La crise du coronavirus semble révéler les limites de la stratégie de l’administration Trump au Moyen-Orient. Alors que Donald Trump avait réservé sa première visite officielle à Riyad en mai 2017, se prêtant assidûment à la traditionnelle danse des sabres Al-Adhra sous l’oeil des caméras, la récente chute des cours du pétrole, en partie favorisé par une guerre des prix menée entre l’Arabie saoudite et la Russie, a mis à rude épreuve le partenariat entre les deux pays1. En parallèle, le renforcement des sanctions à l’encontre de l’Iran, en dépit de la crise sanitaire qui frappe durement le pays, en partie en raison des grandes difficultés que le gouvernement iranien connaît pour acheter du matériel médical, creuse les dissensions entre les Etats-Unis et ses alliés européens2. Enfin, l’administration américaine semble proche de reconnaître, au détriment du droit international, l’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie et de la vallée du Jourdain qui pourrait intervenir dans les prochains mois3.
Dans ces circonstances, il semble nécessaire, dans la suite de la note que nous avons consacrée au dossier iranien, d’expliquer comment la crise du coronavirus accélère la remise en cause des fondements de l’influence américaine dans la région.
Il convient avant tout de rappeler ici que la politique de Washington au Moyen-Orient a été influencée par une multitude de facteurs parmi lesquels figurait l’endiguement du communisme jusqu’en 1990 puis la lutte contre le terrorisme à partir de 2001. Toutefois, ces déterminants restent conjoncturels et sont le fruit des rivalités géopolitiques à l’œuvre dans un contexte particulier sur une période donnée. En revanche, depuis que les Etats-Unis sont une superpuissance mondiale et que les puissances mandataires françaises et britanniques ont formellement quitté la région, Washington n’a cessé d’inclure la sécurisation des approvisionnements en hydrocarbures et la sécurité de l’Etat d’Israël dans son équation stratégique au Moyen-Orient.
A l’heure du recul américain dans cette région4, ces paragraphes proposent un état des lieux des dynamiques à l’œuvre sur ces deux piliers structurels de l’action extérieure de Washington au Moyen-Orient.
Une alliance robuste avec l’Arabie Saoudite au service des besoins énergétiques américains
Le premier pilier est énergétique. Il a mené dès 1945 le président américain Frankin D. Roosevelt à conclure avec le roi Ibn Séoud le célèbre « pacte du Quincy » qui vient entériner l’assurance d’une protection militaire à la monarchie saoudienne en échange d’un accès aux gisements pétroliers5. L’Arabian American Oil Company (Aramco), qui existe déjà depuis 19336, se voit alors octroyer un monopole d’exploitation pour une durée de soixante ans en contrepartie du versement d’un loyer à Riyad. Dès lors, la stabilité de la péninsule arabique va progressivement être appréhendée par les stratèges de Washington comme un intérêt vital des Etats-Unis dans la mesure où ses approvisionnements en hydrocarbures sont une condition indispensable au développement du pays. L’interdépendance entre Riyad et Washington s’accentue même en 1979 lorsque Téhéran, autre allié pétrolier sur lequel les Etats-Unis pouvaient jusqu’alors s’appuyer, sera le berceau d’une révolution islamique donnant naissance à un régime profondément anti-américain et antisioniste.
Au fil des années, l’Iran s’impose comme la puissance régionale concurrente de l’Arabie Saoudite en s’appuyant sur une rivalité plus ou moins construite tantôt entre perses et arabes7, chiites et sunnites, pro-américains et anti-impérialistes, ou monarchie réactionnaire contre république révolutionnaire. Cette situation accentue inévitablement la solidité du lien stratégique qui unit Riyad et Washington et renforce, outre le partenariat énergétique, une alliance militaro-sécuritaire de plus en plus indispensable pour le régime saoudien. Ainsi, la relation américano-saoudienne s’est construite sur une convergence objective d’intérêts et non sur une communauté de valeurs. Les chocs pétroliers de 1973 et 1974, l’assassinat du roi Fayçal en 1975, la révolution iranienne et révolte de La Mecque en 1979, la chute progressive de l’URSS entre 1989 et 1991, la première guerre du Golfe, les attentats anti-occidentaux en 1995 et 1996, le(s) conflit(s) israélo-palestinien(s), aucun de ces événements, malgré quelques tensions, n’a ébranlé l’alliance entre Washington et Riyad8. Même les attentats du 11 septembre 2001 ont eu un impact limité sur cette relation. En revanche, dans la mesure où elle est une des causes de la chute de la demande mondiale d’hydrocarbures, la crise sanitaire inédite que traverse le monde pourrait contribuer à détériorer la qualité de la relation saoudi-américaine.
D’un partenaire embarrassant à un allié stratégique, le rapprochement multidimensionnel de Washington avec Israël
Le second pilier repose sur une alliance stratégique avec l’Etat d’Israël. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est erroné de penser que cette alliance va nécessairement de soi et que sa solidité est inébranlable. D’un partenaire embarrassant9 dans les années 195010, Israël s’est progressivement imposé aux yeux de Washington comme l’allié de référence au Moyen-Orient. Pendant la guerre froide, alors que les Etats arabes s’arment majoritairement auprès de l’URSS, les Etats-Unis voient dans le conflit Israélo-Arabe une vitrine de choix pour la mise en valeur de ses armements tout en assurant l’équilibre militaire dans la région. C’est plus tard, dans les années 1980, alors que Washington perd un allié à Téhéran et voit l’armée russe envahir l’Afghanistan que la coopération entre les deux pays se précise. La nouvelle donne géopolitique propulse alors Israël d’un statut de partenaire privilégié à celui d’allié stratégique11 aux yeux des stratèges de Washington12. Si le rôle du très influent lobby pro-israélien American Israel Public Affair Committee (AIPAC) auprès de la classe politique américaine est de toute évidence fondamental dans l’indéfectible soutien des Etats-Unis13, d’autres facteurs, de nature plus idéologiques que stratégiques, expliquent le rapprochement structurel de Washington avec Tel-Aviv.
L’Amérique des années 1980 se caractérise par la forte montée en nombre des fidèles au sein des églises évangéliques14, qui va se traduire par un renforcement du soutien à Israël pour deux raisons. D’une part, le poids électoral des évangélistes américains, très présents au sein du parti républicain, va supplanter les Juifs américains, traditionnellement plus proches du parti démocrate, comme premier groupe de soutien à Israël15. Ce christianisme sioniste croit fermement que le retour des Juifs en Israël fut prophétisé par la Bible il y a des milliers d’années. Conformément à la Genèse, ces adeptes croient que le Créateur accordera sa bénédiction à ceux qui viennent en aide aux Juifs et punira ceux qui les persécutent. D’autre part, ces courants religieux se retrouveront, dans des registres et des modes opératoires différents, chez des présidents américains à plusieurs reprises. Ainsi l’observant (non évangélique) Ronald Reagan (1980-1988), le baptiste tempéré Bill Clinton (1992-2000), et surtout le méthodiste born again George W. Bush (2000-2008) s’inscrivent dans ce soutien à l’Etat d’israël pour des raisons géostratégiques mais aussi en tant que chrétien16. Sans pour autant fantasmer ce paramètre, il participe à l’explication du renforcement du lien qui unit Washington et Tel-Aviv depuis les années 1980.
Enfin, si ce critère religieux est particulièrement saillant au sein de l’électorat républicain, il l’est moins pour le camp démocrate. En revanche, une caractéristique des administrations démocrates fut de favoriser Israël en raison d’une forte identification à son régime démocratique, à la proximité de sa classe politique avec l’éthique socialiste et de leur empathie pour le sort des juifs pendant l’Holocauste17. Ainsi, la nature du lien étroit qui existe entre Washington et Tel-Aviv est aussi bien le fruit d’une découverte progressive d’intérêts géostratégiques communs que d’une proximité civilisationnelle18 fabriquée et rendue possible par la ré-émergence des identités ethno-religieuses19 dès la fin du 20ème siècle. Elle ne saurait se résumer à la simple action de l’AIPAC à Washington. Le lobby pro-israélien faisant plutôt office de courroie de transmission capable de faciliter l’émergence et le développement des deux paramètres évoqués ci-dessus.
De nouvelles dynamiques
Au cours de la décennie 2010, le « pacte du Quincy », pourtant renouvelé en 2005 pour une durée de soixante ans, devient de plus en plus fragile. En cause, les progrès technologiques et l’utilisation combinée du forage à l’horizontal et de la fracturation hydraulique qui rendent profitable l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste aux Etats-Unis à partir de 2007. Les Etats-Unis deviennent alors rapidement le premier producteur mondial d’hydrocarbures et sont même compétitifs à l’export depuis quelques années grâce à la mise en service de nouveaux pipelines20. Alors qu’il dépasse les 80$ en 2014, le seuil de rentabilité (breakeven price) du baril de pétrole des opérateurs américains oscille entre 48$ et 54$ fin 2019. Certaines compagnies américaines se permettent même de venir concurrencer le pétrole saoudien sur les marchés asiatiques avant le début de l’actuelle crise sanitaire. Malgré cela, Washington ne s’affranchit pas pleinement de sa relation de dépendance énergétique avec le pétrole du Golfe. En effet, les risques de pénurie restent critiques aux Etats-Unis et les producteurs de schiste américain n’ont pas une capacité de réaction suffisante en cas de crise. Par ailleurs, comme le pétrole est un produit de base négocié à l’échelle mondiale cela signifie qu’une panne d’approvisionnement d’un côté de la planète peut faire grimper les prix de l’autre, comme aux États-Unis. Cela explique en partie le niveau d’alerte élevé des Etats-Unis sur les perturbations dans le détroit d’Ormuz21. Enfin, le système de raffinage américain fonctionne plus efficacement avec une dose de pétrole lourd. Or le schiste américain est léger. C’est pourquoi les Etats-Unis continuent d’importer du pétrole lourd de l’étranger22. Ainsi, bien que les Etats-Unis ne soient pas pleinement autonomes, leur nouvelle situation énergétique rebat tout de même les cartes de sa relation avec Riyad.
Loin d’ignorer cette nouvelle donne, Riyad tente de compenser cette baisse de la dépendance américaine aux hydrocarbures du Golfe par la signature de contrats d’armements aux montants faramineux2324, bien souvent synonyme de réassurance en matière de sécurité. Un glissement de la proximité pétro-diplomatique à une relation militaro-industrielle défendant les intérêts commerciaux américains et les intérêts stratégiques saoudiens peut expliquer pourquoi l’alliance perdure25. L’Arabie Saoudite se doit de conserver un certain niveau d’interdépendance avec Washington à l’heure où son environnement régional se caractérise par une instabilité chronique (Irak, Syrie, Libye, Yémen…) et que sa rivalité avec l’Iran atteint régulièrement des niveaux de tension critiques. Dans ce contexte, elle ne peut pas se permettre de voir son alliance avec Washington s’étioler. De fait, c’est sans doute autant pour s’attirer les faveurs de la Maison Blanche que par convergence d’intérêt avec Tel-Aviv que le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman (MBS) a fait plusieurs gestes en direction d’Israël26. Pour certains, il s’agirait même d’un pré-requis à la vente d’armements américains au royaume wahhabite27. Très discret, ce rapprochement pourrait coûter cher politiquement à la monarchie saoudienne sur un sujet aussi sensible encore capable de cristalliser les traumatismes des populations de la région. Notons que grâce à son accès facile au pétrole brut, l’Arabie conserve malgré tout le rôle de « swing producer » (en mesure d’augmenter ou de diminuer son offre à un coût supplémentaire minime) lui conférant le pouvoir appréciable de contrôler rapidement l’offre mondiale et par conséquent le prix du baril. Cependant, cet avantage n’est plus aussi net qu’au cours des précédentes décennies et Riyad se voit donc prié de faire des concessions inédites à Washington dans ce nouveau rapport de force qui lui est indéniablement défavorable.
Pas de rupture donc. Si l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis n’ont pas divorcé, des distances se creusent, les méfiances s’installent et des divergences de point de vue apparaissent. Le nombre de fâcheries entre les deux Etats se multiplie depuis les attentats du 11 septembre 2001. Ce jour là, 15 des 19 membres du commando d’Al Qaïda sont de nationalité saoudienne. En 2003, le retrait des soldats américains présents sur le sol saoudien parle de lui-même. Le Pentagone ne se sent plus en sécurité chez son allié28. Ensuite, les années Obama (2008 – 2016) vont largement illustrer cette volonté de rééquilibrer la posture américaine dans la région au grand dam de Riyad et de Tel-Aviv. Prenant quelques distances avec ses alliés traditionnels, l’administration Obama a imposé une dédiabolisation de l’ennemi iranien et amorcé sa réintégration dans le commerce international à travers l’accord de Vienne signé en 201529. Même sous la présidence de Donald Trump, qui prend le contre-pied de la politique étrangère d’Obama, quelques accrocs mettent en lumière le fossé qui sépare Riyad de Washington. Au premier rang de ceux-ci, l’assassinat de Jamal Khashoggi augmente la méfiance de la classe politique américaine à l’égard du prince héritier saoudien MBS30.
Par ailleurs, le contexte énergétique mondial ne plaide pas en faveur d’une amélioration de la relation entre Riyad et Washington. En effet, la récente chute des prix du pétrole résulte de la volonté de la compagnie saoudienne d’hydrocarbures Saudi ARAMCO de sécuriser ses parts de marché en Asie, marché sur lequel les opérateurs de schiste américain commençaient à devenir de plus en plus offensifs. Cette dégradation brutale de la conjoncture a déjà contraint de nombreuses compagnies indépendantes à réduire ou interrompre leurs activités. Les plus fébriles d’entre elles, souvent déjà très endettés du fait des coûteux investissements dans les techniques d’extractions du gaz et du pétrole de schiste, pourraient même être amenées à mettre la clé sous la porte. De fait, les opérateurs américains vont devoir se concentrer sur leur demande domestique et s’éloigner un temps des marchés asiatiques sur lesquelles Riyad, déjà concurrencé en Europe par la Russie, entend rester le principal fournisseur.
Ainsi, malgré la réinscription des Etats-Unis dans une posture plus en phase avec ses alliés israéliens et saoudiens depuis 2016, il n’est pas impossible que la prise de distance amorcée par Obama s’inscrive plus durablement dans la diplomatie américaine, ne serait-ce que parce que le désengagement américain dans la région semble inéluctable. Si les manières de faire des administrations d’Obama puis de Trump n’ont pas fait l’unanimité outre-atlantique, la classe politique américaine est en revanche unanime sur la nécessité de se désengager du Moyen-Orient pour porter ses efforts plus à l’est dans la zone pacifique ou la Chine se fait de plus en plus menaçante. Au Moyen-Orient, Washington tente de se démarquer de cette image de gendarme et considère que ses alliés régionaux doivent se débrouiller davantage seuls.31
L’impuissance de la puissance, vers une sortie par la petite porte ?
Longtemps, les Etats-Unis ont considéré qu’ils avaient stratégiquement besoin d’une résolution du conflit israélo-palestinien32, que les peuples Arabes, dans l’ensemble, parviendront finalement à considérer comme juste.33 Nombreuses sont les administrations américaines à avoir investi beaucoup d’efforts afin d’amener représentants israéliens et arabes (puis palestiniens) à la table des négociations avec les maigres succès et les échecs répétitifs que l’on connaît. En cela, le dernier plan de paix proposé par Jared Kushner34 en janvier 2020 illustre ostensiblement les limites de la puissance des Etats-Unis sur ce dossier. En s’alignant pleinement sur les exigences israéliennes (reconnaissance des colonies israéliennes, souveraineté israélienne sur la vallée du Jourdain, Jérusalem comme capitale indivisible d’Israël, démilitarisation du futur Etat palestinien…)35, il est difficile d’imaginer ce plan avoir une postérité heureuse. Il semble plutôt montrer l’abdication de Washington à œuvrer en faveur d’une solution juste aux yeux de la partie palestinienne et de surcroît, des peuples arabes. Cette attitude semble esquisser les prémices du désengagement américain à venir.
Ultime sujet qui préoccupe aussi bien Riyad que Tel-Aviv, le nucléaire iranien apparaît comme étant le dernier véritable dossier sur lequel Washington ne peut pas se permettre de se défiler. Outre l’antiaméricanisme profond du régime iranien, Téhéran est la principale menace des alliés israéliens et saoudiens de Washington. Par conséquent, la politique américaine au Moyen-Orient se réduit logiquement de plus en plus à la lutte contre l’Iran et à la constitution d’une alliance entre pétromonarchies et Israël pour contrer l’Iran36. La stratégie de « pression maximale » mise en œuvre par l’administration Trump depuis son arrivée au pouvoir espère à minima ramener l’Iran à la table des négociations en vue de signer un accord bien plus contraignant. Au mieux elle vise à provoquer un changement de régime à Téhéran.
Jusqu’à présent, l’Iran parvient à faire preuve de résilience malgré la récente accumulation des difficultés pour le régime (crise du coronavirus, chute du prix du pétrole, sanctions économiques). Le temps semble jouer en sa faveur. En effet, si la « pression maximale » est principalement d’ordre économique, il ne fait aucun doute que le retrait souhaité des troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan diminuera les marges de manœuvre de Washington en matière de dissuasion. Guidé par des intérêts politiques, le président Trump espère avoir enclenché ce retrait avant de retourner en novembre 2020 devant des électeurs américains las des guerres coûteuses et inefficaces dans la région. Par ailleurs, son futur rival pour la Maison Blanche, Joe Biden, ancien vice-président d’Obama, se déclare, pour sa part, favorable à une solution diplomatique plus conforme à l’accord de Vienne37 témoignant ainsi d’une alternative à la doctrine trumpienne.
La méthode agressive de Trump de « pression maximale » vis-à-vis de Téhéran ne serait alors qu’une parenthèse d’une sur-implication de Washington sur un dossier qui devrait l’intéresser de moins en moins si trois dynamiques se poursuivent. Premièrement, la poursuite de la rivalité sino-américaine confirmant ainsi le rééquilibrage de la politique étrangère américaine vers l’Asie. Deuxièmement, la survie du secteur pétrolier américain qui dépendra en partie de la reprise économique mondiale et du niveau de la production des membres du groupe OPEP+38. Troisièmement, la modération des ambitions régionales de Téhéran qui devrait probablement s’autolimiter du fait des difficultés internes auxquelles le pays fait face.
Il ne faut pas s’y méprendre, la présence conventionnelle américaine au Moyen-Orient restera significative pour longtemps (bases au Qatar, en Turquie, en Jordanie, à Bahreïn, aux Emirats Arabes Unis et à Oman). Le désengagement militaire d’Irak et d’Afghanistan souhaité n’est pas encore effectif et ne serait en aucun cas synonyme d’une disparition. Cependant, ces paragraphes ambitionnent de décrypter certaines évolutions de la politique américaine qui s’inscrivent dans le temps long : il apparaît que les intérêts des Etats-Unis vont être amenés à décroitre dans la région et que, par conséquent, leur volonté d’implication faiblira également. On peut alors lire l’agressivité de l’administration Trump sur le dossier iranien et le soutien plus net que jamais à Israël comme une tentative de précipiter unilatéralement les « dernières volontés » géopolitiques de Washington au Moyen-Orient.
Sources
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- L’alliance OPEP+ (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole +) également appelée « Groupe de Vienne » est formée de 24 pays producteurs de pétrole dans le but d’apporter une relative stabilité au marché pétrolier au travers d’accords communs sur la production de pétrole. Elle est composée des 14 pays de L’OPEP (sur lesquels l’Arabie Saoudite exerce son leadership) ainsi que 10 autres pays producteurs (sur lesquels la Russie exerce son leadership).