Le degré d’incertitude est beaucoup plus élevé que lors de la première vague, pendant laquelle on croyait (à tort) que le taux d’infection diminuerait rapidement et resterait faible par la suite. Cette fois, notre capacité à réduire rapidement le taux d’infection et à le maintenir ensuite à un niveau bas est davantage mise en question. Cette incertitude aura probablement un effet négatif sur le comportement des entreprises et des travailleurs en matière de consommation et d’investissement.

Par rapport aux premiers confinements nationaux, l’objectif actuel est de maintenir un niveau d’activité plus élevé – par exemple en maintenant les écoles ouvertes et en permettant ainsi aux parents d’aller travailler (on ne peut encore dire si cette mesure pourra se maintenir) – de sorte que les effets d’offre pourraient être moins forts que lors de la première vague. Cependant, l’incertitude accrue pourrait avoir un effet négatif plus large sur la consommation et l’investissement, engendrant une chute de la demande agrégée et, potentiellement, une baisse plus importante du PIB.

Autre point, la politique budgétaire devra peut-être être plus généreuse ou agressive que pendant le premier confinement, et ce pour deux raisons : 

  • Premièrement, lors de la première vague, les aides de l’État aux entreprises directement affectées par les restrictions avaient largement pris la forme de prêts et de délais de paiement d’impôts. Suivre la même approche pendant la deuxième vague mènerait à des taux d’endettement et des taux de faillite très élevés parmi les entreprises touchées. Ainsi, les aides devront davantage prendre la forme de subventions que de prêts, une option plus coûteuse pour le gouvernement.
  • Deuxièmement, étant donné l’incertitude élevée, la demande privée risque d’être plus faible, ce qui nécessitera des politiques de stimulation de la demande globale en plus des mesures de protection sanitaire.

Cette situation mènera probablement à de très hauts niveaux d’endettement public. Je continue à penser que cette dette élevée n’engendrera pas nécessairement une crise de la dette. Les taux d’intérêts sont encore faibles et, grâce à la BCE, vont probablement encore diminuer à court terme. Par ailleurs, les facteurs fondamentaux derrière ces faibles taux amènent à penser qu’ils resteront bas pendant encore longtemps. Ainsi, il est très probable que le service de la dette reste soutenable.

Rien n’est certain dans la vie, et encore moins dans cette crise. Il pourrait y avoir de nouvelles vagues, de nouvelles dépenses. Les investisseurs pourraient perdre leur confiance, les primes de risque pourraient mener à des taux d’intérêt plus élevés, et la BCE pourrait s’avérer incapable de contrer cette hausse. 

Faire des économies de bouts de chandelle en laissant se produire des faillites à grande échelle, en limitant les allocations chômage et en laissant la demande s’effondrer serait un mauvais calcul à long terme. Les gouvernements devront avoir les nerfs solides. Espérons qu’ils les ont.