Aujourd’hui, jeudi 25 juin, la Charte des Nations Unis aura 75 ans. Depuis 1945, l’ordre issu de la Seconde Guerre mondiale a eu le temps d’être bousculé par un agrégat de crises. L’évolution des équilibres internationaux se poursuit et semble avoir été accélérée par la pandémie. L’occasion de faire un bilan des différentes tendances et hypothèses qui se dessinent sur la recomposition de l’ordre mondial.

  • Les véritables leçons du 75e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale  : c’est le titre du texte publié par Vladimir Poutine le 18 juin dernier. Alors que le pouvoir central est fragilisé par un faisceau de causes, cette véritable réécriture de l’histoire qui refoule les mots de communisme et de démocratie – absents du texte – a pour but d’affirmer en interne comme à l’extérieur la supériorité de l’actuel régime russe et du modèle poutinien face à celui des démocraties libérales, à moins de deux semaines du référendum constitutionnel du 1er juillet.     
  • Diplomatie russe. Le défilé remplaçant la parade du 9 mai, Jour de la Victoire, aura lieu ce mercredi dans les 28 villes russes qui ont accepté de l’organiser. La participation d’Emmanuel Macron à cette grande messe de la diplomatie russe est encore incertaine.
  • Une influence croissante de la Chine dans les institutions internationales. Le vide laissé par les États-Unis et le travail patient et très offensif de la Chine ont contribué à façonner le paysage onusien d’aujourd’hui, comme cela s’est illustré pour l’OMS dans le contexte de la pandémie. La Chine a également gagné en influence au sein de la FAO et a été au centre des derniers forums de Davos, où Xi Jinping s’était présenté comme le nouveau champion du multilatéralisme.1
  • Un D10. Un nouveau groupe des démocraties pourrait voir le jour, ajoutant au G7 actuel l’Australie, la Corée du Sud et l’Inde. L’un de ses objectifs serait de contrer la progression de l’influence chinoise et d’offrir une alternative sur les marchés mondiaux, par exemple – comme l’a souligné Boris Johnson – dans le domaine des nouvelles technologies et de la 5G.2
  • L’Europe entre la Chine et les États-Unis. La position de l’autonomie stratégique ouverte, récemment défendue par le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, serait celle d’une Europe refusant l’ordre bipolaire et s’imposant comme médiateur entre les deux pôles pour défendre ses intérêts. L’agenda du moment, tirant les leçons de la crise sanitaire, semble être centré sur la réduction de la dépendance face à la Chine.
  • Vers un siège européen au Conseil de sécurité de l’ONU. L’ancien proche conseiller diplomatique d’Angela Merkel, Christoph Heusgen nous le rappelait : “la Chancelière voudrait que l’on aille dans la direction d’un siège européen au Conseil de sécurité où la France siégerait pour l’Europe : un siège français européanisé en somme”.3
Sources
  1. VERON Emmanuel, LINCOT Emmanuel, Organisations internationales : le spectre d’une hégémonie chinoise se concrétise, Le Grand Continent, 26 avril 2020
  2. PÉRIÉ Jessy, L’Europe est-elle trop lente pour la course à la 5G ?, Le Grand Continent, 8 juillet 2018
  3. STOLERU David, Diplomatie allemande et européenne à l’ONU, une conversation avec Christoph Heusgen, Le Grand Continent, 13 juin 2018