Hier s’ouvrait à Bruxelles un Conseil de l’Union rassemblant les ministres des Affaires étrangères ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

  • Hier soir, le président américain Joe Biden a aussi organisé une réunion de crise dans un format inédit. La réunion lancée depuis la salle de crise de la Maison Blanche a réuni Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Mario Draghi, Boris Johnson et le président polonais Andrzej Duda. Le président du Conseil européen Charles Michel, ainsi que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg étaient aussi présents. Un communiqué de presse de la Commission Européenne a précisé que  « La réunion visait à coordonner la réponse collective au comportement agressif de la Russie à l’égard de l’Ukraine »1. Les États-Unis semblent en effet vouloir s’assurer de disposer d’un front commun avec l’Europe face à Moscou. La réunion avait pour but de faire converger les positions américaines et européennes, alors que des divisions sur l’attitude à adopter demeurent. L’OTAN a annoncé hier le déploiement de bateaux et d’avions chasses en Europe de l’Est.
  • Sécurité aux frontières de l’Europe orientale. Alors que plus de 100 000 soldats sont toujours massés à la frontière russo-ukrainienne, les positions des États-Unis et de la Russie n’ont pas changé. En cas d’invasion russe majeure en Ukraine, une sévère réaction américaine est attendue et de nombreuses sanctions seraient mises en œuvre, pouvant aller jusqu’à un blocage de Nord Stream 2, en accord avec l’Allemagne. De son côté, la Russie souhaite réduire la présence de l’OTAN dans son voisinage et exige une réponse des États-Unis sur des propositions plus générales liées à la gestion de la sécurité dans les pays de l’ex-URSS. La semaine dernière, la Russie a demandé le retrait des troupes de l’OTAN de Bulgarie et Roumanie, ce que les deux pays aussi bien que l’OTAN ont énergiquement refusé.
  • La diplomatie coercitive russe. Les événements de ces derniers jours soulignent une dimension centrale de la stratégie russe, souvent négligée vu d’Europe occidentale : « la continuité entre les champs diplomatique et militaire pour atteindre ses objectifs ».
  • Et l’Ukraine ? « En négociant d’égal à égal avec les Américains, tout en reléguant au second rang l’Ukraine et les puissances européennes, Moscou cherche à se voir attribuer un statut de grande puissance, ce qui fait sens dans une perspective relationnelle du concept de statut où cet atout est accordé par les autres puissances à la Russie. »
  • Que fait l’Union Européenne ? Ursula von der Leyen a annoncé hier après-midi une nouvelle aide financière composée de prêts et de subventions. Aide de 1,2 milliards pour aider l’Ukraine face à ses besoins financiers dû au conflit. Un deuxième paquet viendra aider la modernisation du pays. La Commission Européenne a aussi annoncé un plan d’investissement de long terme à hauteur de 6 milliards d’euros d’investissements dans le pays. La présidente de la Commission européenne a fini son intervention en rappelant que l’Ukraine était un pays « libre et souverain » et que « l’Union Européenne se tient aux côtés de l’Ukraine ».
  • Le pari de Poutine sur l’histoire. Pour Hans Kribbe, nous vivons encore au temps de Yalta, et c’est une victoire russe. « Que se passera-t-il si Xi, qui suit sans doute avec intérêt le déroulement des événements en Ukraine, décide que le moment est venu de s’attaquer à Taïwan ? Et si l’Iran y voit une chance de faire avancer ses ambitions nucléaires ? Les autocrates du monde entier n’ont aucunement besoin de s’unir et de coordonner méticuleusement un plan d’attaque commun. »
  • La question énergétique. Les États-Unis ont tenu ce weekend des discussions avec le Qatar et d’autres grands exportateurs de gaz afin de prévoir des mesures d’urgence au cas où une invasion russe en Ukraine perturberait l’approvisionnement de l’Europe (le taux moyen d’utilisation des terminaux GNL en Europe était supérieur à 50 % en 2010 puis a diminué jusqu’à 20,9 % en 2014, avant de remonter à 25,5 % en 2017. La moyenne mondiale était alors de 34,6 %). Les prix de l’énergie continuent d’augmenter,  le prix du baril de brut pourrait dépasser 100 dollars, contribuant à la pression inflationniste. 
  • Dans l’agenda des réunions internationales il faut aussi noter qu’une réunion au format Normandie, réunissant les conseillers diplomatiques français, allemands, russes et ukrainiens se tiendra demain, mercredi 26 janvier. Un communiqué de presse de l’Elysée précise que des entretiens avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky sont prévus dans les prochains jours2. Avant cette réunion, Emmanuel Macron rencontre le chancelier allemand aujourd’hui, pour la première fois à Berlin. 
Sources
  1. « Statement from the Commission following the VTC called by US President Joe Biden on the situation relating to Ukraine », European Commission, 25 janvier 2022 : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/statement_22_560?utm_source=POLITICO.EU&utm_campaign=dde071cbfb-EMAIL_CAMPAIGN_2022_01_25_05_37&utm_medium=email&utm_term=0_10959edeb5-dde071cbfb-190870028
  2. « Participation du Président de la République à une visioconférence sur les tensions entre la Russie et l’Ukraine”, Communiqué de Presse, Elysée, 24 janvier 2022 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/01/24/participation-du-president-de-la-republique-a-une-visioconference-sur-les-tensions-entre-la-russie-et-lukraine