Il y a un an, les élections européennes bousculaient le rapport de force dans l’UE

Il y a un an, le 26 mai 2019, des élections européennes émergeait un rapport de forces transformé dont le sens politique paraissait encore instable. Dans notre analyse nous notions l’importance de la temporalité¹. Un an plus tard, malgré le Covid-19, la reconfiguration politique se définit.

• Coalitions. Pour la première fois, la grande coalition entre les sociaux-démocrates du S&D (147 députés) et la droite du PPE (187) ne permet plus d’atteindre une majorité. Elle a laissé place à un grand nombre de configurations possibles, impliquant notamment les Verts (67) et les libéraux du groupe Renew Europe (98). 
• Le fil rouge est vert. Comme le confirment plusieurs sources proches du dossier, depuis le début au Parlement et avant même les élections à la Commission (autour de la figure de Martin Selmayr) s’est défini un cadre pour un large compromis entre les forces européennes à partir du Green Deal.²
• Le rapport de force explique cela. Le PPE est désormais devenu un groupe régionalement situé à l’est ; à l’exception des Pays-Bas, pas un seul pays à l’Ouest de l’Allemagne n’a donné la majorité à un parti affilié au PPE.

• Les Verts en revanche sont essentiellement une formation du Nord et de l’Ouest, avec deux faiblesses régionales : ils ne sont présents dans aucun des États méditerranéens à l’exception de l’Espagne et de la France et dans aucun État de l’ex-bloc de l’Est en-dehors des États baltes. 

• Et maintenant ? Si la relance verte demeure le coeur du compromis³, un certain nombre d’axes du Green New Deal font partie des mesures dites « moins essentielles » : la stratégie pour les forêts, celle sur les carburants dans l’aviation et la marine (ReFuelEU Aviation et FuelEU Maritime) et possiblement la Stratégie durable dans le domaine des produits chimiques.

Nota bene  L’argument écologique conservateur pourrait être favorable au chancelier autrichien Kurz, dont le revirement[note]ROS Simone, Élections en Autriche  : pour Sebastian Kurz, un retour qui semble garanti mais avec de nombreuses inconnues, Le Grand Continent, 28 septembre 2019[/note] – passant d’un gouvernement en coalition avec l’extrême-droite à une alliance avec les écologistes – avait pu surprendre.⁴