Le 9 juin 2020, à Salgas, commune de Vebron

Nkurunziza le thaumaturge n’a pas suivi la grande prêtresse Denise, son épouse qui était allée se faire soigner au Kenya. Il est mort cependant assez vite dans son palais au Burundi sans que l’on ait fait de grands efforts pour le tirer d’affaire. Ce qui ne veut pas dire que son décès ne mettra pas un peu de temps à être annoncé. Il avait accédé au pouvoir en 2005 dans un contexte où un semblant de paix revenait dans son pays même si une mission des Nations-Unies s’assurait du maintien de la paix avec un important effectif sud-africain. Passionné de football, il semblait dans sa reconversion partisane après une vie de rebelle armé (au sein du CNDD-FDD) incarner les différences du Burundi. Il tenait compte au sein de son parti de l’influence musulmane, arabe et indienne dont la présence est ancienne au bord du lac Kivu. C’était la frontière de l’Afrique asiatique où l’homme blanc s’est longtemps arrêté dans ses explorations et conquêtes.

Un bref répit pour un beau et petit territoire qui fut colonie allemande avant de passer sous un mandat belge, mélange de paternalisme religieux et de férule raciste. Les atrocités contre des parties de la population vont s’enchainer en 1972, 1988, et 1993. À partir de 2016, avec la volonté brutale de Nkurunziza d’obtenir un troisième mandat un nouvel exil va concerner 300 000 personnes, des supposés opposants ou prétendus Tutsis. On pensait pouvoir arriver à une osmose «  Hutsi  » ou « Tuthu  » avec un régime parlementaire actif. La dérive évangélique du président et de son épouse vont recréer un clan ethniciste et une politique de répression où l’armée gagne des galons et de l’argent. Elle pensait même en avoir plus en présentant il y a quelques semaines l’un des siens aux élections présidentielles. Il a gagné, et Nkurunziza est donc mort une deuxième fois la semaine dernière. L’ancien dirigeant du CNDD avait épuré l’armée dominée par les Tutsis mais ses nouveaux chefs avaient un autre projet pour ce pays «  au bord des génocides  » selon Jean-Pierre Chrétien.

Le Burundi voisin du Rwanda connaît une guerre civile larvée de 1993 à 2004. Des accords de paix à l’élection, le chef de guerre qui conduisait le mouvement anti tutsi CNDD-FDD, Nkurunziza, devient chef de l’État. D’un relatif sentiment soulagement le peuple passera à l’effroi pendant que le régime plonge dans l’arbitraire et le culte de la personnalité.