Pékin. Le fonds souverain chinois China Investment Corporation (CIC) est l’un des plus importants au monde (940 milliards de dollars). Outil de la diplomatie économique chinoise, CIC s’est diversifié dans la sécurisation des matières premières et des infrastructures stratégiques (précisément à travers le projet BRI). Il est aussi un soutien majeur de l’économie et de la finance de Pékin. Début octobre, CIC indiquait perdre 2,35 % de ses placements à l’étranger sur fond de tensions commerciales et de ralentissement de la croissance mondiale1. Utile au recyclage des réserves de change, CIC est en train de réorienter sa stratégie en investissant davantage à Wall Street et modifie ses placements vers les secteurs de la santé et des télécommunications. Dans le même temps, le « Nasdaq chinois » Star Market lancé en juillet dernier (pour fixer les licornes et les géants de la « Tech » en Chine) connaît un rythme plus que ralenti. Le poids de Pékin dans sa gestion n’est pas sans rappeler l’affrontement entre Xi Jinping et le secteur privé, malgré le retour des crédits (aux entreprises privées) tout au long de l’année 2019.

Les grandes banques chinoises (ICBC, Bank of China, Agricultural Bank of China et China Construction Bank, concentrant à elles seules plus de 12 000 milliards de dollars d’actifs) viennent à la rescousse des petites banques (via le fonds souverain Huijin Central, filiale de CIC), notamment dans les régions centrales du pays, à l’instar de la province du Henan, du Shanxi ou de Mongolie-Intérieure (Baoshang Bank, Bank of Jinzhou et Hengfeng Bank)2. Ces « petites » banques sont pour la plupart en situation importante de prêts non performants, de bilans (souvent masqués) catastrophiques, mais jouent un rôle essentiel dans le financement de l’économie chinoise. Cette constellation de banques régionales et locales est en voie d’être mise sous tutelle, afin de limiter les risques financiers et les créances douteuses3. Ces banques ont très largement œuvré dans la finance de l’ombre4. Le rôle de la Banque centrale de Chine (PBOC) sous la direction de Yi Gang joue un rôle majeur, en particulier pour dissiper le spectre d’une crise bancaire. Assainir les finances et le système bancaire chinois est l’une des trois priorités essentielles du Parti-État évoquées par le leader Xi (viennent ensuite des efforts sur l’environnement et lutte contre la pauvreté) lors du 19e Congrès du PCC en octobre 20175.

Alors que la fiabilité du système bancaire et financier chinois se pose, l’administration Trump est en train de mettre en place une loi qui interdirait les cotations chinoises aux États-Unis7

Sources
  1. AIT-KACIMI Nessim, Le fonds souverain chinois CIC a perdu 2,3 % sur ses placements à l’étranger, Les Echos, mercredi 2 octobre 2019.
  2. GOETZ Etienne, Chine : un secteur bancaire toujours fragile malgré les apparences, Les Echos, mercredi 29 mai 2019
  3. LO Chi, Les faillites des banques chinoises : un virage à 90° pour le système, Investor Coner BNPParibas, 28 août 2019.
  4. Selon le journaliste Étienne Goetz, du journal Les Échos : « la finance de l’ombre représentait en 2017 pas moins de 8.254 milliards de dollars en Chine contre 335 milliards de dollars en 2010. »
  5. VERON Emmanuel, Qui son les nouveaux mandarins de Xi ?, The Conversation, 29 avril 2019.
  6. . Ceci pourrait profiter à Pékin, et faire « rapatrier » ces introductions en bourse à HK, Shanghai et Shenzhen. D’un autre côté, la zone euro, le Royaume-Uni et l’Amérique latine ont déjà commencé à combler le vide, laissé par la Chine, dans les détentions de bons du Trésor.6GALLANT Nicolas, La finance, nouveau front dans la guerre ouverte entre la Chine et les Etats-Unis, Capital, vendredi 4 octobre 2019.