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Key Points
- Il semble que les Russes aient compris que le siège de Kiev serait une campagne de longue durée et portent plutôt leurs efforts à court terme sur la région du Donbass.
- On compte une trentaine de villes de la taille Grozny – ville tchétchene prise en six semaines de combat urbain en 1999 par l’armée russe – en Ukraine, pour une armée russe qui n’a visiblement guère progressé dans le combat urbain depuis la seconde guerre de Tchétchénie.
- Une question demeure : pourquoi y a-t-il 200 véhicules abandonnés ou capturés, alors que les forces ukrainiennes tiennent le terrain ?
La version d’hier est disponible ici. L’archive des analyses quotidiennes de Michel Goya est disponible à ce lien.
Situation générale
Peu de changements sont à noter dans les dernières vingt-quatre heures. Il semble que les Russes aient compris que le siège de Kiev serait une campagne de longue durée et portent plutôt leurs efforts à court terme sur la région du Donbass.
Situations par zone
Zone Nord-Ouest
On assiste à des mouvements sur la frontière biélorusse et à des opérations de reconnaissance de drones russes. Les capacités de manœuvre russo-biélorusses semblent limitées, mais peut-être s’agit-il de fixer des forces ukrainiennes dans la région. Les reconnaissances accompagnent sans doute la campagne de lutte contre les flux d’approvisionnements.
Zone de Kiev
Autour de la capitale, les forces se trouvent dans une situation d’attente avec des combats pour le franchissement de la rivière d’Irpin.
Zone de Kharkiv
De violents combats se déroulent dans les rues. La reconquête de la ville par les forces ukrainiennes constituerait leur première victoire « terrain ».
Donbass
Les efforts russes se concentrent sur la zone Izium-Severodonetsk, avec l’espoir de faire craquer l’armée ukrainienne du Donbass. La Russie est dans l’incapacité d’attaquer à Zaporijia. La prise de Marioupol pourrait en revanche dégager des forces pour cette opération.
Zone Sud-Ouest
Les combats sont très indécis à Mykolaev où l’attaque russe semble manquer de mordant, comme en témoigne le repli probable de la 7e Division aéroportée.
Perspectives
Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la république de Tchétchénie, a rendu visite aux forces tchétchènes près de Kiev. Les forces tchétchènes sont aussi présentes autour de Marioupol
Sergey Zavadsky a été tué, ce qui constitue la première perte connue de la société privée russe Wagner.
On attend l’arrivée prévue de mercenaires syriens dans les prochains jours, qui pourraient s’installer d’abord dans les camps d’entraînement à Gomel et Rostov.
On compte une trentaine de villes de la taille Grozny – ville tchétchene prise en six semaines de combat urbain en 1999 par l’armée russe – en Ukraine, pour une armée russe qui n’a visiblement guère progressé dans le combat urbain depuis la seconde guerre de Tchétchénie.
Le printemps et le retour d’une végétation dense sur une partie du pays favoriseront probablement la « guerre de partisans ».
Un premier bilan des pertes matérielles
Les pertes de véhicules russes selon le site oryxspioenkop.com : 1295 (une moitié détruite et une autre capturée) ; 214 chars (environ 10 chars perdus par jour) dont un quart des T-72 B3 et un quart des T-80U ; peu de chars modernes perdus (16 T-90A) ; 399 véhicules de transport/combat d’infanterie blindés chenillés ou à roue dont 74 MT-LB, 68 BMP-2 et 37 BTR-80 (là encore beaucoup de matériels anciens rénovés) ; environ 60 BMD perdus, ce qui témoigne de l’implication (et de l’usure probablement) des forces aéroportées (VDV) dont c’est le véhicule de combat.
On évalue à 400 le nombre de camions russes détruits. Combien en ont-ils encore au total ?
Les Russes préfèrent perdre des équipements anciens dont ils ont des stocks énormes, que des hommes.
Les pertes de véhicules ukrainiens : 343 véhicules (la sous-estimation est sans doute plus importante que du côté russe) dont 65 chars (les deux tiers perdus ou abandonnés) et 109 véhicules d’infanterie ainsi que 84 camions. Un rapport de pertes flatteur pour les Ukrainiens, d’autant plus que les véhicules de combat sont souvent encore plus anciens que les équipements russes.
Une question demeure : pourquoi y a-t-il 200 véhicules abandonnés ou capturés, alors que les forces ukrainiennes tiennent le terrain ? S’agit-il de véhicules perdus dans les territoires abandonnés au début de la guerre ? S’agit-il d’un problème logistique ?
Le potentiel de véhicules ukrainiens n’apparaît pas encore trop entamé, là encore les stocks ex-soviétiques sont considérables, le problème réside sans doute surtout dans la logistique autour du carburant et des obus sur la longue durée et bien sûr dans les poches de résistance isolées du Nord-Est. Va-t-on les voir se transformer en zones de partisans à la faveur du printemps ?