• Les principaux candidats sont Lee Jae-myung, candidat du parti démocrate (libéral) au pouvoir, et Yoon Seok-youl, candidat du parti conservateur. Les sondages les donnent au coude-à-coude, autour de 40 % d’intentions de vote. Les deux derniers candidats Ahn Cheol-soo (centre) et Sim Sam-jung (centre-gauche) ne dépassent pas la barre des 10 % d’intentions de vote.
  • Élu pour un mandat de cinq ans non-renouvelable en 2017, le président actuel Moon-Jae-in n’a pas réussi à maintenir sa popularité chez les jeunes qui l’avaient en grande partie plébiscité cinq ans auparavant et lui avaient permis de remporter la dernière élection présidentielle.
  • Sur le plan international, le début de son mandat a été marqué par un bref rapprochement avec la Corée du Nord, avec les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang et la rencontre historique avec le dirigeant Nord-Coréen Kim Jong-Un en septembre 2018.
  • Sur le plan interne, les résultats économiques n’ont pas été au rendez-vous, suscitant la déception de la jeunesse sud-coréenne. Selon l’OCDE, en janvier 2021, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) était de 11,9 % contre 3 % pour l’ensemble de la population active. Entre 2020 et 2021, les prix de l’immobilier ont augmenté de 28 %, rendant plus difficile encore l’accès au logement.
  • Le président sud-coréen peut toutefois se targuer d’avoir bien gérer la pandémie de Covid-19 durant son mandat. Fin février 2021, la Corée du Sud était le deuxième pays de l’OCDE – derrière la Nouvelle-Zélande – avec le moins de décès par habitants dus aux Covid . Affectée par le SRAS dans les années 2000, le pays a été un des premiers au monde à mettre en place la stratégie “tester, tracer, isoler”, ce qui lui a permis de ne pas recourir aux confinements généralisés et de voir son PIB dépasser son niveau pré-pandémique dès 2021.
  • Lors des élections municipales d’avril 2021, le parti au pouvoir a perdu au profit des conservateurs plusieurs grandes villes, dont Séoul et Pusan. Cette défaite a été marquée par une baisse de trente points de popularité du parti au pouvoir chez les jeunes.
  • La promesse manquée du Moon-Jae-in de mettre fin aux scandales récurrents de la vie politique sud-coréenne a affaibli davantage le parti libéral. En 2016, les Sud-Coréens avaient manifesté contre la présidente conservatrice Park Geun-hye, citée dans une grande affaire de corruption, ce qui avait abouti à sa destitution. Mais le bilan du parti libéral démontre l’échec de la moralisation de la vie publique promise par Moon-Jae-in. En 2019, le ministre de la justice, Cho Kuk a dû quitter son poste à la suite des affaires de trafic d’influence au profit de sa famille. En 2021, une affaire de délit reliait un promoteur immobilier du secteur public et des députés du parti libéral.
  • Le candidat du parti libéral, Lee Jae-myung, peut encore remporter l’élection. S’il a perdu le soutien de la jeunesse, les personnes âgées peuvent encore faire basculer l’élection. La Corée du Sud est un pays où la population de 51 millions d’habitant vieillit rapidement avec le plus faible taux de fécondité au monde : 0,84 enfants par femme au dernier trimestre de 2020, loin du minimum de 2,1 enfants par femme pour assurer le bon renouvellement des générations.
  • Enfin, la campagne électorale a été marquée par les prises de positions des candidats sur la politique étrangère. Paradoxalement, alors que la Corée du Sud a choisi de s’aligner sur les sanctions américaines et européennes contre la Russie,le candidat du parti au pouvoir a déclaré que Volodymyr Zelensky était un “politicien novice” qui avait « provoqué la Russie en demandant l’adhésion de son pays à l’OTAN”, avant de s’excuser publiquement pour ses propos. De son côté, le candidat conservateur a qualifié les déclarations de son adversaire de « honteuses ». En matière de politique étrangère, l’élection d’un président se démarquant des positions américaines, pourrait avoir une influence sur la stratégie Indo-Pacique des États-Unis et de l’Union européenne dans laquelle la Corée du Sud est un maillon essentiel.