Bruxelles. Qu’attendre de l’Europe en 2020 ? Alors que l’Union entre dans un nouveau cycle politique, nous proposons quelques prédictions. Le nouveau leadership politique de l’UE a fait des promesses excessives en générant des attentes démesurées qui pourraient s’avérer trop difficiles à gérer, notamment sur les questions suivantes :
- Défendre les intérêts de l’UE contre les États-Unis et la Chine
- Prendre l’initiative en matière de changement climatique
- S’attaquer aux démocraties rebelles et illibérales de l’UE
- Apprivoiser les grandes sociétés technologiques
- Terminer avec succès le Brexit
- L’assassinat de Suleimani met déjà à l’épreuve la première Commission » géopolitique » autoproclamée, qui a perdu en quelques heures le principal héritage de politique étrangère de Jean-Claude Juncker et de l’ancienne HRVP, Federica Mogherini : l’accord nucléaire JCPOA. Maintenant, l’UE ne sera plus qu’un spectateur de la situation en Iran.
- L’UE a surestimé son nouveau Green Deal, avec la conséquence involontaire de soumettre son acceptation à la forte demande de la Pologne et à d’autres mécontentements verts dans d’autres domaines politiques litigieux, comme le nouveau budget pluriannuel et les questions “ligne rouge” telles que l’État de droit. Nous devrions nous attendre à une route cahoteuse vers la mise en œuvre du Green Deal, dont la formule politique reste à définir entre les différentes groupes politiques européens, notamment ceux des populaires, socialistes, libéraux et verts.
- En ce qui concerne l’État de droit, la Commission von der Leyen se trouve dans une position de faiblesse par rapport aux mêmes dirigeants politiques qu’elle devrait tenir pour responsables : les partis au pouvoir en Hongrie et en Pologne ont tous deux joué un rôle déterminant dans le choix et approbation de Mme von der Leyen en tant que présidente de la Commission européenne. Ses nouveaux commissaires se sont déjà révélés trop timides et prudents en ce qui concerne le contrôle du respect de l’État de droit, qui s’annonce comme une ligne de bataille majeure.
- Pour ce qui est des GAFA, l’UE est destinée à consolider son rôle de leader global des régulateurs tandis que la Chine et les États-Unis renforcent leur domination sur le marché de l’intelligence artificielles et autres développements technologiques y compris les réseaux sociaux comme instruments de surveillance permanente Cependant, un autre régime réglementaire ne suffira pas à donner à l’UE la « souveraineté numérique » à laquelle elle aspire.
- L’année 2020 verra une accélération du processus du Brexit par la mise en œuvre difficile d’un accord de retrait sans précédent et la renégociation contestée de la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE. Attendez-vous à ce que l’UE-27 ne parle plus d’une seule voix et soit plus exposée que jamais à la demande du Royaume-Uni.
Dans ce contexte, la Conférence imminente sur le futur de l’Europe va encore accroître les attentes, en particulier vis-à-vis des citoyens de l’UE, mais elle se révélera finalement incapable de tenir ses promesses. Il y a un risque élevé qu’elle devienne une expérience top-down masquée par un moment participatif aligné sur le Zeitgeist.
Pour résumer : alors que l’européanisation de nos sociétés et de nos économies se poursuivra, les systèmes politiques nationaux continueront à prétendre être sur le siège conducteur de notre avenir commun, mais révéleront au contraire leur inadéquation inhérente aux défis actuels. L’Europe a besoin de sa propre politique afin que nos gouvernants commencent à penser à l’échelle pertinente !