Guatemala City. Au-delà d’une crise sanitaire au niveau mondial, le Covid-19 représente aussi le renforcement des inégalités socio-économiques préexistantes. Les groupes vulnérables risquent de souffrir des impacts plus durs et à long terme. En faisant face à une marginalisation historique -aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés, les peuples autochtones affrontent aujourd’hui des défis particuliers qui mettent en évidence les fissures des États auxquels ils appartiennent. Cependant, ces acteurs largement invisibilisés s’organisent collectivement pour lutter contre le virus à travers des initiatives communautaires basées sur leurs connaissances traditionnelles. Celles-ci, dont certaines d’entre elles observables dans les Amériques, s’avèrent désormais indispensables pour penser au futur du monde entier, donnant des pistes pour la conception d’une « nouvelle normalité » pour l’humanité. 

Des inégalités historiques…

Les peuples autochtones se trouvent dans plus de 90 pays et représentent plus de 476 millions de personnes. Alors qu’ils ne représentent que 6 % de la population mondiale1, ils constituent plus de 15 % des individus en extrême pauvreté dans le monde. Les peuples autochtones englobent une large diversité de groupes, de traditions, de croyances, et plus de 7000 langues2. Cependant, ils partagent des caractéristiques communes, dont l’appartenance aux groupes non-dominants des sociétés, ce qui est fortement lié à des discriminations et marginalisations historiques, étroitement ancrées aux processus de colonisation. Actuellement, les peuples autochtones sont près de trois fois plus susceptibles d’être dans l’extrême pauvreté que leurs homologues non-autochtones3. De même, ils sont plus susceptibles de travailler dans les secteurs informels de l’économie et de ne pas avoir accès à des emplois de qualité. 

Malgré cela, même s’ils représentent une petite partie de la population mondiale de plus en plus largement exclue, les peuples autochtones jouent un rôle indispensable au niveau mondial, notamment dans la lutte contre le changement climatique. Ils sont reconnus comme « gardiens de la biodiversité », puisque les territoires autochtones représentent 80 % de la biodiversité de la planète4. Leur relation avec la nature est étroitement liée à leur spiritualité et vision du monde, leurs pratiques étant respectueuses de leur environnement. 

…renforcées par la crise Covid-19

Les peuples autochtones se voient durement affectés par la pandémie et les inégalités auxquelles ils font face se voient accrues. L’exclusion et la pauvreté des peuples autochtones n’est pas uniquement un problème des pays en développement, mais aussi des pays développés tels que l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande ou les États-Unis.5 Ces inégalités sont fondamentalement sociales et économiques, mais aussi immunitaires -notamment dans le cas de certains peuples de l’Amazonie, où les groupes non contactés risquent d’être victimes d’un ethnocide.6

Historiquement à l’écart des États, les peuples autochtones trouvent plusieurs barrières indispensables pour se protéger contre le virus, notamment liées aux services de base7, lesquels contribuent à promouvoir la dignité humaine, la qualité de vie et la durabilité des moyens d’existence. Cependant, la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail énonce que les peuples indigènes doivent jouir pleinement des droits et des libertés fondamentales, sans entrave ni discrimination.8 

Une première barrière est celle de la communication, une partie des communautés ne maîtrisant pas les langues principales. Les messages clés sur la façon de se protéger contre le virus ne sont parfois pas transmises dans toutes les langues autochtones. C’est ainsi que, dans certaines communautés, les médias communautaires jouent un rôle essentiel pour atteindre les plus éloignés.9  

L’accès à l’eau potable, l’assainissement et la gestion de déchets (WASH) sont des services indispensables dans le contexte sanitaire actuel. Cependant, partout dans le monde, il existe des disparités dans la couverture de ces services entre les peuples autochtones et non autochtones10, particulièrement dans les contextes ruraux les plus éloignés. Une étude menée en Australie démontre que l’eau à laquelle ont accès plusieurs groupes peut être contaminée par des microbes ou des produits chimiques et que l’équipement pour le traitement des eaux usées peut être mal entretenu, affectant la santé des résidents négativement.11 Ces conditions posent des problèmes quant au maintien d’une hygiène de base, notamment dans le contexte d’une pandémie. 

Dans le cas de protection sociale, services de santé et d’urgence, les peuples autochtones n’ont pas -ou quasiment pas- de couverture sociale.12 Que ce soit dans le milieu rural ou urbain, les personnes autochtones exercent principalement des activités traditionnelles ou travaillent dans le secteur informel. L’extension de la couverture sociale devient indispensable dans la crise actuelle13

La crise du Covid-19 affecte déjà de manière disproportionnée les femmes, notamment dans le secteur du « care »14. Ainsi, le Covid-19 renforce les désavantages intersectionnels auxquels font face les femmes autochtones. Dans un contexte social exempt d’un système de santé fiable, les femmes sont souvent responsables des soins de leurs familles de l’éducation des enfants, rendant leur double fardeau difficile à porter en ces temps de pandémie. 

Ainsi, l’accès limité ou nul aux moyens de communication dominants, aux systèmes de WASH, à la protection sociale et aux services de santé et d’urgence démontre l’invisibilité, la marginalisation  voire l’exclusion des peuples autochtones au sein des États. Selon l’OIT, un aspect fondamental de l’exclusion à laquelle sont confrontés les femmes et les hommes autochtones, en surmontant le manque de participation et de consultation, devient en effet un point de départ essentiel pour la construction de politiques publiques réactives et cohérentes. Dans le cas des urgences liées au Covid-19, les actions des États devraient suivre ce même schéma. 

Sur cette même ligne, une déclaration du Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes (FILAC)15 dénonce que dans le contexte d’une large majorité des États latino-américains ayant exprimé l’insuffisance de leurs systèmes de santé pour s’occuper de l’ensemble de leur population, les peuples autochtones se trouvent dans une situation particulièrement vulnérable due aux inégalités socio-économiques évidentes. Ainsi, différencier et caractériser les vulnérabilités qui affectent le plus la population autochtone permet aussi de mieux concentrer les efforts sur le contrôle de la pandémie. Le FILAC déclare qu’il est clair que le cours de la pandémie dépendra des décisions prises par les gouvernements et demande aux gouvernements de la région d’impliquer tous les peuples autochtones dans l’élaboration de politiques et de stratégies pour répondre à la crise sanitaire.  

De même, l’alliance de réseaux de femmes autochtones latino-américaines16 dénonce les désavantages intersectionnels qui impactent les peuples autochtones et plaident pour que les États adoptent des mesures adéquates : utiliser les langues autochtones ; garantir l’accès, la gestion de l’eau potable et l’assainissement ; assurer la disponibilité rapide de données statistiques désagrégées pour les peuples autochtones ; assurer l’égalité d’accès aux soins médicaux ; fournir un soutien aux communautés autochtones qui prennent l’initiative de l’isolement ; générer des programmes, des subventions, des politiques et des stratégies pour soutenir les économies des communautés autochtones. Le FILAC et l’alliance des réseaux des femmes demandent aussi aux états de reconnaître le leadership des autorités autochtones et leurs formes d’organisation et d’action. 

Ce type de déclarations est indispensable, notamment si on tient compte les cas de plusieurs pays où les États ont du mal à répondre aux situations particulières des peuples autochtones. Le Brésil, par exemple, immergé dans un contexte de crise démocratique avec un président ouvertement anti-autochtone, ne gère pas de manière intégrale la situation des communautés Amazoniennes, lesquelles sont très vulnérables au virus17. Ainsi, des leaders autochtones du Brésil ont fait un appel à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) afin de créer un fonds d’urgence pour aider à protéger leurs communautés contre la menace de la pandémie de coronavirus, en soulignant que le gouvernement de Jair Bolsonaro n’a pas inclu les communautés dans les plans nationaux de lutte contre le virus.18

Aux États-Unis, la nation Navajo Diné19 a été largement affectée par le virus, ayant un taux de mortalité deux fois supérieur à la moyenne nationale20, mettant en évidence l’impact disproportionné du Covid-19 sur les communautés minoritaires. Le groupe autochtone fait face à un manque d’eau courante, un mauvais accès à Internet et à un taux élevé de maladies chroniques21. Vers la moitié du mois de mai, la Nation Navajo, qui comprend les États de Arizona, Nouveau Mexique et Utah avec un total d’environ 173,667 habitants en 2010, est arrivé à un taux de 2 304,41 cas pour 100 000 habitants, dépassant ainsi le taux d’infection de New York (un territoire beaucoup plus dense), où il y avait 1 668 cas pour 100 000 habitants.22

Des réponses à la crise basées sur des alliances régionales autochtones et sur des savoirs traditionnels 

Les peuples autochtones prennent les choses en main et adoptent leurs propres solutions avec des mesures communautaires ainsi qu’à travers des alliances régionales, des associations ou des groupes de travail réunissant plusieurs représentants des différents peuples autochtones. C’est le cas de la Coordination des organisations indigènes du Bassin Amazonien (COICA)23 ou du Groupe de travail international sur les peuples autochtones en situation d’isolement et de contact initial en Amazonie et dans le Gran Chaco (GTI PIACI)24. De même, en Colombie, l’Organisation nationale indigène de la Colombie (ONIC) a lancé par exemple un plan d’urgence pour les peuples autochtones colombiens face au Covid-1925. Les femmes autochtones latino-américaines forment aussi des initiatives régionales telles que le Collectif des réseaux régionaux26 ainsi que la Liaison continentale des femmes autochtones des Amériques (ECMIA). Au Pérou, différentes organisations indigènes se sont prononcées face à la crise en donnant aussi leurs recommandations et plans d’action.27

Plusieurs réponses se basent sur des connaissances et des pratiques traditionnelles – et même en scellant leurs territoires, en créant de l’information dans leurs propres langues et en utilisant des médias communautaires. Pour mener ces stratégies, des pratiques communautaires basées sur des connaissances traditionnelles sont indispensables. Certaines communautés pratiquent un auto-isolement ou quarantaine étroitement lié à leurs traditions et leur spiritualité.28 Ces stratégies ne renforcent pas seulement la solidarité locale mais aussi les échanges et les économies locales.

Le monde entier peut apprendre des pratiques et des traditions, voire même des innovations autochtones, non seulement pour faire face au Covid-19 mais surtout pour modeler cette « nouvelle normalité ». Les connaissances ancestrales des peuples autochtones sur les plantes médicinales ont historiquement apporté des savoirs clés à la médecine occidentale et aux industries pharmaceutiques et agricoles. La propriété intellectuelle des peuples autochtones s’est souvent vue menacée par des utilisations ou des exploitations commerciales impropres. Par exemple, « certains organismes de recherche et certaines compagnies pharmaceutiques prennent des brevets sur des plantes médicinales traditionnelles ou en revendiquent même la propriété, alors que les peuples autochtones utilisent ces plantes depuis des générations »29. En faisant cela, les peuples autochtones se voient privés de leur part équitable des avantages économiques, médicaux ou sociaux qui découlent de l’utilisation de leurs connaissances ou pratiques traditionnelles.

En outre, la spiritualité, les traditions et les savoirs autochtones en Amérique latine ne sont pas encore valorisés par une grande partie de la population non-autochtone. C’est le résultat du racisme hérédité de la colonisation, reproduit encore à présent. Au Guatemala, le 6 juin 2020, Domingo Choc, un aj’qij (guérisseur traditionnel maya) a été brûlé vif après avoir été accusé de sorcellerie. Choc était un expert en médecine traditionnelle et était un collaborateur de l’University College London (UCL) dans un projet sur l’utilisation de la biodiversité dans la médecine maya. Il travaillait aussi avec des équipes de chercheurs de la Universidad del Valle de Guatemala sur l’herboristerie et la médecine maya. Son assassinat a été motivé par un fanatisme et fondamentalisme religieux, reprenant un imaginaire et des pratiques de l’Inquisition30. Ses collègues chercheurs regrettent son assassinat comme la « brûlure d’une bibliothèque ». Pendant une cérémonie spirituelle maya pour dire adieu à Choc, menée dans le Parc Central de Guatemala City, de nombreux panneaux dénonçaient son assassinat, dont un qui exprimait : « il n’a pas été le premier et il ne sera pas le dernier ».31

Cependant, partout dans le monde, des initiatives qui reprennent les savoirs autochtones sur les plantes traditionnelles médicinales continuent à être revalorisées et mises en place pour renforcer les stratégies communautaires des peuples autochtones. Elles s’avèrent très utiles pour faire face à la lutte contre le Covid-19. Par exemple, au Dakota du Nord, aux États Unis, des étudiants en herboristerie de l’Université Tribale Sitting Bull dans la Réserve Sioux de Standing Rock, ont développé et publié une guide des plantes médicinales pour la protection collective et la guérison pendant COVID-19. De même, le Réseau des jeunes autochtones de l’Amérique latine32, qui fait partie de la Plateforme régionale autochtone contre le Covid-19, souligne l’importance des savoirs ancestraux, des systèmes alimentaires autochtones, des plantes et médecine traditionnelles, pouvant être revalorisés pour renforcer les défenses immunitaires et la protection contre le virus.33

Au cœur de la spiritualité et des traditions autochtones, la solidarité est un élément indispensable, ce qui renforce les initiatives communautaires plutôt que individuelles – au contraire de la tendance individualiste occidentale. Par exemple, la pratique andine Ayni représente le principe essentiel de réciprocité34, où on retourne ce qu’on a reçu. A l’échelle culturelle communautaire, elle représente une culture de soins. Le Ayni fait partie de la réponse des communautés andines à la crise du Covid-19 à l’intérieur d’elles-mêmes, mais aussi avec des communautés voisines, établissant des échanges réciproques horizontaux. 

Les pratiques autochtones qui mettent l’accent sur la communauté, sur la réciprocité mais aussi sur une approche holistique du bien-être des systèmes naturels comme des individus, sont exemplaires pour repenser le monde post-Covid-19.  Leurs connaissances ancestrales commencent à être revalorisées et, dans le cadre des plantes médicinales, leurs savoirs « pourraient s’avérer cruciaux pour bonifier l’arsenal de lutte contre les pandémies futures. Mais les conditions de vie des peuples autochtones les rendent eux-mêmes vulnérables aux pandémies et les écosystèmes où se trouvent les plantes médicinales s’atrophient à un rythme inquiétant »35

Les peuples autochtones, faisant face à des inégalités et à une exclusion historique, souffrent de manière disproportionnée les effets de la crise multidimensionnelle du Covid-19 partout dans le monde. Cependant, ils démontrent au reste du monde des alternatives pour se protéger et se solidariser. 

Sources
  1. ILO (2019), Implementing the ILO Indigenous and Tribal Peoples Convention n. 169 – Towards an inclusive, sustainable and just future.
  2. UN, Journée internationale des peuples autochtones.
  3.  ILO (2019), Op. Cit.
  4. FAO (2019), Voici 5 exemples qui montrent que les peuples autochtones aident le monde à atteindre l’objectif #FaimZéro.
  5. UN (2009), State of the world’s Indigenous Peoples.
  6. DAMASE Laura, Covid-19, le fléau de trop pour les peuples indigènes au Brésil, France 24, 19 avril 2020.
  7. La Conférence des Nations Unies sur les Établissements Humains identifie les différents services de base comme : « l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement, la gestion des déchets, la protection sociale, les transports et les communications, l’approvisionnement énergétique, les services de santé et les services d’urgence, les établissements scolaires, la sécurité publique et la gestion des espaces verts »
  8. OIT (2013), Comprendre la Convention (n169) relative aux peuples indigènes et tribaux.
  9. Unesco (2019), Médias de proximité autochtones.
  10. Water Governance, Working with Indigenous Peoples in rural water and sanitation, 2014.
  11. LANSBURRY HALL Nina (2019), Challenges of WASH in remote Australian Indigenous communities, Journal of Water, Sanitation and Hygiene for Development, 9 (3), pp.429–437.
  12. BIT (2018), La protection sociale des peuples autochtones.
  13.  CHANDRAN Rina, Indigenous peoples need extra protection from Covid-19, Business Live, 05 avril 2020.
  14. UN Women (2020), Covid-19 outbreak and gender.
  15. FILAC (2020), Our declaration on the COVID-19 Pandemic.
  16. Foro Internacional de Mujeres Indígenas, Llamado Colectivo de las Mujeres Indígenas ante el COVID-19, 26 mars 2020.
  17. Covid-19 : 38 peuples indigènes touchés au Brésil, dit une association, Le Figaro, 15 mai 2020.
  18.  Brazil’s indigenous people call for WHO emergency fund to fight coronavirus, Reuters, 05 mai 2020.
  19. Territoire des amérindiens Navajo, qui s’auto identifient comme“Diné”, mot qui veut dire “Le peuple” dans leur langue.
  20. MASSIOT Aude, Covid-19 : le risque d’un lourd tribut des peuples autochtones, Libération, 20 avril 2020.
  21. GOODLUCK Kalen, COVID-19 impacts every corner of the Navajo Nation, High Country News, 19 mai 2020
  22. SILVERMAN Hollie et al., Navajo Nation surpasses New York state for the highest Covid-19 infection rate in the US, CNN, 18 mai 2020.
  23. COICA, Declaración Amazónica frente a la emergencia sanitaria y social mundial por COVID-19.
  24. GTI-PIACI, Recomendaciones urgentes de COVID-19 con respecto a los pueblos indígenas que viven en aislamiento voluntario
  25. ONIC, Plan de contingencia para pueblos indigenas de Colombia frente a emergencia de salud originada por pandemia
  26. Colectivo de mujeres indígenas, Llamado ante el COVID-19.
  27. Pronunciamiento de las organizaciones indígenas de Perú.
  28. En Colombie, par exemple (voir Oquendo [2020]), dans l’Amazonie, mais aussi, au-delà du continent, la communauté Igorot des Philippines pratique un auto-isolement ou quarantaine -appelé ngilin comme exercice traditionnel et comme méthode de prévention du Covid-19. traditionnellement, Cette stratégie, est menée pour nettoyer et guérir spirituellement et émotionnellement la communauté entière.  cf. SMITH-MORRIS Carolyn. Indigenous Peoples turnint to traditional knowledge on Covid-19 responses, Cultural Survival, 16 avril 2020.
  29. OHCHR. L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et les peuples autochtones.
  30. IXCHIU Lucia, La nieta del brujo, Nómada, 09 juin 2020
  31. GARCIA Jody et SEBASTIAN Carlos, Así fue la ceremonia para despedir a Domingo Choc, Nómada, 11 juin 2020
  32. International Land Coalition. Red de jóvenes Indígenas de América Latina y el Caribe.
  33. Red de Jóvenes Indígenas, Post Facebook du 14 mai 2020.
  34. ROBLEDO GRANADOS Paula, El Ayni como principio esencial de vida ante la Covid-19, El País, 21 mai 2020.
  35. ASSELIN, Hugo, Les savoirs autochtones pourraient-ils nous aider à affronter les prochaines pandémies ?, The Conversation, 06 avril 2020.