la 79e BAA. Il est attaqué par deux régiments de la 4e DB, une brigade indépendante de la 5e Armée et le 6e régiment du 2e Corps d’armée de la république séparatiste de Lougansk, soit un équivalent de quatre à huit GTIA. Les forces russes ne progressent pas. Au Sud-Est du saillant, la ville de Popasna est attaquée, pour l’instant sans succès, par le 4e régiment du 2e Corps d’armée de la république séparatiste de Lougansk contre la 24e brigade mécanisée.
Région de Donetsk
Le 1er Corps d’armée de la république séparatiste de Donetsk est renforcé par une brigade russe de la 5e armée et par la 155e Brigade d’infanterie navale. Son objectif semble être la ville de Poprosk avec l’intention d’effectuer ensuite la jonction avec les forces venues d’Yzium, Ensuite, il faudra encercler les forces ukrainiennes à l’intérieur de la poche ou au moins de les forcer à l’évacuer. C’est une manœuvre d’autant plus difficile à réaliser que même si elle réussit, il faudra tenir ensuite une ligne de 100 km face au harcèlement et aux contre-attaques ukrainiennes.
Marioupol
On recense des accusations d’emploi d’armes chimiques – lacrymogènes et/ou suffocants sans doute – le 11 avril pour déloger les défenseurs de l’usine métallurgique Azovstal sur le port. Les déclarations sont contradictoires sur la situation dans la ville , avec un vrai ou faux message de la 36e brigade d’infanterie navale russe annonçant la fin de la bataille. La ville devrait tomber rapidement, mais les forces russes ne seront sans doute pas aptes à reprendre le combat.
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Théorie : la section d’infanterie russe
L’infanterie mécanisée/motorisée débarquée est une des principales faiblesses de l’armée russe, tant en volume global qu’en qualité. En privilégiant le nombre de sections sur sa puissance propre et à l’intérieur des sections les véhicules (en particulier leur puissance de feu et leur petite taille) sur les hommes à l’intérieur, on aboutit à une section réduite à trois véhicules et 29 hommes dont 23 seulement débarqués.
Le groupe de commandement est réduit à sa plus simple expression : un lieutenant et un sous-officier adjoint. Chacun des trois petits groupes débarqués est composé d’un sergent et de trois binômes (mitrailleur PKM et assistant, grenadier et assistant, deux fusiliers).
La première faiblesse porte sur les véhicules, BMP 2/3 ou BRT 8 qui sont remplis à plein. Si l’un est endommagé ou en panne, il n’y a aucun moyen de répartir les hommes à bord dans les autres véhicules. S’il est détruit, c’est un tiers de la capacité de la section qui est perdue. Dans une section à quatre pions, perdre un véhicule n’empêche pas de manœuvrer, alors qu’à trois pions c’est beaucoup plus handicapant.
Outre que l’on sort souvent fatigué de chaque déplacement inconfortable, surtout en tout terrain, la faible contenance fait que le chef de section et l’adjoint doivent s’ajouter aux groupes comme chefs de bord. La section se reconstitue après en débarquant.
Le groupe de combat russe ne manœuvre pas. Les trois chefs de groupe de la section (dont deux n’étant pas chefs de bord découvrent ce qui se passe en débarquant) ne sont pas formés pour agir de manière autonome. Le groupe n’est pas articulé pour manœuvrer mais simplement servir de base de feu antipersonnel et antichar. C’est la section russe seule qui manœuvre sous les ordres d’un lieutenant qui n’a pas d’opérateur radio et doit gérer le commandement de toute la section (trois groupes et trois véhicules, il est vrai souvent laissés à l’adjoint) avec le réseau radio dans les oreilles. Au total, tout cela est difficile et la manœuvre est limitée, avec une section très groupée sur un petit espace. Là encore avec un faible effectif, quelques pertes suffisent à réduire très vite l’efficacité d’ensemble et si le chef de section est neutralisé, la section est paralysée.
Avec seulement neuf sections, parfois six, aussi rigides pour assurer toutes les missions de protection, d’accompagnement ou de reconnaissance dans un GTIA, on comprend pourquoi ceux-ci ont autant de difficultés, surtout en milieu urbain.