Dimanche 3 avril, des élections législatives ont eu lieu en Hongrie. Voici 5 points clés pour une analyse rapide des résultats. 

  • Le Premier ministre sortant, Viktor Orbán, a remporté une victoire remarquée lors des élections législatives de ce dimanche. Avec 51,3 % des suffrages (2 735 383 voix), son parti, le Fidesz, a obtenu 135 des 199 sièges de l’Assemblée nationale, assurant ainsi à Orbán son quatrième mandat consécutif depuis 2010. Bien qu’il ait toujours fait figure de favori, l’ampleur de l’écart avec ses challengers a créé la surprise. 
  • L’opposition, pour la première fois réunie au sein d’une large coalition de 6 partis – allant du Jobbik, parti de droite radicale, aux Verts et aux socialistes – pensait avoir de réelles chances de l’emporter. En effet, les sondages prévoyaient une course serrée (50 % pour le Fidesz et 45 % pour l’opposition) ; mais la coalition dirigée par Péter Márki-Zay, le maire conservateur de la petite ville de Hódmezővásárhely, n’a finalement atteint que 35 % des suffrages (1 804 995 voix), obtenant 56 sièges au total.  
  • La diversité de la coalition et le manque de notoriété relatif de la tête de liste issue des primaires sont probablement parmi les causes de cette contre-performances. Plusieurs observateurs ont toutefois déploré des opérations de gerrymandering, un financement non transparent des campagnes et un fort contrôle des médias par le parti au pouvoir, qui auraient nui à l’équité des élections. En 2018 déjà, le comité de suivi de l’OSCE avait qualifié les élections hongroises de « libres mais pas équitables ». L’élection de dimanche était la deuxième à l’occasion de laquelle un pays de l’UE était soumis à de telles procédures de surveillance. 
  • La campagne électorale a principalement tourné autour du thème de la guerre en Ukraine. Malgré son soutien aux sanctions de l’UE contre la Russie, Orbán a exprimé son opposition à une implication militaire directe en Ukraine et n’a pas réussi à se distancier sans équivoque de son allié Vladimir Poutine. Il était attendu que de telles positions, qui ont brisé l’unité le groupe de Visegrád, pourraient être suffisamment controversées pour faire baisser le taux de popularité d’Orbán en Hongrie. Au lieu de cela, le Premier ministre a réussi à se présenter comme un promoteur de la paix et de la stabilité en des temps incertains, en politisant à nouveau la question de la migration.  
  • Depuis son accession au pouvoir, Orbán s’est heurté à plusieurs reprises à l’UE pour de prétendues violations de l’État de droit, des droits civils et des libertés fondamentales. Ni la décision de l’UE de déclencher les procédures de sanction de l’art. 7 en 2018, ni la rétention partielle des fonds de relance destinés à lutter contre la pandémie n’ont eu d’impact substantiel sur les positions d’Orbán. Sa reconduction au pouvoir est de nature à perpétuer les tensions concernant l’état de la démocratie dans l’UE.  

Nota bene. Le même jour, un référendum a été organisé pour se prononcer sur une loi particulièrement controversée du Parlement hongrois qui interdit d’aborder les questions LGBT+ dans les écoles. Malgré son potentiel de mobilisation des électeurs les plus conservateurs le jour du scrutin, le référendum n’a pas atteint le seuil requis.