Patrick Modiano, Chevreuse, Gallimard, 2021

« Pour la première fois depuis quinze ans, le nom de cette femme lui occupait l’esprit, et ce nom entraînerait à sa suite, certainement, le souvenir d’autres personnes qu’il avait vues autour d’elle, dans la maison de la rue du Docteur-Kurzenne. Jusque-là, sa mémoire concernant ces personnes avait traversé une longue période d’hibernation, mais voilà, c’était fini, les fantômes ne craignaient pas de réapparaître au grand jour. Qui sait ? Dans les années suivantes, ils se rappeleraient encore à son bon souvenir, à la manière des maîtres chanteurs. Et, ne pouvant revivre le passé pour le corriger, le meilleur moyen de les rendre définitivement inoffensifs et de les tenir à distance, ce serait de les métamorphoser en personnages de roman. »

Parution le 7 octobre

Compte-rendu à paraître sur le Grand Continent

Lire plus

L’Espèce humaine et autres écrits des camps, édition établie par Dominique Moncond’huy, Michèle Rosellini et Henri Scepi, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2021

« Il restera les livres, disait Jorge Semprun. Les récits littéraires, du moins, qui dépasseront le simple témoignage, qui donneront à imaginer, même s’ils ne donnent pas à voir… Il y aura peut-être une littérature des camps… je dis bien : une littérature, pas seulement du reportage… »

Les textes réunis dans ce volume ont été écrits entre 1946 et 1994 par des survivants des camps nazis. Ces survivants partagent un même dessein : témoigner de l’expérience qui a été la leur, la rendre mémorable dans une langue – le français – qu’ils ont reçue en héritage ou dont ils ont fait le choix. Moins en rapportant des épisodes extrêmes, des moments limites, qu’en rendant compte de l’ordinaire du temps concentrationnaire, sur quoi la mort règne et dans lequel s’effacent les formes et figures de l’humain.

Tous constatent que les mots manquent pour exprimer une telle insulte à l’espèce humaine. « On ne se comprenait pas » (Antelme). « Il n’y a rien à expliquer » (Cayrol). L’écriture touche là aux limites de son pouvoir. Dans une entreprise de cet ordre, impossible de satisfaire aux exigences de transparence et de véridicité généralement associées au langage quand il se fait témoignage. Pour que l’indéchiffrable monde des camps échappe, si peu, si partiellement que ce soit, à l’incommunicable, pour que quelque chose existe qui relève de la transmission, chacun de ces écrivains doit explorer l’envers du langage et approfondir la « réalité rêvée de l’écriture » (Semprun). C’est à « la vérité de la littérature » (Perec) qu’il revient de préserver la vérité de la vie.

Littérature. Le mot peut paraître sans commune mesure avec l’objet de tels récits. Il ne choquait pas leurs auteurs. C’est que la part littéraire ne relève pas chez eux d’un savoir-faire ou d’une rhétorique, moins encore d’un désir d’esthétisation. Mais d’un souci éthique de la forme, d’une morale du style. Antelme : « il faut beaucoup d’artifice pour faire passer une parcelle de vérité. » Semprun : « Raconter bien, ça veut dire : de façon à être entendus. On n’y parviendra pas sans un peu d’artifice. Suffisamment d’artifice pour que ça devienne de l’art ! » Permettre d’imaginer l’inimaginable, rendre le lecteur sensible à une vérité aussi inconcevable exige une profonde réélaboration de la réalité.

C’est en cela que les livres ici réunis sont des chefs-d’œuvre de la littérature du second XXe siècle. Et c’est pour cela que les qualifier de chefs-d’œuvre de la littérature ne les disqualifie pas, ne les rend pas inférieurs à la fonction que leur ont assignée leurs auteurs : témoigner d’« une catastrophe qui a ébranlé les fondements mêmes de notre conscience » (Cayrol).

C’est bien à la littérature – ici non pas truchement de l’illusion, mais instrument de la vérité – que ces survivants, ces écrivains, ont confié le soin de dérober au silence et à l’oubli une part de leur expérience et une pensée de ce que furent les camps, non pas simple moment de l’Histoire, mais entreprise sans précédent de négation de l’homme. 

En librairie le 7 octobre 2021

Lire plus 

Paolo Cognetti, La félicité du loup, Traduit de l’italien par Anita Rochedy, Stock, 2021

Fausto a quarante ans, Silvia en a vingt-sept. Il est écrivain, elle est artiste-peintre. Tous deux sont à la recherche d’un ailleurs, où qu’il soit. Alors que l’hiver s’installe sur la petite station de ski de Fontana Fredda, au cœur de la Vallée d’Aoste, ils se rencontrent dans le restaurant d’altitude Le Festin de Babette. Fausto fait office de cuisinier, Silvia, de serveuse. Ils se rapprochent doucement, s’abandonnant petit à petit au corps de l’autre, sans rien se promettre pour autant. Alors qu’arrive le printemps et que la neige commence à fondre, Silvia quitte Fontana Fredda pour aller toujours plus haut, vers le glacier du Felik, tandis que Fausto doit redescendre en ville rassembler les morceaux de sa vie antérieure. Mais le désir de montagne, l’amitié des hommes et des femmes qui l’habitent et le souvenir de Silvia sont trop forts pour qu’il résiste longtemps à leur appel.

Après le succès des Huit Montagnes, Paolo Cognetti revient sur ses sommets bien-aimés avec une histoire d’amour, véritable ode à la montagne tour à tour apaisante, dangereuse, imprévisible et puissante.

Lire plus

Davide Orecchio, Storia aperta (Histoire ouverte), Bompiani, 2021

« Il n’avait pas été difficile de remplacer mon fascisme par mon communisme ; j’ai changé le conducteur de ma voiture, j’ai révolutionné idées et sentiments, mais mon horizon, le Parti, est resté inchangé : un parti moral, total ».

Quatre ans après Mio padre la rivoluzione (Minimum fax, 2017), Davide Orecchio (né à Rome en 1969), historien de formation, creuse l’histoire du XXe siècle italien dans un gros volume atypique de 600 pages, fruit de presque vingt ans de recherches et lectures. Dans Storia aperta, Orecchio explore avec talent les destinées «  ouvertes » des hommes et des femmes qui ont écrit l’histoire politique et sociale du siècle passé, une « génération diachronique », comme l’auteur aime à la définir.

À partir de textes publiés, romans, essais, sources inédites, documents d’archives, Orecchio joue avec les biographies infidèles de ses personnages, réels et fictifs : on y retrouve Felice Chilanti (1914-1982), journaliste et écrivain ; Mario Alicata (1918-1966), homme politique et critique littéraire ; Davide Lajolo (1912-1984), journaliste, écrivain, dirigeant du Parti communiste italien ou encore Ruggero Zangrandi, militant de la « gauche fasciste », puis fondateur du Parti socialiste révolutionnaire  ; Antonello Trombadori, communiste, critique d’art et de cinéma après la guerre.

Au centre de cette surprenante matière narrative, composite et plurielle, la reconstruction de la vie de Pietro Migliorisi, personnage de fiction inspiré par la figure de son père, Alfredo Orecchio, né en Sicile en 1915 et mort à Rome en 2001 : l’éducation fasciste, la rencontre avec Michela, l’Éthiopie, le front gréco-albanais, la prise de conscience politique, l’adhésion au parti communiste, la Résistance, le militantisme, la vocation littéraire, le terrorisme, puis, enfin, la destinée tragique du Parti, la découverte de la « vérité », la perte de l’identité, la vieillesse.

Le résultat est une œuvre magistrale qui fait parler d’une seule voix, celle de l’auteur, toutes les innombrables vies qui ont traversé un siècle d’ombres et de lumières : « Et maintenant que nous sommes revenus dans nos villes, après avoir recueilli toutes les œuvres, les lettres, sur les enfants diachroniques, nous nous limiterons à une seule voix, la mienne : j’apprendrai l’histoire et je la raconterai seul ».

Lire plus

Thierry Hesse, Une vie cachée, Éditions de l’Olivier, 2021

D’abord, il y a cette photo du grand-père qui date du début des années mille neuf cent dix, « Franz » en uniforme d’appelé de l’armée du Kaiser Wilhelm II. Un adolescent sévère au visage d’oiseau figé dans un uniforme lisse, qui semble sorti des Désarrois de l’élève Törless porté à l’écran par Schlöndorff. Une photo négligée puis oubliée, perdue, remémorée et retrouvée, qui va lancer l’enquête justifiant ce livre. Qui était donc ce Franz ou François qui a fini ses jours solitaire dans un triste appartement de la banlieue de Metz — « le tunnel » —, et que personne n’appelait jamais grand-père ? Franz et sa vie cachée.

Lorrain notoire, l’auteur de Démon (2009), Thierry Hesse n’avait pas jusqu’alors pris la mesure de ce qu’avait supposé pour son parcours d’homme et d’écrivain le fait d’être le rejeton d’une lignée de manants des confins français. « Les frontières sont des lames cruelles, de grandes haches au cœur des familles. » Dans la France gaullienne des années soixante, la germanité était gommée des pedigrees.

Quelle était l’énigme de cette existence brisée par la Grande Guerre dont Franz revint vivant, mais sidéré par l’absence de tant d’absents — morts certes, mais pas pour la patrie —, et parmi eux le plus absent de tous Charles ou Karl ? Charles l’ami, le frère d’élection tombé en 1915 en uniforme prussien à Selburg — aujourd’hui Sēlpils en Lettonie. Charles dont, de chagrin, il épousera la sœur, Aurélie. « En 1914, la plupart des Mosellans nés allemands et en âge de combattre sont expédiés sur le front de l’Est. Les autorités militaires veulent éviter une fraternisation avec les poilus français ».

Si Hesse attrape dans les mailles de son filet quelques faits précieux, ignorés et touchants qui permettent de reconstituer les traits de ce grand-père mutique, son butin au bout du compte peut sembler mince, tant les vies comme celles de Franz sont chiches de mots.

Il faut dire aussi que Thierry Hesse délaisse souvent la traque, se laisse distraire, avance « à sauts et à gambades », car les manques pour lui valent autant que les preuves. Et aussi que, sur les traces de ce grand-père soldat allemand, devenu tailleur français après-guerre, il se laissera surprendre par la révélation de sa propre germanité. L’écrivain qu’il est devenu comprend sa dette vis-à-vis d’une culture et d’une littérature allemande qui forment peut-être les plus solides soubassements de sa prose que l’on aurait pu croire si française. Lorsque le vernis d’une langue s’écaille, une autre apparaît. Kafka, Celan, Bernhard…

Thierry Hesse sent bien que l’étranger est certes son voisin, mais qu’il agit aussi en lui. Son Allemagne ne se résume ni à la guerre ni aux livres, elle passe par le corps — et il se laisse gagner par des flots de souvenirs adolescents. L’été 1976. Renate, la correspondante qui ressemblait à Patti Smith « son débardeur remonté au-dessus de ses seins, et le goût de sa langue dans la bouche ».

L’enquête de Thierry Hesse n’est ni celle d’un limier ni celle d’un historien, c’est le récit d’un écrivain philosophe qui pense comme il marche, en racontant. Croisant témoignage et autobiographie, histoire locale et européenne, récits et réflexions, il dévoile par petites touches « une vie cachée » entre francité et germanité, une hypothèse d’identité européenne, tissage d’appartenances si difficilement formulées.

Lire plus 

Lena Gorelik, Wer wir sind (Qui nous sommes), Hambourg, Rowohlt, 2021

Au début des années 1990, Lena Gorelik encore enfant quitte Saint-Pétersbourg avec sa famille pour venir s’installer en Allemagne dans l’espoir de vivre une vie meilleure. Son dernier roman, Wer wir sind (« Qui nous sommes ») retrace ce parcours jusqu’à l’âge adulte ainsi que toute une histoire familiale entre la Russie et l’Allemagne. La narratrice révèle non sans humour et autodérision les difficultés d’échapper à l’enfant russe qu’elle fut, comme celles de devenir l’enfant, puis la jeune femme allemande qu’elle aimerait être. Son texte a cette spécificité de s’appuyer sur des noms propres, des mots et expressions russes à partir desquels va se tisser son histoire, du moins celle qu’elle reconstruit à partir de ses propres souvenirs et qui finit par constituer ce « Je » qui se dit en russe dès le début du roman.

Lire plus

Mátyás Dunajcsik, Víziváros (Ville d’eau), Budapest, Jelenkor Kiadó, 2021

« Budapest est la ville des amours vrais et profonds. Croyez-moi, monsieur, quiconque connaît cette ville ne peut en parler qu’en larmes », dit l’écrivain Antal Szerb et ce livre parle d’un de ces amours, mais encore plus des histoires que nous racontons sur ces amours à nous-mêmes ou les uns aux autres. On est dans le Budapest vibrant et bondé des années 2010. Un skateur, étudiant en lettres à l’intellect indomptable et une jeune française mystérieuse qui se trouve par hasard dans la ville tombent inopinément amoureux – mais ce n’est pas eux qui décident si leur histoire commune finira par devenir un conte de fées ou un roman policier, mais les dieux capricieux de la ville et du Danube.

Le premier roman de Mátyás Dunajcsik qui s’est fait connaître comme poète, traducteur et critique est à la fois un love story urbanistique, une histoire de famille inhabituelle et un voyage vertigineux à Budapest, qui a existé et n’a pourtant jamais existé, qui a autant de visages que le Danube, qui roule à travers lui, faisant défiler des sédiments de l’histoire et des mythes.

« Le téléphone dans ma poche tremblait et j’ai sauté de mon poste comme si j’entendais des coups de feu. Aussitôt, je n’ai pas touché le téléphone en premier, mais j’ai regardé autour de moi, scannant les fenêtres à rideaux blancs du palais Emmer, l’entrée de la maison, les rues environnantes, pour voir si je pouvais apercevoir Christine en train de rire de mon désespoir, puis courir vers moi et sauter à mon cou.

Ce fut un long moment au ralenti quand j’ai sorti l’appareil et finalement osé regarder les petits caractères qui traversaient le haut de l’écran. C’était Kristof.

Sunday lunch @ Studio ? 15h ? I cook. A : ginger-garlic penne w/ shrimps and celery, B : rice wok thing w/ chicken, broccoli, spinach. Which one ? Shopping @ Grande Halle tomorrow, tell me by then. Hugz, Dad#2

Depuis que mon père et Kristof vivaient ensemble, ils avaient toujours ressenti une joie perverse à introduire les plus grands clichés petits bourgeois dans la vie quotidienne de notre famille insolite, comme le déjeuner du dimanche en famille que nous avons gardé même après que j’eus emménagé dans mon appartement et eux dans leur loft donnant sur le Danube. Sans compter que Kristof a introduit une véritable révolution gastronomique dans notre vie, et qu’à quatorze ans passés, j’ai enfin pu dire au revoir aux œufs brouillés, omelettes et salades de mon père et aux différentes cantines et lieux de restauration rapide où nous commandions nos repas depuis la mort de ma mère. »

Lire plus

Emeli Bergman, På undersiden af dagen (Au fond de la journée), Gutkind, 2021

Le premier roman d’Emeli Bergman, Au fond de la journée, raconte l’histoire d’Anna, 20 ans, qui vient en France en tant que jeune fille au pair. Prendre soin des maisons et des enfants appartenant à d’autres  : Au fond de la journée est un roman sur les frontières et les rôles qui mutent et s’effondrent. Sur le corps, la viande, le poisson, et la préparation de repas que vous n’allez pas goûter vous-même. Sur les structures familiales et les relations compliquées. Un roman ouvrier exquis, mélancolique et critique. 

Lire plus

Catherine Formet-Jourde, Rojan : l’art d’imaginer la poésie du réel, Association des amis du Père Castor, 2021

Porteurs dans les années trente d’une vraie révolution de la littérature enfantine, avec des titres comme Scaf, le phoque, Panache l’écureuil, Quipic le hérisson ou encore Bourru l’ours brun, les albums du Père Castor se sont imposés dans le sillage du Front populaire. Ils ont marqué des générations d’élèves et représentent aujourd’hui d’authentiques « lieux de mémoire » de l’école française républicaine. Couvertures souples, dessins virtuoses associés à des mises en page audacieuses, textes écrits à hauteur d’enfant pénétrés des valeurs humanistes — curiosité, liberté et tolérance. Mais leur omniprésence ne les aurait-elle pas banalisés au point de les rendre invisibles ?

Méconnue hors des cercles spécialisés des pédagogues et des professionnels du livre pour la jeunesse, l’histoire éditoriale du Père Castor a pourtant sa place parmi les plus formidables aventures intellectuelles et artistiques du XXe siècle. Fille de la Grande Guerre, cette collection extraordinaire est née de la rencontre improbable des mouvements européens d’innovation pédagogique de l’« Éducation nouvelle » et des avant-gardes artistiques russes et est-européennes fuyant le chaos sanglant de la guerre civile russe et de la dictature bolchévique — Nathalie Parain, Hélène Guertik, Alexandra Exter, Nathan Altman…

Ce bref essai de Catherine Formet-Jourde est consacré à Feodor Rojankovsky (1891-1970), dit Rojan, le personnage sans doute le plus emblématique. S’appuyant sur des sources de première main, elle retrace le parcours de cet artiste russe haut en couleur né à Mitau (aujourd’hui Jelgava en Lettonie) et mort à Bronxville aux États-Unis. Formé en Russie, Rojankovsky trouve refuge en Pologne en 1919 avant de s’installer en France en 1925, où il gagne sa vie comme illustrateur, dessinateur, graphiste pour l’édition et la publicité. Sa rencontre avec le pédagogue Paul Faucher en 1933 marque le véritable acte de naissance de la collection dont il dessine le légendaire rongeur. Pénétré d’art traditionnel russe, le style de Rojan allie un naturalisme virtuose à un usage de la couleur et de la composition marqué par le formalisme et le constructivisme. Richement illustré, le livre de Catherine Formet-Jourde est un guide érudit et gourmand à travers cette œuvre foisonnante — une invitation à reconquérir la naïveté émerveillée de son regard d’enfant.

Lire plus

Juan Bonilla, Nadie contra nadie (Personne contre personne), Seix Barral, 2021

Simón Cárdenas, éternel doctorant en philosophie, survit mal à Séville en concevant la page des mots croisés d’un journal local tout en essayant de faire décoller sa thèse sur le «  syndrome d’Alonso Quijano  ». Un jour, à la veille de la grande fête de la ville – la semaine sainte – il reçoit un étrange appel lui demandant d’inscrire, dans ses mots croisés du dimanche suivant, un mot qui semble répondre à un message codé. Et tout indique que ce qui semble d’abord être une blague est lié à une série d’événements organisés dans toute la ville dans le but de saboter les festivités et de semer l’hystérie dans les rues aux premières heures du matin. Avec l’aide de María, il se lance dans une série d’enquêtes pour découvrir qui est derrière tout cela.

Vingt-cinq ans après la publication de Nadie conoce a nadie et sa célèbre adaptation au cinéma par Mateo Gil, Juan Bonilla a écrit Nadie contra nadie à partir de zéro dans le but de donner aux lecteurs la version définitive de cette histoire qui a marqué toute une génération et l’a catapulté comme l’une des grandes promesses de la fiction contemporaine. Le résultat est un roman totalement nouveau d’un écrivain au meilleur moment de sa carrière, après avoir remporté le Premio Nacional de Narrativa, plein d’humour et qui sait parodier depuis les codes les plus populaires (romans policiers, thrillers à succès…) jusqu’à la haute culture (métafiction).

Lire plus

Simona Bohatá, Klikař Beny (Beny le veinard), Host, 2021

Le monde minable et délabré des faubourgs ouvriers des années 1980 avec ses cafés, ses ferrailleurs et chiffonniers, et le monde haut en couleurs des personnes qui l’habite. Le jeune Beny, qui vient de fuguer pour échapper à la violence de son père, trouve refuge dans la déchetterie de Fabrikant, un personnage original. Avec Hany l’invalide, Julie la lunatique et son frère Vít, ils forment une sorte d’étrange famille dans laquelle chacun a ses secrets et ses côtés sombres, mais aussi ces trésors cachés qui évoquent les «  perles au fond de l’eau  » de Bohumil Hrabal. Beny a besoin d’échapper au service militaire, de gagner un peu d’argent, de trouver un emploi et un endroit où vivre et, surtout, de temps pour s’adonner à sa seule passion : la photographie. Ce qui semble d’une simplicité triviale aujourd’hui était au temps du réalisme socialiste du début des années 1980 une aventure pouvant mener à la limite de la loi, voire au-delà. Surtout quand on avait à peine vingt ans et qu’on ne se faisait pas trop de soucis…

Lire plus

Lavinia Braniște, Mă găsești când vrei (Tu me trouves quand tu veux), Iași, Polirom, 2021

Un homme et une femme se rencontrent dans un aéroport et découvrent, par hasard, qu’ils ont la même destination. Après le voyage, l’étincelle laisse rapidement place à une relation intense, qui ne tarde pas non plus à faire émerger certains problèmes. Elle s’évadera à plusieurs reprises, mais il la ramènera à chaque fois, la rendant progressivement dépendante de lui. Mais comment les choses pouvaient-elles marcher entre un homme si sûr de lui et plein de mystère, qui semble venir de nulle part, et une femme qui traîne l’échec de toutes les relations dont elle a été le témoin, en commençant par celle de ses parents ?

« La jeune roumaine écrit d’une manière différente et rafraîchissante, mordante, courageuse, limpide. » (Annette König, Die BuchKönig bloggt)« L’une des voix les plus puissantes de la jeune littérature roumaine. » (Medana Weident, Deutsche Welle)

Lire plus

Crédits
Cette sélection, coordonnée par Mathieu Roger-Lacan, a été composée grâce à Nicolas Auzanneau, Ildikó Józan, Benoît Meunier, Lilian Munk Rosing, Irene Nanni, Emmanuelle Terrones, Florent Zemmouche.