Comment considérez-vous les récentes avancées du dialogue dans la péninsule coréenne ? Ce phénomène est assez contraire à la crise de l’an dernier…

Pour le dire simplement, c’est un changement extrêmement surprenant. Sa portée historique est immense. L’année dernière, la Corée du Nord a fait un essai nucléaire et a lancé un missile de longue portée. A ce moment-là, les Etats-Unis ont envisagé l’option militaire sous couvert de frappes préventives1. Un important renversement a eu lieu depuis et la crise a cédé la place à un climat propice au dialogue.

Après l’incroyable sommet entre la Corée du Nord et les Etats-Unis en juin dernier, nous sommes désormais en mesure de penser ou d’imaginer un changement radical dans le paradigme des relations internationales qui dominent la péninsule coréenne depuis soixante-dix ans. Voilà ce que j’appelle un renversement radical et historique.

Nous devons cependant être prudents : nous sommes seulement à la porte du changement. Nous sommes à la fois enthousiastes, autorisés à espérer et inquiets : il se peut que cette porte restée cadenassée si longtemps ne soit en fait pas ouverte.

Vous avez évoqué la politique de réunion au sommet et remarqué que cette approche “par le haut” pourrait se révéler plus efficace que les stratégies précédentes. Pourquoi donc ?

Si l’on considère la théorie des relations internationales, l’approche libérale2 s’appesantit sur les objectifs, les visions du monde et les initiatives. Elle ne s’intéresse pas à la seule puissance. L’histoire semble avancer lentement. Cependant, elle s’accélère ou se réoriente sous l’effet des objectifs et des initiatives des leaders. Le grand renversement à l’oeuvre dans la péninsule coréenne ne fait que témoigner de cette vérité.
Selon la science politique, il y a parfois de l’affectation ou de l’inertie dans une négociation diplomatique. En effet, on s’y engage parfois dans le seul but de négocier. Et plus une négociation dure, plus elle laisse de la place aux entités ou aux groupes qui défendent leurs intérêts propres. En appliquant le langage de la théorie des jeux à la négociation internationale, on parle de “manipulation de la taille de l’ensemble gagnant”3. Si l’on négocie point par point et en entrant dans les détails, le temps de négociation s’allonge et il n’est parfois pas évident d’arriver à une conclusion. La négociation avec la Corée du Nord ne fait jusqu’ici pas exception. Il existe toujours un groupe de personnes en faveur du maintien d’un certain degré de tension dans la péninsule, en particulier aux Etats-Unis. Ce n’est pas difficile à comprendre quand on sait ce que représente le marché des armements coréens pour leur complexe militaro-industriel.

La politique de réunion au sommet est différente dans la mesure où, en amont de la négociation, les leaders ont confirmé qu’ils avaient pour objectif de trouver une solution et qu’ils en esquissaient les grands traits. C’est très différent de la manière qu’ont les bureaucrates de négocier, du bas vers le haut. Un élan important peut en effet apparaître quand convergent les objectifs des leaders et se développe entre eux une confiance réciproque.

On rapporte que le gouvernement de Moon Jae-in avait établi une stratégie concrète pour la Corée du Nord avant même son arrivée au pouvoir. Des sommets entre les deux Corées ont depuis pris place, de même que le sommet entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Dans quelle mesure le scénario élaboré par le gouvernement de Moon Jae-in est aujourd’hui devenu réalité ?

L’initiative de paix pour la péninsule coréenne du Président Moon4 n’a pas changé depuis sa campagne présidentielle de 2012. Elle est fondée sur ses convictions profondes quant au futur de la péninsule coréenne. Depuis son accession au pouvoir en 2017, il a très sérieusement cherché une solution. Il fait des efforts très sérieux et fait preuve d’une volonté certaine, afin de réaliser sa vision du futur de la péninsule coréenne. Il pense que la division de la péninsule et la confrontation antagoniste ont duré trop longtemps : elles sont un obstacle au développement de l’économie et de la diplomatie de la Corée.

En Corée du Sud, dans le passé, le totalitarisme régnait et la démocratie était écrasée5. C’est la division qui excusait cette férule. D’un point de vue politique, la Corée du Sud est considérée comme une île, ce qu’elle n’est pas géographiquement. Pour qu’elle se développe davantage, elle a besoin d’une percée : il est en effet difficile de trouver de l’énergie dans un enclave politique. La confrontation entre le Sud et le Nord est un mécanisme qui l’a bridée. Celle-ci a été excessivement coûteuse et il y avait un besoin de changement. Seule la pacification de la confrontation entre le Nord et le Sud peut rendre possibles un dialogue, la coexistence pacifique, et le développement intercoréen.

Dans cet ordre d’idée, même si la possibilité d’une paix existe depuis son arrivée au pouvoir, peut-être que le président Moon pense que c’est seulement maintenant qu’il est possible de trouver une solution. Il est très prudent. Il n’a pas changé d’avis et continue de traiter la question de la Corée du Nord avec une extrême précaution, même après la possible percée advenue pendant les Jeux Olympiques de Pyeongchang7. Mais pour arriver à la co-prospérité, il faut d’abord atteindre une coexistence pacifique débarrassée du risque de guerre. Pour rendre possible cette coexistence pacifique, il faut déclarer la fin de la guerre, établir un “système de paix permanent”8 et dénucléariser la péninsule coréenne. Il faut présenter un plan à la Corée du Nord et la conduire à le suivre. Si nous réussissons à donner à la Corée du Nord l’espoir de vivre, nous pouvons l’attirer dans le système d’économie de marché. Une fois que la Corée du Nord sera entrée dans ce réseau de confiance, la dénucléarisation pourra s’accélérer.

Le gouvernement de Moon veut rester aux commandes : pourquoi ? qu’est-ce que cela signifie ?

Nous restons aux commandes car nous sommes trop préoccupés d’abandonner notre destin à autrui. Nous affirmons notre volonté de rester partie prenante dans les affaires de la péninsule coréenne et affirmons que nous en sommes les premiers responsables. La Corée ne peut évidemment pas prendre seule toutes les décisions. C’est tout bonnement impossible au vu de la réalité de la politique internationale. Cependant, a posteriori, nous avons remarqué que le destin de la Corée a été souvent décidé par la concurrence et par le marchandage qu’entretenaient les pays qui lui sont limitrophes. Chaque Coréen est peiné de vivre dans un petit pays. Cependant, quel pays autre que la Corée est plus désireux de régler le problème du programme nucléaire nord-coréen, d’installer la paix dans la péninsule et d’y développer la coprospérité ? Rester un observateur extérieur et passif du processus de paix ne s’accorde pas avec la philosophie du Président Moon. Voilà pourquoi nous restons aux commandes.

Cependant, celui qui est aux commandes ne peut pas tout contrôler. Le conducteur d’une voiture possède en fait trois rôles. Il est initiateur car c’est lui qui choisit la direction et persuade les passagers de le suivre. Il est également un médiateur : il anime la conversation quand les passagers sont gênés ou rechignent à parler entre eux. Enfin, c’est un facilitateur : quand la voiture est bloquée et n’avance pas, il appuie sur l’accélérateur. Je pense que le Président Moon a joué, au moins en partie, son rôle d’initiateur et de médiateur. A un moment donné, il sera en mesure d’accélérer les choses pour que le but commun soit atteint. Cependant, un bon pilote a besoin de bons passagers.

Que pensez-vous du président Kim Jong-un ? Quel est son but ? Quel genre de pays veut-il construire ? De plus, dans quelle mesure la Corée du Nord ouvre-t-elle son système ? Réforme-t-elle son régime si particulier ? Comment Kim se distingue-t-il de son grand-père ou de son père ?

Je pense que le Président Kim a pris une décision audacieuse. Par conséquent, il est sans doute nerveux. Il a choisi le chemin que son grand-père et son père n’ont jamais emprunté. Il fait peut-être l’histoire que son grand-père et son père n’ont jamais initiée. Un pays a pour objectif d’assurer la sécurité et la richesse matérielle de sa population. Le président Kim a hérité des problèmes politiques posés depuis que le régime cherche à s’armer nucléairement. C’est sans doute parce qu’il a conscience de ces problèmes qu’il s’est empressé d’annoncer sa pleine maîtrise de la puissance nucléaire9. Il s’agissait d’une déclaration politique pour montrer que l’un des deux piliers de la politique du Byongjin (“double-poussée”)10 est achevé. Kim peut ainsi se concentrer sur son autre pilier : le développement économique.

Parce que la Corée du Nord a un système particulier, elle a l’avantage de pouvoir être facilement équipée si des décisions rapides et volontaristes sont prises. Le développement économique auquel pense le président Kim reposera sur une économie socialiste intégrant certains éléments de l’économie de marché, comme en Chine et au Vietnam. Singapour peut aussi servir de modèle, dans la mesure où les forces économiques sont mobilisées parallèlement à la centralisation politique.

La différence entre le Président Kim et son père et son grand-père peut s’expliquer par sa jeunesse passée en Suisse. Cela a influencé sa vision du monde. De plus, il a hérité du régime très jeune. C’est aussi un facteur. Il a de nombreuses années devant lui pour gouverner et, structurellement, il lui est très difficile de laisser rapidement sa marque. Cela peut le mettre sous pression. Surtout, le fait que l’opportunité du développement économique soit bloquée par les sanctions11 liées à son programme nucléaire peut instiller chez lui de la souffrance. Ce sont tous ces facteurs qui l’ont poussé à changer de cap.

Pourriez-vous nous en dire plus sur les efforts du gouvernement sud-coréen ?

Le gouvernement coréen et le président Moon Jae-in en personne font un effort titanesque pour que la péninsule coréenne ne soit jamais en guerre. Ils craignent que la précieuse dynamique de dialogue initiée cette année ne s’essouffle. Lorsque les Etats-Unis et la Corée du Nord ont négocié, de nombreux facteurs menaçaient d’affaiblir cet élan. La Corée du Nord et les Etats-Unis se sont largement laissés aller à une méfiance mutuelle. Nous avons pu constater cela, une fois que les négociations ont été laissées au soin des bureaucrates. Dans le gouvernement américain aussi bien que dans les médias, la méfiance à l’égard de la Corée du Nord et l’idée que “le diable ne dort jamais” sont très prégnantes. Il en va à peu près de même en Corée comme au Japon. On peut supposer que la méfiance à l’égard des Etats-Unis doit être très forte en Corée du Nord.

Le gouvernement coréen a fait beaucoup d’efforts jusqu’ici. Cependant, il n’a jamais connu un tel changement de paradigme. Il faut du courage pour se démarquer d’une longue inertie. Il faut de la créativité et, plus encore, des aptitudes face au changement. Si les négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord sont dans l’impasse, la diplomatie de la Corée du Sud redevient nécessaire. Cette dernière est en quelque sorte un facilitateur.

Vous avez parlé du changement de paradigme en Asie du Nord-Est. Qu’est-ce qui représente concrètement un tel changement ?

Il est temps de penser différemment l’Asie du Nord-Est. La péninsule coréenne est comme un baromètre de l’ordre dans cette région. C’est un “point chaud” géopolitique où les intérêts stratégiques des grandes puissances se heurtent, se concurrencent et s’allient. Pendant la période de la guerre froide, l’affrontement dans la péninsule a maintenu l’équilibre des puissances ennemies en Asie du Nord-Est.

Je pense que le changement dans la péninsule coréenne pourrait conduire à une évolution dans la confrontation qui s’est établie au sein de la région au cours des soixante-dix dernières années. Il pourrait ouvrir la voie à une coprospérité comparable à celle de la CECA et de la CEE. J’affirme que nous sommes au seuil d’un changement de paradigme. Le partage des intérêts communs sur le marché fait naître l’espoir d’une coprospérité. Une réaction en chaîne influencera les domaines de la politique, de la société et de la sécurité : elle permettra donc un nouvel ordre plus sûr et plus coopératif. Pour y parvenir, nous ne devons pas isoler la Corée du Nord. Il est dérangeant que la Corée du Nord soit isolée : cela a pour conséquence de déstabiliser toute l’Asie du Nord-Est. Une telle situation est trop coûteuse.

Que pensez-vous du “système de paix” qui doit être instauré dans la péninsule coréenne ? Quel y serait le rôle des États-Unis et de la Chine ?

Le système de paix dans la péninsule coréenne est un cadre institutionnel important qui décidera du succès du changement à l’oeuvre. En général, un système de paix (ou un traité de paix) est une institution qui se construit après la fin d’une guerre. C’est une promesse que le conflit est bien terminé et qu’il sera évité à l’avenir. La déclaration de la fin de la guerre est une déclaration politique et le traité de paix est une institution qui la soutient.
La garantie internationale est au cœur du système de paix de la péninsule coréenne. L’engagement de condamner les actes hostiles (principe de non-agression) et les méthodes pour tenir cet engagement devraient être inclus. C’est ce que la Corée du Nord attend comme garantie de son régime. La gestion de la paix dans la péninsule, la maîtrise des armements, la localisation les zones tampons militaires, etc. : tout cela devrait y être inclus.

Nous discutons pour savoir si trois ou quatre parties doivent déclarer la fin de la guerre. Je pense qu’il devrait y avoir quatre parties à ce traité de paix. Laisser la Chine à l’écart rendra le système de paix peu sûr. La question de savoir si les quatre parties signeront ensemble le traité, ou si les deux Corée signeront le traité et si les Etats-Unis et la Chine l’approuveront, sera décidée en fonction des circonstances. En outre, après la signature du traité, il devrait y avoir établissement de relations diplomatiques entre les États-Unis et la Corée du Nord, entre la Corée du Nord et le Japon. Cela rendra le système de paix plus complet.

Quid des forces américaines en Corée du Sud ? Qu’en pense le président Moon ? Comment affectent-elles les négociations entre la Corée du Nord et les États-Unis ?

La question des forces américaines en Corée du Sud paraît compliquée, mais en réalité, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Premièrement, le retrait des forces américaines ne sera pas un problème une fois les négociations entre la Corée du Nord et les États-Unis engagées. Si la Corée du Nord soulève la question, il est fort probable que la négociation elle-même aboutira à une impasse. Cela aura également un effet négatif sur les relations intercoréennes.

Considérant la sécurité coréenne le président Moon favorise l’alliance avec les Etats-Unis. En ce qui concerne le partage du poids de la défense, il est prêt à négocier à condition que l’alliance elle-même ne soit pas remise en cause. La question du retrait des forces américaines pèse lourdement dans la politique intérieure. Une fois le traité de paix signé, le caractère et le rôle de l’Alliance avec les Etats-Unis pourront être raisonnablement adaptés. Le premier objectif de l’alliance était de dissuader les provocations militaires de la Corée du Nord. Par conséquent, une fois le traité de paix signé, les États-Unis et la Corée devront en discuter. Toutefois, il devrait être entendu que l’alliance ne sera jamais rompue. Peut-être que les forces pacificatrices dans la région évolueront. Peut-être qu’une fois le traité de paix signé, plus que la Corée, ce seront les Etats-Unis qui pourraient avoir besoin de l’alliance…

Que pensez-vous de la politique de réunification du président Moon ?

Certaines personnes ne la comprennent pas. Ils affirment qu’il a mis l’accent sur la coexistence pacifique et qu’il a donc ouvert la voie à un système à deux pays. Il aurait donc abandonné toute politique de réunification. Ce malentendu provient d’une analyse insuffisante de l’initiative du Président Moon dans la péninsule coréenne.

Aujourd’hui, il est irréaliste de croire que la réunification peut se faire en rendant la Corée du Sud communiste ou en la faisant absorber la Corée du Nord. Voilà deux voeux pieux qui pèsent négativement sur les relations intercoréennes. La réunification ne peut arriver qu’au terme d’une procédure pacifique et grâce au droit. C’est la communauté économique de la péninsule coréenne qui en est la condition et qui y conduira. En intégrant la Corée du Nord à l’économie de marché et en développant nos intérêts communs, nous obtiendrons des résultats profitables pour tous. Et la première étape vers la coopération et l’intégration économiques est la coexistence pacifique. Par conséquent, voilà comment je caractériserais la politique de réunification du Président Moon : elle vise à la réunification sans l’évoquer directement.

Sources
  1. Dans la presse anglo-saxonne et internationale, le possible recours par l’administration Trump à des frappes préventives pour faire cesser le programme nucléaire nord-coréen a reçu au début de l’année 2018 le nom de bloody nose strategy.
  2. Pour une rapide présentation du courant libéral qui domine dans le champ des relations internationales depuis la fin des années 1990, on peut consulter : Dufour, Frédérick G. et Jonathan Martineau. « Le moment libéral et sa critique : Pour un retour à l’histoire au-delà du fonctionnalisme. » Études internationales, volume 38, numéro 2, juin 2007, p. 209–227.
  3. Kim Ki-Jung fait ici référence à un célèbre article du politologue Robert Putnam intitulé “Diplomacy and Domestic Politics : The Logic of Two-Level Games”, et paru en 1988 dans le n°42 de la revue International Organization. La thèse de Putnam est qu’il faut envisager les négociations internationales comme un jeu à deux niveaux dans la mesure où la forme et la réussite des accords internationaux seront en partie déterminées par les avantages qu’ils sont susceptibles d’apporter à chacune des parties sur le plan national.
  4. Né en 1953 d’un père réfugié depuis la Corée du Nord vers la Corée du Sud, Moon Jae-in, comme son prédécesseur Roh Moo-hyun (2003 – 2008) qu’il a conseillé pendant tout son mandat, fut à partir de la fin des années 1970 un avocat militant des droits de l’homme et une figure du mouvement démocratique en Corée du Sud. Aux élections présidentielles de 2012, il représente le parti libéral du PDU. Il est battu de peu par son opposante conservatrice, Park Geun-hye, fille de l’ancien dictateur Park Chung-hee. Après la destitution de cette dernière en 2017, il remporte les élections présidentielles anticipées.
  5. À l’exception d’une parenthèse entre 1960 et 1962, la république de la Corée du Sud est un régime autoritaire à partir de 1948 et jusqu’à la fin du XXe siècle. Avant la transition démocratique qui s’amorce dans les années 1980 et qui se concrétise en 1997 avec l’élection à la présidence de Kim Dae-jung, ancien opposant, son histoire politique a notamment été dominée par les figures autoritaires du tenant de de l’Ilminisme Rhee Syngman (au pouvoir de 1948 à 1960) et du militaire Park Chung-hee (au pouvoir de 1962 à 1979).
  6. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pyeongchang, les athlètes de Corée du Nord et de Corée du Sud ont notamment défilé ensemble et sous le drapeau de l’unification coréenne. et poursuivie jusqu’à maintenant.

    Voici résumée l’initiative de paix du Président Moon dans la péninsule coréenne : “Si nous partageons des intérêts sur le marché, nous avons davantage de chances d’éviter la guerre”. C’est le seul chemin vers la co-prospérité. Il a aussi évoqué la nouvelle carte économique de la péninsule coréenne6Cette expression renvoie dans le discours du gouvernement Moon à la création d’un marché unique à l’échelle de la péninsule coréenne, tout en maintenant trois zones économiques distinctes.

  7. Dans l’accord d’octobre 2007 produit lors du deuxième sommet intercoréen, Corée du Sud et Corée du Nord s’engagent à négocier, en collaboration avec la Chine et les États-Unis, « un système de paix permanent » qui permettrait de mettre un terme à la période d’armistice en cours depuis le 27 juillet 1953, date de la fin de la guerre de Corée.
  8. Le 20 avril 2018, devant le Comité central du Parti du Travail, Kim Jong-un a annoncé l’achèvement du “développement nucléaire”de la Corée du Nord. Cette déclaration a été interprétée comme un élément de justification de l’évolution de la stratégie internationale de Kim Jong-un en amont du Sommet inter-coréen de 2018 et du sommet avec Donald Trump.
  9. Tout en restant inscrite dans le cadre du Juche (idéologie isolationniste de l’Etat nord-coréen), la politique du Byongjin adoptée par Kim Jong-un en 2013 s’éloigne de la politique du Songun (“l’armée d’abord”) de son père qui faisait du développement militaire l’objectif principal du régime nord-coréen. Il s’agit désormais de concilier développement nucléaire et développement économique de la Corée du Nord.
  10. Depuis l’échec du cycle de négociations multilatérales de 2005 visant à suspendre le programme nucléaire nord-coréen, différents acteurs de la communauté internationale (ONU, UE) et États maintiennent des sanctions économiques contre la Corée du Nord. Elles ont été renforcées après l’essai nucléaire nord-coréen de février 2016.