• La tension s’est accrue tout au long de la semaine dernière avec les déclarations des États-Unis sur la possibilité d’une « invasion imminente » de l’Ukraine et la demande d’évacuation adressée à leurs ressortissants présents en Ukraine. Plus de 120 000 soldats russes sont toujours massés autour de la frontière ukrainienne. La Russie a entamé le 10 février des manœuvres militaires conjointes avec la Biélorussie avec 30 000 soldats pour 10 jours officiellement et déployé six nouveaux navires en Mer noire, faisant monter le sentiment d’encerclement militaire en Ukraine. Le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, s’est ainsi inquiété du caractère « simultané » de ces deux manœuvres1
  • Le Canada a annoncé fermer temporairement son ambassade à Kiev et déplacer ses opérations dans un bureau temporaire à Lviv. En Europe, l’Italie est le dernier pays à conseiller à ses citoyens de quitter l’Ukraine après l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Estonie et la Lituanie. La compagnie aérienne néerlandaise KLM a annoncé samedi qu’elle annulait ses vols vers l’Ukraine et qu’elle éviterait l’espace aérien du pays. 
  • Dans ce contexte, Olaf Scholz se rend aujourd’hui à Kiev et demain à Moscou, après la visite d’Emmanuel Macron de la semaine dernière. Il a déclaré qu’il attendait « des signes de désescalade immédiats de la part de la Russie » et qu’il exprimait une « solidarité » et un « soutien continu » à l’Ukraine. Toutefois, un conseiller à Berlin a modéré la portée du voyage déclarant que le principal objectif de Olaf Scholz était de « mieux comprendre les objectifs de la Russie et d’essayer de déterminer s’il était possible de rétablir un dialogue direct ». Il devrait également mettre en garde Moscou sur la sévérité des sanctions occidentales en cas d’invasion. 
  • Le 7 février, le chancelier allemand s’était rendu à Washington pour assurer les États-Unis de la fermeté de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie en cas d’invasion du territoire ukrainien. Berlin est en effet accusé depuis le début de la crise de ne pas assez s’engager en faveur de l’intégrité du territoire ukrainien et de vouloir préserver le gazoduc Nord Stream 2, même en cas d’agression militaire russe. Lors de la conférence de presse, Joe Biden a réaffirmé que les Américains arrêteraient la mise en marche de Nord Stream 2 en cas d’invasion russe, alors que le chancelier allemand a préféré rester évasif sur cette question. 
  • La tournée diplomatique d’Olaf Scholz pourrait être facilitée par la récente déclaration de l’ambassadeur d’Ukraine au Royaume-Uni, qui a affirmé que l’Ukraine pourrait s’engager à ne pas intégrer l’OTAN si elle était « poussée » à cette extrémité, alors que cet objectif est inscrit dans le Constitution ukrainienne depuis 2019. Moscou ne considère pas que cette déclaration reflète un véritable changement de doctrine à Kiev2, l’ambassadeur étant ensuite rapidement revenu sur ses propos. 
  • Berlin participe aussi depuis plusieurs semaines avec la France à des négociations conjointes avec l’Ukraine et la Russie dans des réunions au Format Normandie, au niveau des conseillers politiques sur l’application des accords de Minsk, qui sont censés instaurer un cessez-le-feu entre le gouvernement ukrainien et les régions séparatistes de Donetsk et de Louhansk. Après une première réunion fin janvier, les quatre pays se sont réunis jeudi dernier, mais les négociations semblent tourner en rond. Moscou et Kiev n’ayant pas la même interprétation de ces accords3, l’Allemagne et la France n’arrivent pas à obtenir un compromis entre les deux pays. Dans ce contexte, une partie de la mission d’observation de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) dans l’Est ukrainien, supervisant le respect du cessez-le-feu ents belligérants, a commencé à se retirer ce week-end. Les équipes américaines, anglaises, allemandes, danoises et slovaques de l’OSCE sont les principales concernées par ce retrait.
  • La ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a regretté cette décision et demande à l’OSCE de rester sur place pour assurer la sécurité de la zone.