Le gouvernement chinois a annoncé la semaine dernière son intention de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les « droits légitimes » des compagnies chinoises en Suède. Le porte-parole du gouvernement a appelé la Suède à reconsidérer ses décisions relatives au bannissement des équipementiers chinois pour les installations 5G, au risque de mettre en péril les relations commerciales bilatérales1.

En octobre dernier, les autorités suédoises ont annoncé que les opérateurs de télécommunications nationaux ne pourront pas utiliser des équipements produits par Huawei et ZTE dans leurs réseaux 5G. Cette décision a été prise après la remise de deux rapports consécutifs par les forces armées suédoises (Försvarsmakten) et les services de sécurité (Säpo), recommandant de bannir les deux entreprises des marchés publics pour la 5G2. En outre, les deux administrations ont conseillé de ne pas reconduire les marchés avec les deux firmes au-delà de janvier 2025. Chacun des rapports pointe le risque de voir la Chine contrôler les flux d’information sur le territoire suédois.

Toutefois, le gouvernement chinois réfute ces allégations. Le porte-parole du gouvernement chinois accuse la Suède de violer les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en justifiant sa décision par des motifs de sécurité nationale3. Pékin y voit plutôt une manière déguisée de protéger Ericsson, entreprise suédoise qui est une des rares compagnies de télécommunication concurrentes de Huawei. La presse chinoise a notamment accusé la famille Wallenberg, dont est issu l’un des dirigeants d’Ericsson, d’être à l’origine de la décision du gouvernement. Pourtant, les dirigeants d’Ericsson craignent des représailles suite aux dégradation des relations entre les deux pays. Son PDG a récemment rappelé que l’entreprise est dépendante de la Chine, où elle s’est positionnée sur le marché de la 5G4. Jerker Hellström, directeur du Centre Suédois d’études sur la Chine, estime que la Suède fait office d’avertissement pour les autres pays tentés de l’imiter, surtout la Finlande et l’Allemagne.