Analyse des résultats des élections dans le Land de Hambourg

Hambourg. Lorsque les premiers pronostics concernant l’issue des élections du Land de Hambourg ont été annoncés dimanche soir, les commentateurs ont été unanimes : malgré les succès électoraux (en partie) spectaculaires des deux grands vainqueurs de la soirée – le SPD et les Verts – ce ne sont pas tant les résultats des deux partis eux-mêmes, mais plutôt le score de l’AfD qui a le plus suscité l’enthousiasme au centre-gauche : 4,7 % selon les premières estimations, ce qui aurait signifié que le parti ne serait plus représenté au parlement du Land de Hambourg. Un commentateur du magazine « Spiegel » titrait « La droite radicale presque éradiquée”¹ mais finalement, l’AfD s’en est sortie de justesse : 5,3 %, tel est le résultat officiel annoncé lundi soir. À Hambourg, l’AfD était entrée pour la première fois dans un parlement allemand il y a cinq ans ; et c’est à Hambourg qu’elle aurait pu, pour la première fois, en être chassée. L’attaque antisémite sur une synagogue à Halle et l’attaque (probablement) d’extrême-droite à Hanau la semaine dernière avaient déjà conduit les sondeurs à penser que l’AfD pourrait se retrouver en difficulté à Hambourg, après ses succès dans trois états d’Allemagne de l’Est à l’automne dernier.² Le FDP a également été menacé jusqu’à la toute fin, pour finalement atteindre exactement 5 %, comme lors des dernières élections en Thuringe. Après les événements entourant l’élection du ministre-président de Thuringe, où le candidat du FDP a été élu comme ministre-président avec les votes de la CDU et de l’AfD, l’élection à Hambourg apparaissait déterminante pour les libéraux. Avant le scrutin, 20 % des anciens électeurs du FDP hambourgeois avaient déclaré que les événements survenus au parlement du Land de Thuringe avaient eu une très grande influence sur leur décision électorale.³

Selon les chiffres, les plus grands gagnants de la soirée ont été les Verts : ils ont réussi à presque doubler leur résultat de 2015 (de 12,3 % à 24,2 %).⁴ Toutefois, les Verts n’ont pas tout à fait répondu à leurs propres attentes – après des semaines de course au coude à coude, le SPD s’est soudainement éloigné d’eux, et avec lui l’espoir de voir Hambourg gouvernée par une maire pour la première fois. La coalition rouge-vert devrait donc se poursuivre. À sa tête se trouve Peter Tschentscher (SPD), qui a succédé au printemps 2018 au ministre des finances et vice-chancelier Olaf Scholz, et qui a réussi à donner au SPD, historiquement faible au niveau fédéral, un succès significatif, du moins dans la ville-État de Hambourg. Pendant la campagne électorale, Tschentscher s’est particulièrement distancé du SPD fédéral : malgré des pertes par rapport au dernier scrutin, le SPD a finalement obtenu 39 % des voix. La situation de son partenaire au niveau fédéral est bien différente : pour la CDU, l’élection du parlement de Hambourg a été catastrophique. Avec seulement 11,2 % des voix, les démocrates-chrétiens ont obtenu le deuxième plus mauvais résultat de leur histoire au niveau du Land. Les raisons de cette situation se trouvent certes à Hambourg même, où 70 % des personnes interrogées ont déclaré dans un sondage que la CDU n’avait pas d’offre convaincante pour une ville moderne comme Hambourg⁵, mais les causes de ce revers sont surtout à trouver dans la CDU fédérale. Entre le scandale en Thuringe, le problème de positionnement du parti que celui-ci a révélé, une chef de parti qui renonce à son poste et une chef de gouvernement qui a semble avoir toujours su que chancellerie et direction du parti devaient aller de pair… La CDU est en crise et ce soir encore, elle semble être complètement désorientée ; quant à la difficulté des chrétiens-démocrates à convaincre dans les grandes agglomérations, elle passerait presque au second plan.