La Turquie et l’Europe

Depuis le mois de juin, les tensions montent en Méditerranée orientale. La dernière annonce en date nous vient d’Ankara, qui a prévu des « exercices d’artillerie » en mer pour ce mardi et ce mercredi. 

• Pas d’apaisement : les exercices militaires se multiplient côté turc et côté européen . En vue, l’exploitation de gisements gaziers, à laquelle s’ajoutent des tensions religieuses cristallisées par la reconversion de la basilique byzantine Sainte-Sophie en mosquée par Erdogan. 
• La France est engagée dans le bras de fer, au côté de Chypre et de la Grèce, également soutenues par l’Italie. Des soutiens militaires ont été envoyés à plusieurs reprises et les activités de forage turques, clairement condamnées. ¹
• L’Allemagne se pose comme arbitre plutôt qu’acteur. La diplomatie allemande renouvelle ses appels à la désescalade. La conception bismarckienne de l’Allemagne comme « honnête courtier » des contentieux internationaux permet d’éclairer ce positionnement. ²
• Silence de Washington  : la raison de l’instauration de ce rapport de force par la Turquie pourrait être non seulement la volonté de profiter des gisements gaziers, mais surtout de profiter du vide diplomatique laissé par les États-Unis — au moins jusqu’à la présidentielle américaine de novembre — pour affirmer sa puissance dans la région. ³
• La Turquie et la Russie unies par l’Occident ? Malgré les rivalités historiques et actuelles qui divisent les deux rives de la mer Noire, un point commun dans leur positionnement pourrait les rapprocher : l’isolement de l’Europe. ⁴