Cette note de travail est également disponible en anglais sur le site du Groupe d’études géopolitiques.

Le marché des antiquités attire aujourd’hui de plus en plus l’attention en Europe comme aux États-Unis1 en raison des attaques sans précédent que connaissent des sites culturels partout dans le monde, mais également de l’institutionnalisation du pillage des « antiquités de sang » par l’organisme terroriste « Daesh » (amenant certains à évoquer le risque d’un « marché de destruction massive »2).

À cela s’ajoutent les questions soulevées par le fonctionnement du marché mondial de l’art de manière plus générale, en raison de sa régulation et d’une culture de la conformité plus faibles que dans d’autres marchés. Cet ensemble crée au total des vulnérabilités reconnues : risque géopolitique et sécuritaire (financement du terrorisme, criminalité organisée3, etc.) ; risque diplomatique4 et culturel (destruction de l’identité des peuples ; revente d’objets volés) ; risques économiques multiples du fait de prix éminemment subjectifs et variables pouvant échapper à la rationalité économique : blanchiment d’argent, fraude et évasion fiscale5 ; risque systémique posé enfin pour les acheteurs6 par la présence massive de faux objets produits en quantité industrielle et qui inondent le marché. 

D’une manière comparable aux « diamants de sang », un problème global de cette ampleur (aggravé par la crise du Covid-19, comme le montrent des informations de pays sources7 ou les ventes en ligne8) ne pourra être réglé que par une solution globale. L’Union européenne et les États-Unis, principales zones de marché, progressent de manière significative. Au-delà de l’action des services répressifs, se pose la question d’une régulation globale et adaptée pour régler le coeur de la question.