La reine Elisabeth II a annoncé vendredi 9 avril la mort du duc d’Édimbourg via un message diffusé sur les réseaux sociaux de la famille royale britannique.

  • Issu de la maison royale de Grèce, que sa famille quitte après le coup d’État de 1922 (il avait un an), il grandit en France et au Royaume-Uni, deux pays dans lesquels sa famille est liée aux dynasties régnantes ou ayant régné, il est brièvement scolarisé en Allemagne où ses sœurs se sont mariées mais quitte le pays après que le fondateur juif de son école (la très prestigieuse Schule Schloss  Salem) eut commencé à être persécuté. Il revient au UK à ce moment-là. Philip Mountbatten est ainsi lié à toutes les dynasties d’Europe par sa naissance et son mariage (y compris les Bonaparte – il est le neveu par alliance de la psychanalyste Marie Bonaparte). 
  • En 1939, il s’engage dans la Royal Navy et se distingue en étant décoré par le Royaume-Uni, la France et la Grèce. Il continue sa carrière militaire jusqu’à l’avènement d’Élisabeth II en 1952. Il l’a épousée 5 ans plus tôt. À partir de l’avènement d’Elisabeth II, sa vie se confond avec celle de son épouse. Il joue un rôle protocolaire sans recevoir le titre de roi mais jouit de la préséance sur tous les membres masculins de la famille royale (y compris le prince de Galles) sauf au Parlement. Son rôle est progressivement fixé dans les années 1950.
  • Comme presque tous les membres de la famille royale qui en faisait partie, il quitte la Chambre des Lords après le House of Lords Act de 1999 qui abolit l’essentiel des pairies héréditaires (sauf 92 à titre provisoire) et divise par deux le nombre de membres de la Chambre haute du parlement. Pendant le demi-siècle qu’il a passé dans cette chambre, il n’a jamais pris la parole. Son humour confinant parfois au mauvais goût marqué par les stéréotypes racistes de l’Angleterre impériale lui valut la réputation de gaffeur. Il prend sa retraite en 2017, ce qui en fait à ce jour le «  active royal  » ayant «  travaillé  » le plus tard. 
  • Dans la culture populaire, il apparaît comme un personnage secondaire dans un certain nombre de films consacrés à d’autres membres de la famille royale : Charles et Diana (The Royal Romance of Charles and Diana, 1982 – Charles & Diana : A Royal Love Story, 1982), la princesse Margaret (The Queen’s Sister, 2005), la reine (The Queen, 2006).
  • Il faut attendre la série The Crown pour voir le Prince Philip devenir un personnage central, du moins dans les deux premières saisons qui mettent en scène sa jeunesse aux côtés de la reine : la série insiste sur la difficile adaptation d’un jeune homme conservateur, embrassant les préjugés sociaux, genres et raciaux de l’aristocratie britannique du premier XXe siècle, à son rôle de prince consort qui induit qu’il soit toujours second après sa femme (et par moments après son fils).
  • Aujourd’hui, face à une panne de la représentation démocratique, la monarchie britannique sert d’institution refuge : dans un pays traversé par une crise politique depuis le Brexit, la Couronne est l’un des rares symboles à continuer de faire consensus. La reine et, plus généralement, la famille royale tirent profit de leur double statut d’icônes — littéralement, puisque leurs images sont présentes partout des tasses à thé aux réseaux sociaux — condamnées au silence.