• Le contexte politique ayant changé, les conséquences économiques de la guerre en Ukraine sur les économies européennes devraient alimenter les débats sur le bien-fondé de cette “normalisation monétaire”. Dès le 25 février, la BCE a exprimé son soutien aux Ukrainiens mais surtout son application ferme des sanctions européennes contre la Russie. Le conflit pourrait contribuer à une baisse du PIB de la zone euro de 0 et 1 % selon les différents scénarios. 
  • La BCE se trouve ainsi face à un dilemme. Une hausse des taux directeurs de la BCE pourrait freiner l’inflation, tout en ralentissant encore plus la croissance économique, ce qui ferait entrer la zone euro dans une période de “stagflation”. Dans tous les cas, le programme PEPP d’achats de dettes publiques sur les marchés secondaires, mis en place en mars 2020 pour faire face à la pandémie de Covid-19, devrait être arrêté fin mars, mais une hausse des taux directeurs reste incertaine. La BCE pourrait dans le même temps continuer ses autres programmes d’achat de dettes publiques, tel que celui mis en place à partir de janvier 2015 lors de la crise de la dette grecque. 
  • Tout dépendra de l’estimation d’inflation que présentera la BCE lors de la réunion de ce jeudi. Christine Lagarde s’est dite prête à “toute mesure nécessaire” pour assurer la stabilité des prix, sans donner plus d’informations. Une hausse des taux pourrait aussi avoir un effet sur le spread – l’écart entre les taux d’intérêt sur la dette allemande et les taux d’intérêt  sur la dette italienne – en raison du différentiel de dette publique entre les deux pays – 72 % pour l’Allemagne et 160 % pour l’Italie. L’augmentation du spread pourrait ainsi relancer une nouvelle crise des dettes souveraines en Europe.