• Un protocole de coopération entre les deux pays a été signé en amont de la visite le 30 novembre1. Il couvre un nombre assez large de sujets dont le tourisme, l’énergie, les transports, la coopération scientifique et technologique, les questions culturelles et les questions liées à l’administration fiscale. Cet accord « ouvre la voie à une collaboration nouvelle et plus profonde entre la Grèce et la Russie », selon le ministre des Affaires étrangères grec Varvitsiotis.
  • Varvitsiotis a souligné que les exportations grecques avaient souffert des sanctions européennes contre la Russie – au niveau européen, l’Allemagne reste à la fois le plus grand importateur de biens en provenance de la Russie et le plus grand exportateur de biens vers la Russie. La Grèce compte également continuer à attirer des touristes russes, après la crise qu’a connue le secteur du fait de la crise Covid et des restrictions. Ainsi, pour le Premier ministre grec, il s’agit surtout de «  réchauffer » les relations entre Moscou et Athènes et d’approfondir la coopération économique entre les deux pays2.
  • La Grèce demeure alignée sur la politique de l’OTAN. Le pays a notamment signé en octobre un accord avec les États-Unis pour renforcer leur coopération militaire3. Il y était notamment affirmé que « la Grèce et les États-Unis continuent tous deux à soutenir fermement l’intégration euro-atlantique des Balkans occidentaux, y compris du Kosovo, et soulignent l’importance d’entamer d’urgence les négociations d’adhésion entre l’Union européenne et l’Albanie et la Macédoine du Nord, conformément aux conditions fixées. »
  • Le ministre Varvitsiotis a cependant déclaré qu’il « reconnaissait que sur certains sujets importants pour la Grèce, comme Chypre, la Russie joue un rôle positif au Conseil de sécurité des Nations Unies », et que « la communication devrait être régulière et substantielle ». Chypre est en effet, depuis 1983, scindé entre un État du nord se revendiquant turc, ayant fait sécession en 1983 et n’étant reconnu que par la Turquie, et un État autonome peuplé d’une majorité de personnes d’origine grecque au Sud. L’île est alors régulièrement l’objet de tensions entre la Grèce et la Turquie. 
  • Chypre est par ailleurs en première ligne face à l’afflux de migrants. Durant son voyage en Grèce et à Chypre du 2 au 6 décembre, le pape François a rappelé la nécessité de la solidarité avec des mots particulièrement marquants : « Cela nous rappelle l’histoire du siècle dernier, des nazis, de Staline, et on se demande comment cela a pu se passer. Mais ce qui s’est passé autrefois est en train d’arriver aujourd’hui sur les côtes voisines. (…) Il y a des lieux de torture, des gens qui sont vendus. Je le dis car c’est ma responsabilité d’ouvrir les yeux. »4.
  • La visite du Premier ministre grec à Sotchi intervient alors que les tensions à la frontière russo-ukrainienne sont au plus haut. Kiev continue d’alerter et d’exprimer ses craintes face à une possible offensive russe. La Russie continue à masser ses troupes à des points stratégiques de la frontières. Un responsable de l’administration Biden a déclaré vendredi dernier que Moscou « [prévoyait] une offensive militaire contre l’Ukraine dès le début de 2022, avec des forces deux fois plus importantes que celles que nous avons vues au printemps dernier lors du renforcement rapide des capacités militaires aux frontières ukrainiennes »5.
  • L’appel entre Biden et Poutine, qui a eu lieu mardi, a été salué par le ministre des Affaires étrangères ukrainiens Dmytro Kuleba comme ayant permis la « dissuasion et la désescalade », sans que cela soit cependant suffisant à régler les tensions6. Les États-Unis affirment en effet qu’en cas de mouvements contre l’Ukraine, les sanctions seraient économiques et financières, visant notamment le gazoduc Nord Stream 2.