Prononcé le 4 octobre 2018 devant le Hudson Institute, important think tank défendant la centralité de l’engagement américain dans le maintien de l’ordre mondial, les “remarques” du vice-président américain Mike Pence “sur la politique chinoise de l’administration Trump” ont surprenamment peu retenu l’attention en France. L’importance de cette allocution, qualifiée de “belliqueuse” par les médias américains comme par les autorités chinoises, est néanmoins certaine. Pour preuve, elle est souvent avancée comme l’une des preuves d’une possible nouvelle “guerre froide” entre Chine et Etats-Unis.

En amont du Mardi du Grand Continent consacré à cette thématique, “Archives et Discours” vous propose la traduction intégrale du discours de Pence, introduite par un commentaire de l’historien Pierre Grosser.


Remarques du Vice-Président concernant la politique de l’administration envers la Chine

“Merci, Ken, pour cette chaleureuse introduction. Chers membres du conseil d’administration, cher Dr Michael Pillsbury, chers invités de marque, chers vous tous qui, fidèles à votre mission en ce lieu, “pensez le futur d’une manière originale” – c’est un honneur d’être de retour à l’Institut Hudson.

Depuis plus d’un demi-siècle, cet Institut s’est consacré à “faire progresser la sécurité, la prospérité et la liberté à l’échelle mondiale”. Et alors même que l’institut Hudson a été accueilli par différentes villes au cours des années, une chose est restée constante : vous avez toujours mis en avant cette vérité vitale, qui est que c’est le leadership américain qui permet d’éclairer la voie.

Et aujourd’hui, puisqu’on parle de leadership, permettez-moi de vous transmettre les salutations d’un grand champion du leadership américain, dans notre pays et à l’étranger : je vous transmets les salutations du 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique, le Président Donald Trump. (Applaudissements)

Un vice-président plus inquiet que va-t-en-guerre froide

Au-delà des perspectives historique, qui témoigne de l’ancrage de représentations anciennes de la Chine aux Etats-Unis, Pence apporte des notes personnelles : il fait notamment de Trump le « grand champion du leadership américain ». Si le président a lui rompu avec ce vocabulaire du leadership, omniprésent depuis les années 1990, Pence l’emploie car il est plus proche du mainstream américain en politique étrangère, notamment des milieux néoconservateurs. Homme des milieux évangélistes, son discours est bien plus empreint par de références religieuses que celui de Trump 1 Le vice-président dénonce la persécution des autorités chinoises à l’égard des chrétiens, des bouddhistes et des musulmans ainsi que l’accord signé par le Pape. Enfin, il fait partie des « pro-Taïwan » : depuis les années 1980, ceux-ci ne présentent plus Taïwan comme île stratégique face à la Chine, mais jouent la carte de la démocratie qu’il faut défendre. Pence reprend la vision américaine traditionnelle que nous avons étudiée plus haut : pour lui, la démocratie à Taiwan doit être un exemple pour le peuple chinois tout entier.

Le discours de Pence est-il une sorte d’équivalent de la doctrine Truman de mars 1947 ? Dans leurs Mémoires, George W. Bush et Condoleezza Rice se sont vantés d’avoir, comme Truman, défini l’ennemi (le terrorisme islamiste), mobilisé pour le combattre et défini une stratégie. C’est plus compliqué pour Pence. Truman n’avait pas nommé l’URSS dans son discours, alors que Pence nomme la Chine explicitement. Certes, il l’accuse de mettre en place un système orwellien de contrôle social, ce qui ramène le débat sur le plan de la lutte entre sociétés ouvertes et libres, et régimes totalitaires. Comme dans la doctrine Truman puis le plan Marshall, il n’est pas question dans le discours de Pence d’enjeux militaires, ni de faire face militairement à l’ennemi. En revanche, le vice-président américain parle d’un possible retour à la normale si la Chine se plie aux demandes américaines, alors qu’il n’était guère question en 1947 de retour à la « Grande Alliance » entre Etats-Unis et URSS. Enfin, la prise de parole de Pence n’a pas pour objectif, derrière un grand discours manichéen, de persuader le Congrès d’apporter de l’aide à des régimes peu recommandables comme ceux de la Grèce et de la Turquie de 1947. Par le truchement de leur vice-président, les Etats-Unis ne parlent d’ailleurs pas ici d’aider des pays face à la « menace » chinoise.

Le discours de Pence fait plutôt penser à ceux des Républicains du début des années 1950, lorsque les Etats-Unis découvraient des affaires d’espionnage et craignaient une « pénétration » soviétique. La Chine est accusée de vouloir influencer les élections par ses sanctions. C’est évidemment, depuis plusieurs mois, une stratégie de l’administration Trump pour détourner l’opinion de l’enquête sur les ingérences russes lors des élections présidentielles de 2016. Mais en réalité, il est normal que ceux qui sanctionnent cherchent à faire le plus de mal possible en ciblant les états où les Républicains peuvent être en difficulté. Cette pénétration d’une Amérique innocente, image déjà présente dans le discours post 11 septembre, se retrouve aussi avec le pillage des secrets technologiques et les pressions sur les libertés. Pence fait écho à la campagne australienne contre les auto-censures (universités, journalistes, cinéma) liées à la puissance chinoise. 2

Dès les débuts de cette administration, le Président Trump a fait de notre relation avec la Chine et son président Xi une priorité. Le 6 avril dernier, le Président Trump a reçu le Président Xi a Mar-a-Lago. Le 8 novembre dernier, le Président Trump s’est rendu à Pékin, où il a été chaleureusement accueilli par le chef de l’Etat chinois.

Au cours des deux dernières années, notre Président a construit une relation personnelle très forte avec le Président de la République populaire de Chine, et ils ont travaillé en étroite collaboration sur certains dossiers dans lesquels nous avons des intérêts communs, en particulier la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Mais si je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est parce que le peuple américain a le droit de savoir qu’au moment où je vous parle, Pékin adopte une approche pangouvernementale et utilise des outils politiques, économiques et militaires ainsi que la propagande pour étendre son influence et défendre ses intérêts aux Etats-Unis.

La Chine utilise aussi son pouvoir de manière plus volontariste que jamais pour exercer son influence et interférer dans la politique intérieure et les politiques publiques de ce pays. Sous l’impulsion du Président Trump, les Etats-Unis ont pris des mesures fermes pour répondre à la Chine par l’action, en application de principes et de politiques défendues depuis longtemps entre ces murs. Dans notre Stratégie Nationale de Sécurité, présentée par le Président Trump en décembre dernier, il décrit une nouvelle ère de “compétition entre grandes puissances”. Comme il l’a écrit, les nations étrangères ont commencé à réaffirmer leur influence à l’échelle régionale et mondiale” et “contestent les avantages géopolitiques [américains] et essaient [au fond] de modifier l’ordre international en leur faveur”.

Dans cette Stratégie, le Président Trump a clairement indiqué que les États-Unis d’Amérique ont adopté une nouvelle approche vis-à-vis de la Chine. Nous aspirons à une relation fondée sur l’équité, la réciprocité et le respect de la souveraineté, et nous avons pris sur le champ des mesures fermes pour atteindre ce but. Comme l’a dit le Président l’an dernier lors de sa visite en Chine, je cite ses mots : “nous avons une opportunité de renforcer la relation entre nos deux pays et d’améliorer la vie de nos citoyens”. Notre vision du futur se fonde sur les plus belles heures de notre passé commun, au cours desquels l’Amérique et la Chine se sont tendu la main dans un esprit d’ouverture et d’amitié.

Lorsque notre jeune nation, au sortir de la guerre d’indépendance, a été chercher de nouveaux marchés vers lesquels exporter, le peuple chinois a accueilli les commerçants américains chargés de ginseng et de fourrures.

Lorsque la Chine a enduré les outrages et l’exploitation de ce qu’on a appelé le “siècle de l’humiliation”, l’Amérique a refusé d’y contribuer, et défendu la politique de la “porte ouverte” en faveur d’un commerce plus libre avec la Chine et pour préserver sa souveraineté.

Une vision patriotique et traditionnelle des relations Chine / Etats-Unis

Selon Pence, les échanges avec la Chine sont aussi anciens que la nation américaine. Grâce à la “doctrine de la porte ouverte” à la fin du XIXe siècle, les Etats-Unis auraient protégé la Chine face aux ambitions impérialistes des grandes puissances européennes et du Japon. Les flux commerciaux, forcément bénéfiques, auraient été accompagnés de flux culturels, grâce aux missionnaires religieux, et aux efforts d’éducation (en Chine même et par l’accueil d’étudiants chinois aux Etats-Unis, dès la fin du XIXe siècle). Ce sont ces flux qui, selon cette narration américaine, auraient permis à la Chine de s’ouvrir, de se moderniser, grâce au guide et à la figure paternelle protectrice et éducatrice que constitueraient pour elle les Etats-Unis.

De tels flux existent encore durant les années 1930, sont interrompus par la victoire du communisme, et reprennent « naturellement » après le voyage de Nixon en 1972. De nouveau, les Etats-Unis guident la Chine, qui, ainsi, se modernise. La répression de 1989, notamment sur la place Tiananmen, n’est pas citée par Pence, mais représente un premier moment d’espoir déçu. Toutefois, aux Etats-Unis, on croit encore dans les années 1990 que la prospérité chinoise renforcera les classes moyennes qui ne désireraient que droits de l’homme, libertés et démocratie. Aujourd’hui, les débats aux Etats-Unis montrent que l’illusion de changer politiquement la Chine s’est évanoui. En revanche l’idée d’un « Indo-Pacifique libre et ouvert », répétée par Trump depuis plus d’un an, et l’affirmation selon laquelle le marché américain est indispensable à la croissance asiatique (ce qui fut surtout vrai des années 1950 à 2000), témoignent de la persistance de la vision historique américaine des relations transpacifiques.

Trump a commencé sa carrière politique à la fin des années 1980 en pointant du doigt l’ingratitude d’un Japon protégé par les Etats-Unis mais qui n’hésitait pas à les concurrencer dans le domaine économique. Pour Pence, c’est la Chine qui est ingrate : selon le vice-président, elle doit beaucoup aux Etats-Unis qui l’auraient protégée face aux prétentions impérialistes, lui aurait donné son statut international. C’est en effet Roosevelt qui a coopté Tchang Kaï-chek lors de la conférence du Caire d’octobre 1943 et lui a donné un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies). Ce sont encore les Etats-Unis qui auraient fait entrer la Chine à l’OMC en 2001.

Lorsque les missionnaires américains ont porté la bonne parole sur les côtes chinoises, ils ont été émus par la riche culture d’un peuple ancien et plein de vie. Et ils ne se sont pas contentés de diffuser leur foi, mais ces mêmes missionnaires ont également fondé certaines des plus anciennes et plus brillantes universités chinoises.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, nous avons lutté ensemble, alliés dans la lutte contre l’impérialisme. Et au lendemain de la guerre, l’Amérique a fait en sorte que la Chine devienne un membre à part entière des Nations Unies et un acteur clé du monde d’après-guerre. Mais peu après son arrivée au pouvoir en 1949, le Parti communiste chinois s’est engagé dans la voie d’un expansionnisme autoritariste. Il est frappant de penser que cinq ans seulement après notre lutte conjointe, nous nous sommes affrontés dans les montagnes et les vallées de la péninsule coréenne. Mon propre père a été le témoin de combats sur ce front de la liberté.

Des références académiques plus ou moins assumées

La partie historique du discours de Mike Pence reprend le livre de Michael Green sur la Grande Stratégie américaine en Asie 3. Il est même possible que Green l’ait influencé directement puisqu’il a été le conseiller pour l’Asie de George W. Bush au National Security Council. Pour Green, le maintien de bases américaines en Asie se justifie car il est nécessaire de protéger ces flux économiques et culturels qui sont si bénéfiques au continent. Le cauchemar des États-Unis, qui explique un siècle de politique américaine dans la région, est qu’une puissance cherche à interrompre ces flux, et ferme l’Asie aux États-Unis. Ce danger était incarné par le Japon dans les années 1930-1945, par l’URSS et la Chine dans les années 1950 et de nouveau par le Japon au tournant des années 1980 et 1990. Il semble désormais provenir de la Chine. Les États-Unis souhaitent d’autant moins être exclus du moteur économique mondial qu’est devenue l’Asie.

On sent une autre influence avérée : celle d’un des grands noms du Hudson Institute, Michael Pillsbury. Ce proche de Mike Pence 4 qui a également conseillé Trump est avant tout considéré comme un « faucon », même si, dans ses entretiens récents, il semble avoir mis de l’eau dans son vin sur les possibilités d’entente avec la Chine 5. En 2015, dans The Hundred Years Marathon 6, il analysait la course sino-américaine à l’hégémonie et démontrait comment la Chine est obsédée par la place de n°1, quitte à employer tous les moyens. Dans ce livre, il appelait notamment à répudier la politique d’engagement et à considérer la Chine comme un competitor.

On pourrait enfin supposer l’influence de James Mann, commentateur régulier des questions chinoises et des relations américano-chinoises. Il a montré dans plusieurs livres que les Américains ont nourri des illusions sur leurs capacités à transformer la Chine et à la faire ressembler à l’Amérique 7. Pire, à cause de ces illusions, ils ont renforcé un pays qui leur dame désormais le pion. Après le 11 septembre 2001, Al-Qaïda a été qualifié de monstre de Frankenstein. Après avoir soutenu le djihadisme contre l’URSS, les Etats-Unis auraient vécu un retour de bâton. En renforçant la Chine face à l’URSS après les années 1970, les Etats-Unis auraient créé un autre monstre de Frankenstein. Tous les présidents depuis Nixon peuvent être accusés d’avoir été soft on China, ou de s’être laissés distraire par d’autres enjeux, notamment au Moyen-Orient. Ils auraient laissé en Asie la champ libre à la Chine.

Mais même la brutale guerre de Corée ne parvint pas à diminuer notre désir mutuel de restaurer les liens qui avaient uni nos peuples depuis si longtemps. L’éloignement de la Chine vis-à-vis des Etats-Unis prit fin en 1972 et, peu après, nous avons rétabli les relations diplomatiques et commencé à ouvrir nos économies l’une à l’autre. Les universités américaines ont commencé à former une nouvelle génération chinoise d’ingénieurs, de chefs d’entreprise, de chercheurs et de fonctionnaires. Après la chute de l’Union soviétique, nous avons supposé que l’avènement d’une Chine libre était inéluctable. Enivrés d’optimisme, au tournant du XXIe, siècle les Etats-Unis ont accepté d’ouvrir complètement leur économie à Pékin et nous avons fait entrer la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce. Les administrations précédentes ont fait ce choix dans l’espoir que la liberté se répandrait en Chine sous toutes ses formes – pas seulement la liberté économique, mais aussi la liberté politique, avec un respect renouvelé pour les principes classiques du libéralisme, de la propriété privée, de la liberté individuelle, de la liberté religieuse – toute la famille des droits de l’homme. Mais cet espoir a été déçu.

Le rêve de la liberté reste lointain pour le peuple chinois. Et quoique Pékin célèbre encore pour la forme la “réforme et l’ouverture”, cette fameuse doctrine de Deng Xiaoping sonne aujourd’hui bien creux.

Au cours des dix-sept dernières années, le PIB de la Chine a été multiplié par neuf ; ce pays est devenu la deuxième plus grande économie mondiale. Les investissements américains ont joué un rôle moteur dans ce succès. Et le Parti communiste chinois a également utilisé un arsenal de politiques incompatibles avec un commerce libre et équitable, notamment des droits de douane, des quotas, des manipulations monétaires, des transferts technologiques contraints, la violation de la propriété intellectuelle et des subventions industrielles distribuées comme des sucreries en échange d’investissements internationaux. Ces politiques ont forgé la base manufacturière de Pékin, au détriment de ses concurrents – en particulier des Etats-Unis. Les actes de la Chine ont contribué au déficit commercial entre les Etats-Unis et la Chine qui a atteint 375 milliards de dollars – environ la moitié de notre déficit commercial total. Comme le disait le Président Trump la semaine dernière, je le cite, “nous avons reconstruit la Chine” au cours des vingt-cinq dernières années. Désormais, par le plan “Made in China 2025”, le Parti communiste chinois s’est fixé pour objectif de contrôler 90 % des industries les plus développées du monde, y compris la robotique, la biotechnologie et l’intelligence artificielle. Pour remporter la grande bataille économique du XXIe siècle, Pékin a intimé l’ordre à ses bureaucrates et à ses entrepreneurs de mettre la main, coûte que coûte, sur les innovations américaines qui fondent notre avance économique.

Pékin exige désormais de beaucoup d’entrepreneurs américains qu’ils renoncent au secret des affaires pour pouvoir entreprendre en Chine. De plus, le pouvoir chinois coordonne et subventionne l’acquisition d’entreprises américaines pour s’approprier leurs innovations. Pire que tout, les agences de sécurité chinoises ont planifié le vol systématique des technologies américaines, y compris des plans à la pointe de la recherche militaire. Et à l’aide de cette technologie volée, le Parti communiste chinois “fait de socs des épées” à grande échelle. La Chine dépense désormais autant pour son armée que le reste de l’Asie combiné, et Pékin a pour priorité de développer les moyens de réduire les avantages militaires des Etats-Unis sur terre et sur mer, dans les airs et dans l’espace. La Chine cherche tout simplement à expulser les Etats-Unis d’Amérique hors du Pacifique ouest et tente de nous empêcher de venir en aide à nos alliés. Mais ils n’y parviendront pas.

Mike Pence détourne et inverse ici l’expression biblique “Ils devront forger leurs épées en socs” qui a servi à désigner des campagnes de désarmement. Dans le domaine de la recherche et du développement, “transformer des épées en socs” revient à développer des applications civiles à partir de technologies militaires. La Chine est ici accusée de faire le contraire.

Pékin utilise aussi son pouvoir d’une manière inédite. Les navires chinois patrouillent constamment autour des îles Senkaku, qui sont administrées par le Japon. Et tandis que le dirigeant chinois se trouvait dans la roseraie de la Maison Blanche en 2015 et déclarait que son pays n’avait, je cite, “aucune intention de militariser” la mer de Chine méridionale, aujourd’hui, Pékin a déployé des missiles antinavires et antiaériens sophistiqués sur un archipel de bases militaires construites sur des îles artificielles.

L’agressivité de la Chine s’est manifestée cette semaine, lorsqu’un navire de la marine chinoise s’est approché à moins de 40 mètres du USS Decatur qui menait des opérations en faveur de la libre navigation en mer de Chine méridionale, forçant notre navire à manoeuvrer rapidement pour éviter la collision. Malgré ces dangereuses intimidations, la Marine des Etats-Unis continuera de voler, de naviguer et d’intervenir partout où le droit international le permet et où nos intérêts nationaux l’imposent. Nous ne nous laisserons pas intimider et nous ne nous découragerons pas. (Applaudissements)

L’Amérique avait espéré que la libéralisation économique amènerait la Chine à développer un partenariat plus poussé avec nous et avec le monde entier. Au lieu de quoi la Chine a choisi l’agression économique, ce qui a par la suite soutenu son armée en expansion. Pékin n’a pas non plus mené son peuple vers plus de liberté comme nous l’avions espéré. Il y a eu une période au cours de laquelle Pékin a doucement progressé vers plus de liberté et de respect des droits de l’homme. Mais au cours des dernières années, la Chine a brutalement fait volte-face et renoué avec le contrôle et l’oppression de son propre peuple.

Aujourd’hui, la Chine a construit un Etat policier sans équivalent, qui devient toujours plus vaste et intrusif – souvent à l’aide de technologies américaines. Ce qu’ils appellent le “grand firewall de Chine” s’agrandit de même, restreignant drastiquement la libre circulation de l’information vers le peuple chinois.

Et d’ici 2020, les dirigeants chinois espèrent mettrent en oeuvre un système orwellien fondé sur un contrôle virtuel de chaque aspect de la vie humaine – le fameux “Système de crédit social”. D’après les termes du schéma officiel de ce programme, il “autorisera les personnes dignes de confiance à vagabonder où bon leur semble tout en rendant quasiment impossible à celles qui auront été discréditées de faire ne serait-ce qu’un pas”.

En ce qui concerne la liberté religieuse, une nouvelle vague de persécutions s’abat sur les Chinois chrétiens, bouddhistes et musulmans. Le mois dernier, Pékin a fermé l’une des plus grandes églises clandestines de Chine. Dans tout le pays, les autorités mettent à bas les croix, brûlent les bibles et jettent les fidèles en prison. Et Pékin vient de conclure un accord avec le Vatican donnant au Parti communiste ouvertement athéiste un rôle direct dans la nomination des évêques catholiques. Pour les chrétiens chinois, c’est une sombre période.

Pékin réprime également le bouddhisme. Au cours des dix dernières années, plus de 150 moines bouddhistes tibétains se sont immolés pour protester contre la répression par la Chine de leurs croyances et de leur culture. Et dans le Xinjiang, le Parti communiste a emprisonné pas moins d’un million de musulmans Ouïghours dans des camps gouvernementaux où ils endurent un lavage de cerveau permanent. Les survivants de ces camps ont décrit leur expérience comme une tentative délibérée de la part de Pékin d’étouffer la culture ouïghour et d’éradiquer la foi musulmane.

Comme le montre l’histoire cependant, un pays qui opprime son propre peuple s’en tient rarement là. Et Pékin prétend aussi étendre son emprise sur le monde entier. Comme le Dr Michael Pillsbury de l’Institut Hudson l’a écrit, “la Chine s’est opposée aux actions et aux objectifs du gouvernement américain. En effet, la relation que la Chine construit avec les alliés et les ennemis de l’Amérique contredit toute démarche pacifique ou constructive venant de Pékin”.

La Chine utilise en effet ce qu’on appelle la “diplomatie de la dette” pour étendre son influence. Aujourd’hui, ce pays offre des prêts de centaines de milliards de dollars aux gouvernements d’Asie, d’Afrique, d’Europe et même d’Amérique latine pour financer des projets d’infrastructure. Cependant, les conditions de ces emprunts sont au mieux opaques, et c’est toujours Pékin qui en retire les plus grands bénéfices. Il suffit de demander au Sri Lanka, qui a contracté une énorme dette pour permettre aux entreprises publiques chinoises de construire un port d’une valeur commerciale discutable. Il y a deux ans, ce pays n’a plus été en mesure d’en assurer le remboursement, Pékin a donc fait pression sur le Sri Lanka pour qu’il accepte de céder le nouveau port directement aux Chinois. Il pourrait prochainement devenir une base militaire avancée pour la marine hauturière chinoise, qui est en plein essor.

Dans notre propre hémisphère, Pékin a tendu une bouée de sauvetage au régime corrompu et incompétent de Maduro, au Vénézuéla, qui opprime son propre peuple. Ils ont offert cinq milliards de dollars de prêts douteux qui doivent être remboursés sous forme de pétrole. La Chine est aussi le premier créancier de ce pays, accablant le peuple vénézuélien d’une dette supérieure à 50 milliards de dollars, alors même que leur démocratie disparaît. Pékin influence également la politique de certaines nations en offrant un soutien direct aux partis et candidats qui promettent de satisfaire les objectifs stratégiques de la Chine.

L’an dernier encore, le Parti communiste chinois a convaincu trois pays d’Amérique latine de rompre avec Taipei et de reconnaître Pékin. Ces initiatives menacent la stabilité dans le détroit de Taïwan et les Etats-Unis d’Amérique les condamnent. Et alors que notre administration continuera de respecter notre politique de la Chine unique, comme l’indiquent les trois communiqués conjoints et la Taiwan Relations Act, l’Amérique reste persuadée que l’adoption de la démocratie par Taïwan indique un chemin meilleur pour le peuple chinois tout entier. (Applaudissements)

Tout ceci n’est qu’une partie des moyens par lesquels la Chine a cherché à promouvoir ses intérêts stratégiques dans le monde entier, avec une intensité et une sophistication grandissantes. Or, les administrations précédentes n’ignoraient rien des initiatives chinoises. Et en de nombreuses occasions, elles les ont encouragées. Mais ces jours sont révolus. Sous la direction du Président Trump, les Etats-Unis d’Amérique ont défendu leurs intérêts avec une force américaine renouvelée.

Vers l’inversion des relations sino-américaines ?

Il est frappant de constater que les positions entre Chine et Etats-Unis semblent désormais inversées. Au lendemain de 1989, c’est en effet Pékin qui accusait les Etats-Unis d’utiliser la « pénétration pacifique » pour vaincre le communisme. Cette méthode avait fonctionné en URSS et en Europe de l’Est et la Chine affirmait devoir se prémunir contre cette « pollution spirituelle ». Désormais ce sont les Etats-Unis qui craignent la « pénétration » chinoise susceptible de transformer leur système politique.

Ce sont les Occidentaux qui ont par le passé imposé des « traités inégaux » à la Chine et participé à son « siècle des humiliations » : désormais ce sont les Etats-Unis qui dénoncent « la non-égalité », « la non-réciprocité » et leurs « relations inégales » avec Pékin. Et Pence d’annoncer que le « peuple américain ne tombera pas sous leur emprise ». Hier, c’était le pouvoir de l’importateur américain qui forçait les exportateurs à se prosterner, à adapter leurs normes et à changer leurs comportements, en imposant par exemple des sanctions extraterritoriales. D’après Pence, c’est maintenant la Chine qui a ce pouvoir. Ce sont les Etats-Unis qui intervenaient dans des pays qui s’étaient endettés auprès d’eux (notamment en Amérique latine), en s’efforçant, via leurs conseillers financiers, de les « éduquer » à la bonne finance. Désormais, Pence accuse la Chine d’utiliser la dette pour faire avancer ses intérêts.

Ainsi donc, ce discours est révélateur de la manière dont les Etats-Unis voient leurs relations passées avec la Chine et de leur crainte de maintenant les subir en sens inverse. Mais il existe une touche spécifique de Pence, et son allocution n’est pas une véritable déclaration de guerre froide. Son message est : « Nous avons déjà contribué à vous rendre great again, continuez donc à marcher dans les clous en respectant nos règles du jeu, sans essayer d’inverser la relation et sans chercher à nous influencer de l’intérieur ».

Nous avons rendu l’armée la plus puissante de l’histoire encore plus puissante. Plus tôt cette année, le Président Trump a ratifié une loi autorisant la plus significative hausse des investissements dans notre défense nationale depuis l’époque de Ronald Reagan : 716 milliards de dollars destinés à augmenter la puissance de l’armée américaine dans tous les domaines.

Nous modernisons notre arsenal nucléaire. Nous déployons et développons de nouveaux chasseurs et bombardiers à la pointe de la technologie. Nous construisons une nouvelle génération de porte-avions et de navires de guerre. Nous investissons comme jamais auparavant dans nos forces armées. Et ceci inclut le lancement d’un processus destiné à créer l’unité spatiale des Etats-Unis pour maintenir notre domination sur l’espace, et nous avons pris des mesures pour autoriser l’augmentation des moyens consacrés à la défense contre nos ennemis dans le cyberespace.

A la demande du Président Trump, nous avons également mis en place des taxes à hauteur de 250 milliards de dollars sur les biens chinois. Les droits de douane les plus élevés ciblent spécifiquement les industries technologiques que Pékin cherche à s’approprier et contrôler. De même, comme le Président l’a clairement exprimé, nous imposerons des taxes supplémentaires, ce qui pourrait faire plus que doubler ce chiffre, à moins qu’un accord équitable et réciproque ne soit trouvé. (Applaudissements)

Ces mesures, simples exercices de la puissance américaine, ont eu un impact considérable. Le principal marché boursier chinois a chuté de 25 % au cours des neuf premiers mois de l’année, en grande partie parce que notre administration a tenu bon dans sa lutte contre les pratiques commerciales de Pékin. Comme le Président Trump l’a annoncé, nous ne voulons pas que les marchés chinois souffrent. En fait, nous voulons qu’ils prospèrent. Mais les Etats-Unis veulent que Pékin adopte des politiques commerciales fondées sur la liberté, l’équité et la réciprocité. Et nous continuerons de tenir bon et de leur demander d’agir de la sorte.(Applaudissements)

Malheureusement, les dirigeants chinois ont, jusqu’ici, refusé de suivre cette voie. Le peuple américain a le droit de savoir : en réponse à la position ferme adoptée par le Président Trump, Pékin mène une campagne vaste et coordonnée pour réduire les soutiens du Président, de notre programme, et des idéaux les plus chers à notre nation.

Je veux vous dire aujourd’hui ce que nous savons des actions de la Chine ici, dans notre pays – certaines informations nous viennent de ce que nous avons pu glaner grâce aux services de renseignement, d’autres sont accessibles au public. Mais toutes sont des faits.

Comme je l’ai dit précédemment, à l’heure où nous parlons, Pékin emploie une approche pangouvernementale pour étendre son influence et servir ses intérêts. Elle emploie ce pouvoir de manière plus proactive et coercitive pour se mêler de la politique domestique de ce pays et interférer dans les politiques des Etats-Unis. Le parti communiste chinois récompense ou fait pression sur les entreprises, les studios de cinéma, les universités, les think tanks, les universitaires, les journalistes américains et sur les fonctionnaires à l’échelle locale, étatique et fédérale. Pire encore, la Chine a déployé des moyens sans précédents pour influencer l’opinion publique américaine, les élections de 2018 et le contexte qui précède les élections présidentielles de 2020. Pour parler franchement, le leadership du Président Trump fonctionne ; et la Chine veut un autre président américain.

Il n’y a aucun doute à avoir : la Chine interfère dans la démocratie américaine. Comme l’a dit le Président Trump pas plus tard que la semaine dernière, nous avons, je le cite, “appris que la Chine avait tenté d’interférer dans nos prochaines élections [de mi-mandat]”. Nos services de renseignement disent que “la Chine cible les gouvernements et représentants des Etats fédérés et des collectivités dans le but d’exploiter toutes les divisions politiques entre les échelons fédéral et local. Elle utilise des questions litigieuses, comme les taxes commerciales, pour étendre l’influence politique de Pékin”.

En juin, Pékin elle-même a fait circuler un document sensible intitulé “Note de propagande et de censure”. Il présentait sa stratégie. Il déclarait que la Chine doit, ce sont leurs mots, “frapper avec précision et précaution, en divisant différents groupes nationaux” aux Etats-Unis d’Amérique. Dans ce but, Pékin a mobilisé des agents discrets, des groupes visibles et des publications de propagande pour changer la perception américaine de la politique chinoise. Comme me le disait un membre expérimenté de nos services de renseignement pas plus tard que cette semaine, ce que les Russes font paraît bien peu de choses en comparaison de ce que la Chine fait partout dans ce pays. Et le peuple américain mérite de le savoir.

Des personnalités officielles chinoises haut placées ont également essayé d’influencer les entrepreneurs pour les encourager à condamner nos actions commerciales, en prenant appui sur leur désir de maintenir leurs opérations en Chine. Un cas récent a vu la Chine menacer de refuser une licence commerciale à une grande entreprise américaine si elle refusait de s’exprimer contre les politiques de notre administration.

Et en ce qui concerne l’influence sur les élections de mi-mandat, il suffit de regarder les taxes chinoises qui ont répondu aux nôtres. Les taxes imposées par la Chine à ce jour ont ciblé spécifiquement les industries et Etats appelés à jouer un rôle important dans les élections de 2018. D’après les estimations, 80 % des comtés américains ciblés par la Chine ont voté pour le Président Trump et moi-même en 2016 ; désormais, la Chine cherche à retourner ces électeurs contre notre administration.

Et la Chine s’adresse aussi directement aux électeurs américains. La semaine dernière, le gouvernement chinois a payé pour faire insérer un supplément de plusieurs pages dans le Des Moines Register – le quotidien de l’Etat d’origine de notre ambassadeur en Chine, et un État pivot pour 2018 et 2020. Le supplément, conçu pour ressembler aux articles de presse, présentait notre politique commerciale comme irresponsable et nocive pour les habitants de l’Iowa. Heureusement, les Américains ne marchent pas. Par exemple, les agriculteurs américains soutiennent le Président et voient les résultats concrets de la position intransigeante qu’il a prise, y compris l’accord de cette semaine entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, dans lequel nous avons considérablement ouvert le marché nord-américain aux produits états-uniens. Cet accord est une grande victoire pour les agriculteurs américains et les industriels américains.

Mais les initiatives chinoises ne se contentent pas d’influencer notre vie politique et les politiques que nous menons. Pékin fait également en sorte d’utiliser son influence économique et l’attractivité de son vaste marché pour étendre son influence sur les entreprises américaines. Pékin exige désormais des joint-ventures américains opérant en Chine de mettre en place ce qu’ils nomment des “organismes du parti” au sein de leurs entreprises, dans le but de donner une voix au parti communiste – et peut-être un droit de veto – lors des décisions d’embauche et d’investissement.

Les autorités chinoises ont aussi menacé les entreprises américaines qui présentent Taïwan comme une entité géographique distincte ou s’écartent de la ligne politique chinoise sur la question tibétaine. Pékin a contraint Delta Airlines à présenter des excuses publiques pour ne pas avoir désigné Taïwan comme une “province chinoise” sur son site internet. Elle a fait pression sur Marriott pour obtenir le licenciement d’un employé américain dont le seul tort est d’avoir aimé un tweet sur le Tibet. Et Pékin exige quotidiennement qu’Hollywood présente la Chine uniquement sous un jour positif. Les censeurs de Pékin sont prompts à modifier ou interdir les films qui critiquent la Chine, même de façon marginale. Pour le film World War Z, ils ont retirer du script la référence à un virus car il venait de Chine. Le film Red Dawn a été retouché numériquement pour que les méchants soient des Nord-Coréens et non des Chinois.

Mais au-delà du monde de l’entreprise et des divertissements, le Parti communiste chinois dépense aussi des milliards de dollars en produits de propagande aux Etats-Unis et, pour être honnête, dans le monde entier.

Radio Chine Internationale diffuse désormais des programmes favorables à la politique de Pékin dans plus de trente enseignes américaines, dont plusieurs dans de très grandes villes américaines. Le China Global Television Network atteint plus de 75 millions d’Américains, et il prend ses ordres directement auprès des dirigeants du Parti communiste. Comme l’a déclaré le chef de l’Etat chinois lors d’une visite au siège social de ce média, je cite, “les media dirigés par le Parti et le gouvernement sont des fronts de la propagande et doivent porter le nom du Parti”. C’est pour cette raison, et pour répondre à cette réalité, que le mois dernier le Ministère de la Justice a demandé à ce réseau de s’enregistrer en tant qu’agent étranger.

Le Parti communiste a aussi menacé et détenu les membres chinois de la famille d’un journaliste américain qui l’ouvrait un peu trop. Et il a bloqué les sites internet des média américains et a rendu très difficile pour nos journalistes d’obtenir un visa. Ceci a eu lieu après la publication par le New York Times des conclusions d’une enquête sur la santé de certains dirigeants chinois. Mais les média ne sont pas les seuls concernés par la tentative du parti communiste chinois d’encourager une culture de la censure. La même chose a lieu dans le monde académique.

Franchement, il suffit de jeter un oeil à l’Association des étudiants et chercheurs chinois, qui n’a pas moins de 150 branches sur les campus américains. Ces groupes participent à l’organisation d’évènements sociaux pour certains des plus de 430 000 Chinois qui étudient aux États-Unis. Ils préviennent également les consulats et ambassades chinois lorsque les étudiants chinois, et les écoles américaines, s’éloignent de la ligne du Parti.

A l’université du Maryland, un étudiant chinois a récemment parlé lors de sa cérémonie de diplomation de ce qu’elle a appelé, je cite, “l’air frais de la liberté de parole” en Amérique. Les journaux officiels du parti communiste l’ont aussitôt réprimandée. Elle est devenue la cible d’un déchaînement de critiques sur les réseaux sociaux chinois étroitement contrôlés, et sa famille restée en Chine a été harcelée. En ce qui concerne l’université, elle a vu son programme d’échange avec la Chine – l’un des plus développés du pays – se changer brutalement d’un flot en un goutte à goutte.

La Chine a d’autres moyens de faire pression sur le monde académique. Pékin fournit des financements généreux aux universités, think tanks et universitaires, étant entendu qu’ils éviteront les idées que le Parti communiste juge dangereuses ou insultantes. Les experts chinois en particulier savent que leur demande de visa sera ajournée ou refusée si leurs recherches contredisent le discours de Pékin.

Et même les universitaires et les groupes qui évitent les financements chinois sont visés par ce pays, ainsi que le Hudson Institute l’a montré. Vous vous proposez de recevoir un conférencier qui ne plaît pas à Pékin et après ça votre site internet connaît une cyberattaque en provenance de Shanghai. Le Hudson Institute sait mieux que quiconque que le Parti communiste chinois tente actuellement de saper les bases de la liberté académique et de la liberté d’expression en Amérique. Considérées comme un tout avec d’autres agissements, ces actions dénotent un effort toujours croissant de détourner l’opinion publique et les politiques américaines loin de la direction fixée par le Président Donald Trump : “L’Amérique d’abord”.

Mais voici notre réponse aux dirigeants de la Chine : le Président ne reculera pas. (Applaudissements). Le peuple américain ne tombera pas sous leur emprise. Et, même si nous espérons améliorer nos relations avec Pékin, nous ne lâcherons rien dans les domaines de la sécurité et de l’économie. Notre administration continuera de prendre des mesures fermes afin de protéger les intérêts américains, les emplois américains et la sécurité américaine. Alors que nous rétablissons nos forces armées, nous continuerons d’affirmer les intérêts américains dans l’ensemble du bassin Indo-Pacifique. Alors que nous réagissons face aux pratiques commerciales chinoises, nous continuerons d’exiger que notre partenariat économiques avec la Chine soit libre, équitable et réciproque. Nous exigerons que Pékin abolisse ses barrières commerciales, qu’elle s’acquitte de ses obligations et, à notre instar, qu’elle ouvre pleinement son économie.

Nous continuerons de prendre des mesures contre Pékin jusqu’à ce que la violation de la propriété intellectuelle américaine cesse une fois pour toutes. Et nous continuerons de ne rien lâcher jusqu’à ce que Pékin mette un terme aux pratiques déloyales de transferts de technologie contraints. (Applaudissements). Et pour promouvoir notre vision d’un bassin Indo-Pacifique libre et ouvert, nous sommes en train de renouveler et de renforcer nos liens avec les nations de cette région qui partagent nos valeurs, depuis l’Inde jusqu’aux Samoa. Nos relations émanent d’un esprit de respect et reposent sur le partenariat plutôt que sur la domination. Nous sommes en train d’établir de nouveaux accords commerciaux sur des bases bilatérales : pas plus tard que la semaine dernière, le Président Trump a signé un accord commercial amélioré avec la Corée du Sud. Et nous ouvrirons bientôt des négociations historiques en vue d’un accord bilatéral de libre-échange avec le Japon. (Applaudissements).

Je suis également ravi d’annoncer que nous sommes en train de rationaliser nos programmes internationaux d’aide au développement et de financement. Nous offrirons aux autres pays un dispositif alternatif, équitable et juste comme pendant à la piégeuse “diplomatie de la dette” chinoise. Cette semaine, en effet, le Président Trump promulguera l’acte BUILD. Le mois prochain, j’aurai l’honneur de représenter les Etats-Unis au sommet de l’ASEAN à Singapour et à celui de l’APEC en Papouasie Nouvelle-Guinée. A cette occasion, nous révélerons des mesures et des programmes inédits en faveur d’un bassin Indo-Pacifique libre et ouvert. Au nom du Président, j’affirmerai que l’engagement de l’Amérique dans le bassin Indo-Pacifique n’a jamais été aussi fort. (Applaudissements).

Plus près de chez nous, afin de défendre nos intérêts, nous avons récemment renforcé le CFIUS, le Comité des Investissements étrangers (ndt : du Département du Trésor) afin de renforcer notre surveillance des investissements chinois en Amérique et de protéger notre sécurité nationale des pratiques déloyales de Pékin.

Quant aux influences et interférences délétères de Pékin dans la vie et le monde politiques de l’Amérique, nous continuerons à en révéler toutes les formes. Nous travaillerons avec les dirigeants à tous les niveaux de la société afin de défendre nos intérêts nationaux et les idéaux qui nous sont les plus chers. Comme aujourd’hui, c’est le peuple américain qui jouera le premier rôle.

Alors que nous sommes réunis ici, un nouveau consensus est en train de croître dans tout le pays. Les dirigeants économiques sont nombreux à penser sur le long terme : ils réfléchissent à deux fois avant de se lancer sur le marché chinois si cela implique de se dessaisir de leur propriété intellectuelle et de soutenir l’oppression de Pékin. Ils sont plus nombreux encore à suivre cet exemple. Par exemple, Google doit immédiatement mettre au fin au développement de l’application “Dragonfly” qui renforcera la censure du Parti communiste et mettra en danger la vie privée des clients chinois (Applaudissements).

Il est aussi fantastique de voir que les journalistes sont plus nombreux à faire connaître la vérité sans peur et sans complaisance. Ils creusent pour trouver où et pourquoi la Chine s’immisce dans notre société. Et nous espérons que les groupes d’information américains et mondiaux seront de plus en plus nombreux à concourir à cet effort. Les universitaires sont plus nombreux à prendre vigoureusement la parole pour défendre la liberté académique. Les universités et les think tanks sont plus nombreux à oser refuser l’argent facile de Pékin car ils savent que chaque dollar est accompagné d’exigences précises. Et nous sommes sûrs qu’ils seront rejoints par un nombre croissant d’organisations. Dans tout le pays, les Américains deviennent plus attentifs et apprécient désormais les mesures de notre appréciation et la volonté du Président de reconstruire de fond en comble la relation économique et stratégique que nous entretenons avec la Chine. Les Américains soutiennent avec fermeté un Président qui place l’Amérique à la première place. Et je peux vous assurer que l’Amérique tiendra le cap sous la conduite du Président Trump. La Chine doit savoir que les Américains ainsi que leurs représentants de deux bords y sont résolus. Comme l’affirme notre stratégie nationale de sécurité, nous devons nous souvenir que la concurrence n’implique pas toujours et ne doit pas toujours impliquer l’inimitié. Le Président a fait clairement savoir que nous souhaitons établir avec Pékin un partenariat constructif. Nous voulons que la prospérité et la sécurité dans nos deux pays se développent conjointement et pas séparément. Même si Pékin s’éloigne de plus en plus de cette vision, les dirigeants de la Chine peuvent encore changer de cap et en revenir à l’esprit de réformisme et d’ouverture qui caractérisait notre partenariat à ses débuts, il y a plusieurs décennies. Les Américains ne veulent rien de plus et les Chinois ne méritent rien de moins.

Le grand écrivain chinois Lu Xun se désolait souvent de son pays. Il écrivait que la Chine avait toujours méprisé ou révéré les étrangers, en en faisant des barbares ou des saints. Elle ne les a jamais considérés comme des égaux. Aujourd’hui, l’Amérique tend la main à la Chine. Nous espérons que Pékin nous répondra bientôt par des actes plutôt que par des mots et affichera un respect renouvelé pour l’Amérique. Mais soyez en bien assurés : nous n’abandonnerons pas tant que notre partenariat avec la Chine ne sera pas fondé sur l’équité, la réciprocité et le respect de la souveraineté.

Un ancien proverbe chinois affirme que les hommes voient seulement le présent mais que les cieux voient le futur. Tandis que nous avançons, mettons-nous, avec résolution et foi, en quête d’un futur paisible et prospère. Foi dans l’amitié durable entre les Américains et les Chinois. Et Foi dans le ciel qui pourvoit au futur. Par la grâce de Dieu, c’est ensemble que l’Amérique et la Chine iront à la rencontre de leur avenir. Que Dieu vous bénisse et que Dieu bénisse les Etats-Unis d’Amérique ! (Applaudissements).

Sources
  1. « Mike Pence and the Return of Faith-Based Foreign Policy », The Atlantic, 19 novembre 2018.
  2. Clive Hamilton, Silent Invasion. China’s Influence in Australia, Hardie Grant, 2017.
  3. Michael, J. Green, By More than Providence. Grand Strategy and American Power in the Asia Pacific since 1783, Columbia University Press, 2017.
  4. « The China hawk who captured Trump’s very, very large brain » Politico, 30 novembre 2018.
  5. « There’s no Cold War with China, Says Trump’s Hawkish Adviser », Bloomberg, 28 novembre 2018″.
  6. Michael Pillsbury, The Hundred-Year Marathon : China’s Secret Strategy to Replace America As the Global Superpower, Blackstone, 2015.
  7. James Mann, The China Fantasy : How Our Leaders Explain Away Chinese Repression, Viking, 2007.
Crédits
Directeur des études de l’Institut diplomatique du ministère des Affaires étrangères à sa création (2001-2009), Pierre Grosser est spécialiste des relations internationales qu’il enseigne à Sciences Po-Paris. Il a notamment publié en 2017 L'histoire du monde se fait en Asie, une autre vision du XXe siècle (éditions Odile Jacob).
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