• Ce sommet avait déjà été annoncé lors du discours d’Emmanuel Macron présentant les objectifs de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) le 9 décembre 2021. Il devait être initialement  consacrée à une éventuelle révision des règles budgétaires européennes. Mais, tel que le président français l’a annoncé la semaine dernière, le sommet devrait finalement porter sur les questions de “d’indépendance énergétique européenne” et  de “défense européenne”. Le président français a aussi déclaré que “l’Europe doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même, en d’autres termes devenir une puissance plus indépendante, plus souveraine.”
  • Le Sommet devrait également traiter la question de l’élargissement de l’Union, alors que trois pays – Ukraine, Moldavie, Géorgie – ont déposé la semaine dernière leur candidature pour intégrer l’Union européenne. Néanmoins, une adhésion “sans délai” pour l’Ukraine ou pour les trois pays en même temps paraît peu probable. Il existe une différence entre les États membres sur le bien-fondé de cet élargissement. Huit pays d’Europe de l’Est – Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, République Tchèque et Bulgarie – sont favorables à une intégration rapide de l’Ukraine. Mais, certains pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas sont plus réticents, estimant que l’Union doit d’abord s’approfondir avant de s’élargir. 
  • Le 9 mars, la Commission européenne a annoncé un élargissement de ses sanctions contre la Biélorussie et la Russie. Comme de nombreuses banques russes déjà sous sanctions (hors secteurs énergétiques), trois banques biélorusses vont être écartées du réseau de messagerie financière SWIFT. Les sanctions individuelles s’appliqueront sur 14 autres oligarques et 146 sénateurs russes. L’Union mettra également en place des mesures relatives au secteur maritime et aux crypto-monnaies afin d’empêcher la Russie de contourner les sanctions européennes. Les États-Unis, moins dépendants des hydrocarbures russes pour leur approvisionnement énergétique, ont annoncé le 8 mars la mise en place d’un embargo sur les importations de pétrole, de gaz et de charbon russe. Depuis plusieurs jours, l’Allemagne – dépendante à 54 % des importations de gaz russe et 42 % des importations de pétrole – s’est dite opposée à une telle mesure au niveau européen. 
  • Pour faire face à l’impact des sanctions sur les économies européennes, les options sur la table seraient un nouvel assouplissement des règles d’aides d’État et du pacte de stabilité, ainsi qu’une possible réaffectation d’une partie du plan de relance.  
  • L’idée de créer un deuxième plan de relance européen, avec un nouvel endettement commun, pourrait être débattue, mais elle est loin de faire consensus. Dans un entretien au Grand Continent, Pascal Lamy plaide pour un nouveau plan de relance  européen car si “les Russes vont être les plus touchés par ces sanctions, l’Union européenne est la plus exposée aux conséquences économiques de celles-ci par rapport au reste du monde, ne serait-ce qu’ à cause de la flambée des prix des énergies fossiles”. Clément Beaune lors du Mardi du Grand Continent du 8 mars a expliqué qu’il ne fallait pas “s’interdire cette option-là”. Le même jour, le ministre allemand des finances allemand s’est pourtant dit opposé à cette idée. 
  • En ce qui concerne, l’indépendance énergétique, les États européens devront se concerter pour diversifier leur approvisionnement. Les institutions européennes ont déjà dévoilé un plan visant à s’affranchir de deux tiers des importations de gaz russes, un objectif deux fois supérieur à celui de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Pour réaliser cet objectif, l’Union devra répondre à trois défis : acheminement, distribution, répartition des coûts. Des économies d’énergies, le développement des énergies renouvelables, la recherche de fournisseurs alternatifs (Azerbaïdjan, Qatar, Algérie, États-Unis) et la construction de terminaux pour le gaz naturel liquéfié en Europe seront des éléments nécessaires dans cette stratégie. 
  • Enfin, sur la question de “l’Europe de la défense”, l’Union a réussi à réagir rapidement et collectivement à l’agression militaire russe, en envoyant de l’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine. De plus, le 27 février dernier, ​​le chancelier Scholz  prononçait devant le Bundestag réuni en session extraordinaire une adresse, annonçant un “changement d’époque” à la fois pour la situation en Europe et pour la politique étrangère de l’Allemagne. Les dépenses militaires de l’Allemagne seront ainsi portées à plus de 2 % du PIB allemand. De même, le Danemark a annoncé l’organisation d’un référendum le 1er juin concernant son opt-out sur la politique de sécurité et de défense commune, ainsi qu’une hausse de son budget de défense de 1,4 % à 2 % de son PIB d’ici 2033.