• Les Talibans constituent un mouvement reconnu comme organisation terroriste par un certain nombre de pays dont le Canada, la Russie, les Émirats arabes unis ou bien le Kazakhstan. Depuis qu’ils ont repris le pouvoir dimanche dernier après être entrés dans Kaboul, ils ont rétabli l’Émirat islamique d’Afghanistan, confondant ainsi le mouvement taliban et l’État afghan.
  • Si certains pays dont le Canada se sont empressés de déclarer qu’ils ne reconnaîtront pas les Talibans comme le gouvernement légitime d’Afghanistan (comme c’était le cas entre 1996 et 2001), d’autres adoptent une posture plus prudente1. Le Pakistan, soutien bien connu des Talibans et l’un des rares pays à les avoir reconnus comme gouvernement légitime lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001, ne s’est toujours pas prononcé sur la question.
  • Les présidents français et américain ont tous deux pris la parole sur la prise de pouvoir par les Talibans lors d’allocutions qui ont fait des émois. En France, une vidéo a été publiée en anglais et en français sur le compte Twitter d’Emmanuel Macron après son discours, visant à lutter contre les « détournements » de certains de ses propos2. Le choix d’évoquer la lutte contre les « flux migratoires irréguliers vers l’Europe » — un jour après la chute du régime et la diffusion d’images chocs de l’aéroport de Kaboul — comme une des priorités nationales a été perçu par un grand nombre comme insensible, entraînant quelques fake news sur ce qu’aurait dit Emmanuel Macron.
  • Ce lundi 16 août, le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré que les États-Unis n’avaient pas encore décidé de la posture qu’ils allaient adopter face à la prise de pouvoir par les Talibans. Dans la même ligne que les propos de Jean-Yves le Drian prononcés mardi 17 août, les deux gouvernements attendent des « preuves » et des « signes de changement » de la part des Talibans, notamment concernant le respect des droits de l’Homme, avant de prendre leur décision3.
  • La grande inconnue demeure pour le moment la Chine, qui a récemment montré des signes de volonté de travailler avec les Talibans — l’Afghanistan occupe une importante position dans les Nouvelles routes de la soie —, alors qu’une délégation a été reçue par le ministre chinois des Affaires étrangères à Pékin le 28 juillet dernier. Dans un communiqué publié lundi, la Chine maintient sa ligne de « respect de la souveraineté de l’Afghanistan » et déclare que le pays est prêt à « développer des relations de bon voisinage ainsi qu’une coopération amicale avec l’Afghanistan »4.
  • Plusieurs officiels russes ont pour le moment envoyé des signaux vagues quant à une possible reconnaissance du régime des Talibans. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que « la Russie ne se précipiterait pas », avant de qualifier les Talibans de « force politique » (alors que la Russie les considère dans le même temps comme un groupe terroriste). Zamir Kabulov, l’envoyé présidentiel russe en Afghanistan, a laissé entendre que la Russie serait prête à reconnaître les Talibans si ces derniers garantissent le respect des droits de l’Homme en Afghanistan5.
Sources
  1. « Canada will not recognize Taliban as Afghan gov’t – PM Trudeau », Reuters, 17 août 2021.
  2. Tweet d’Emmanuel Macron, 16 août 2021.
  3. « Prove you have changed, France tells Taliban », Reuters, 18 août 2021.
  4. Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Conférence de presse du 16 août 2021.
  5. Robyn Dixon, « Russia sees potential cooperation with Taliban, but also prepares for the worst », The Washington Post, 18 août 2021.