À Malte, les Travaillistes réélus malgré les affaires

Samedi 26 mars, 355 000 Maltaises et Maltais étaient appelés aux urnes pour renouveler la Chambre des représentants, le parlement unicaméral du pays.

  • Le Parti travailliste (PL, S&D) du premier ministre sortant Robert Abela a remporté largement les élections générales maltaises qui se sont tenues ce samedi, obtenant 55,2 % des voix (+0,3 pp) et 38 sièges (+1). Robert Abela avait accédé à la tête de l’exécutif en 2020 après le retrait de Joseph Muscat (PL). La précédente législature avait été marquée par des accusations de corruption envers le PL et son chef, culminant avec l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia – figure-clef de la révélation de ces affaires – quelques mois après l’élection de 2017.
  • L’autre grand parti, le Parti nationaliste (PN, PPE), formation de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, obtient 41,7 % des voix et 29 sièges. En 2017, l’alliance du PN avec le petit Parti démocratique (PD, RE) avait obtenu 28 sièges pour 43,3 % des voix. La tête de liste du PN, Robert Grech, particulièrement virulent vis-à-vis des travaillistes, n’a pas su produire l’alternance. Il a toutefois été largement réélu au parlement, et n’a pas à ce stade de concurrent direct au sein de son parti.
  • L’élection a conforté le bipartisme strict qui prévaut à Malte depuis l’indépendance : les deux seuls sièges obtenus par un parti tiers, le PD, suite à son alliance avec le PN en 2017, ont de nouveau été perdus. Le troisième parti du pays se présentait cette fois au sein de l’ADPD (Verts/ALE), formation issue de la fusion du PD avec le parti vert Alternative démocratique (AD, Verts/ALE). Il n’a obtenu qu’1,6 % des voix (4747 au total), soit le double de son score de 2013. Aucun des trois autres partis en compétition (le « Parti populaire » national-conservateur, le parti chrétien ABBA et les eurofédéralistes de Volt Malte) n’a recueilli plus de 0,5 % des suffrages (environ 1500 voix).
  • Malgré les affaires, rien ne semble pouvoir éroder la domination politique du Parti travailliste. Si les manifestations massives ayant suivi l’assassinat de Daphne Caruana Galizia ont bien abouti à la démission de Joseph Muscat au cours de la législature passée, les travaillistes commencent finalement la législature suivante par un gain d’un siège. Robert Abela a prêté serment comme premier ministre ce lundi sous les applaudissements d’une foule nombreuse.
  • Le taux de participation, s’élevant à 85,6 % (-6,4 pp), est historiquement bas. Même si le vote n’est pas obligatoire à Malte, plus de 90 % voire 95 % des électeurs se rendaient traditionnellement aux urnes lors des élections générales organisées dans l’archipel. Mais les affaires pourraient avoir entamé cette confiance.

En Sarre, l’historique majorité absolue des sociaux-démocrates

Dimanche 27 mars, on votait également en Sarre, Land d’environ un million d’habitants aux frontières de la France et du Luxembourg.

  • Les élections régionales en Sarre du 27 mars 2022 ont un vainqueur incontestable : le Parti social démocrate d’Allemagne (SPD, S&D) a obtenu la majorité absolue des sièges au nouveau Landtag et peut désormais gouverner seul. Avec environ 43,5 % (+14 pp) des voix, il a obtenu un résultat historique, dû avant tout de la popularité personnelle de sa tête de liste, Anke Rehlinger, ministre de l’Économie de l’actuelle Grande coalition CDU-SPD.
  • Tous les autres partis sont en recul : l’Union chrétienne-démocrate (CDU, PPE), toujours dirigée par le ministre-président Tobias Hans, a perdu 12,2 points de pourcentage et se retrouve en deuxième position, loin derrière le SPD, avec seulement 28,5 % des voix. Le ministre-président sortant semble avoir effrayé de nombreux électeurs avec sa ligne changeante durant la pandémie de Covid-19. Hans a annoncé vouloir en tirer des conséquences personnelles.
  • L’Alternative pour l’Allemagne (AfD, ID) est le seul « petit parti » à se maintenir au parlement régional avec 5,7 % (-0,5 pp). Selon le président du groupe AfD, Bernd Baumann, la mise sous observation du parti par l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (Verfassungsschutz, renseignements intérieurs) pourrait avoir coûté des voix au parti.
  • Les Verts (Verts/ALE) et le Parti démocratique libre (FDP, RE) ont manqué de peu l’entrée au Landtag avec respectivement 4,99 % (+1 pp) et 4,8 % (+1,5 pp), mais ont pu gagner des voix. Selon les résultats finaux provisoires, il manquait seulement 23 voix aux Verts pour entrer au Landtag. Le résultat final officiel n’est pas encore disponible. 
  • Die Linke (GUE/NGL) a perdu plus de 10 points de pourcentage et n’a obtenu que 2,6 %. Le départ d’Oskar Lafontaine, l’ancien ministre-président de la Sarre, en conflit avec sa direction, a probablement ébranlé la confiance dans la section régionale du parti.

Nota bene. Le dimanche 3 avril, la Hongrie et la Serbie renouvelleront à leur tour leurs parlements.

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© Enrique Íñiguez Rodríguez (CC-BY-SA)