• En janvier 2022 prend fin le double mandat de Juan Orlando Hernández, membre du Parti National (PN) et premier président qui réussit à se faire réélire en 2017, défiant la loi hondurienne. Hernández a su faire usage de ses mandats pour consolider son clan et son parti au sein de l’État. Les Zones d’Emplois et de Développement Économique constituent le dernier élément le plus polarisant de son programme : elles constituent des enclaves favorables à un groupe réduit de la société, avec des lois et des normes différentes d’entreprenariat aux lois nationales. Ce n’est finalement que la concrétisation du slogan du gouvernement : “Honduras is open for Business”. Le président sortant fait face aux accusations de narcotrafic portées par le Tribunal de New York. Son frère a également été accusé et condamné à perpétuité pour narcotrafic aux États-Unis. Le candidat du PN, Nasry Asfura, est perçu comme le successeur du régime de Hernández, et est quant à lui célèbre pour des cas de détournement des finances publiques de mairie de la capitale, Tegucigalpa. 
  • Le terrain politique s’est vu élargi suite aux élections de 2013, lorsque comme conséquence du coup d’État de 2009, des nouveaux partis politiques ont été créés. Le Parti Anticorruption (PAC) et le Parti Liberté et Refondation (LIBRE) voient respectivement à leurs têtes le présentateur de télévision Salvador Nasralla, et l’ex président et ancien libéral déchu Manuel Zelaya. Quatorze partis politiques se sont présentés aux élections générales du dimanche 28 novembre 2021. Xiomara Castro, épouse de l’ex président Zelaya, est la candidate de l’opposition qui, d’après le dépouillement partiel, devrait remporter les élections, et porte Nasralla comme vice-président. Leur formule est également promue par le parti Innovation et Unité Social-Démocrate, et par le journaliste Milton Benítez, candidat du mouvement indépendant Honduras Humana. Nasralla avait failli remporter les élections présidentielles de 2017, auxquelles il s’était présenté avec LIBRE. Le Parti Liberal (PL), ayant remporté davantage de scrutins présidentiels que le PN depuis le « retour à la démocratie » en 1981, a perdu la moitié de ses adhérents en faveur de LIBRE et s’est vu reléguer dans le classement de chaque élection depuis 2013. Le candidat libéral, Yani Rosenthal, a vu sa réputation détériorée à cause de son implication dans des crimes financiers et a été emprisonné trois ans aux États-Unis en raison de ses liaisons avec le crime organisé et le narcotrafic.
  • L’encadrement électoral institutionnel et les lois qui le régissent sont en constante mutation au vu de l’instabilité politique qui caractérise le pays. A cet effet, le Tribunal Suprême Électoral, organe chargé de superviser les élections, a été remplacé par deux nouvelles institutions en 2019 : le Conseil National Électoral et le Tribunal de Justice Électorale. Ces institutions sont régies par des administrateurs choisis par les chefferies des principaux partis politiques, ce qui va à l’encontre des recommandations des observateurs internationaux. Le Registre National des Personnes a recensé 5.2 millions d’Honduriens en tant qu’électeurs inscrits, sur un population totale de 9,9 millions d’habitants. Néanmoins, 170 000 citoyens n’ont pas obtenu leur nouvelle carte d’identité, indispensable pour exercer le suffrage. A cela s’ajoute un taux d’abstention considérable, qui est à la hausse depuis 2013 (39 %) et 2017 (43 %), n’atteignant pas encore la moyenne record de 50 % en 2009.
  • Selon l’Observatoire National de la Violence de l’Université Nationale du Honduras, entre décembre 2020 et octobre 2021, 59 militants des principaux partis politiques ont été assassinés ou victimes de la violence politique. Le document enregistre 12 homicides contre des membres des rangs du PN, 7 de LIBRE et 7 du PL, cela dans un pays avec un taux d’homicides de 44 morts pour 100 000 habitants. Il en résulte une difficulté pour discerner les crimes politiques de la délinquance. En début novembre, quatre nouvelles victimes sont à déplorer au cours de cette campagne. Trois candidats aux élections municipales du PL et un coordinateur de LIBRE ont été tués.
  • Sur 5 182 425 électeurs inscrits, un total de 1 861 322 de voix ont déjà été dépouillées. Pour cette élection, 18 293 bureaux de vote ont été déployés. Chaque centre rend son bulletin au CNE une fois toutes les voix sont dépouillées. Le décompte en cours du CNE annonce que 9 411 bulletins sur 18 293 ont été déjà été dépouillés, soit 51,45 % du total des bulletins. Si la victoire de l’alliance d’opposition sous la bannière de LIBRE se confirme, la politique internationale prendra un virage vers des relations plus étroites avec la Chine, la Russie, le Venezuela, le Nicaragua et Cuba, en claire rupture avec la politique extérieure menée par le PN, ayant promu des liens étroits avec les États-Unis, la Colombie, Taiwan ou encore Israël.