Le vendredi 5 février dernier, le gouvernement russe a ordonné l’expulsion de trois diplomates allemands, polonais et suédois, justifiant cette décision par une violation de la Convention de Vienne (1969). En particulier, le Kremlin a précisé que sa décision d’expulser le diplomate suédois, employé du consulat suédois de Saint-Pétersbourg, n’est que le résultat de sa participation le 23 janvier dernier à des manifestations appelant à la libération d’Alexeï Navalny. Les trois chancelleries européennes ont immédiatement protesté contre cette décision. A Stockholm, on assure que ce diplomate se contentait d’observer le déroulement des manifestations, en respect des us diplomatiques. Cependant, Moscou l’interprète comme une ingérence dans les affaires internes du pays1.

Le ministère des Affaires Etrangères suédois voit dans cette expulsion une mesure de rétorsion pour l’implication de la Suède dans l’affaire Navalny. Rappelons que la preuve de l’empoisonnement de l’opposant russe a été établie par un laboratoire suédois, élément à charge que ne cesse de contester la Russie. Plus largement, la relation bilatérale entre les deux pays riverains de la Baltique est altérée depuis plusieurs années, notamment à cause des incursions russes dans l’espace aérien et maritime suédois. La visite d’Ann Linde le 2 février dernier a été encore une occasion d’évoquer ces sujets, lors d’un dialogue que la ministre a qualifié de « difficile »2.

Cette expulsion a provoqué de vives réactions au sein de la classe politique suédoise. Le leader de l’opposition (Modérés) Ulf Kristersson appelle le gouvernement suédois à expulser à son tour des diplomates russes3. A. Linde a annoncé que cette mesure était envisagée, mais que le royaume scandinave souhaitait accorder sa riposte avec la Pologne et l’Allemagne. La ministre a en outre annoncé ce dimanche 7 février à la télévision suédoise que le gouvernement comptait plaider pour un renforcement des sanctions à l’encontre de la Russie lors du prochain Conseil européen4.