Stockholm. C’est une annonce qui devait sortir depuis plus d’un mois, mais elle devrait plaire au Président français : la Suède et la Norvège ont annoncé le vendredi 20 septembre leur volonté commune de rejoindre l’Initiative européenne d’intervention1. Ce groupe d’Etats a été créé suite au discours de la Sorbonne prononcé par E. Macron en septembre 2017. Depuis sa création en 2018, il est composé de dix pays et oeuvre en-dehors du cadre institutionnel de l’Union pour mettre en place une « culture stratégique commune » entre les Etats européens signataires. L’initiative vise surtout à contrer les menaces terroristes hors du partenariat atlantique de l’OTAN et du cadre contraignant de l’Union2. Le 10 août dernier, le gouvernement suédois avait fait part de son intérêt pour ce groupe d’intervention par la voix du ministre de la Défense, P. Hultqvist. Parallèlement, le royaume scandinave approfondit aussi sa coopération militaire au sein de l’OTAN, sans pour autant aller jusqu’à l’adhésion. Une politique cohérente avec les efforts entrepris ces dernières années par le gouvernement suédois pour améliorer son système de défense. Le pays souhaite en effet renforcer la coopération militaire avec d’autres Etats dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie. Dernièrement, la Suède a fait part de son souhait de réinstaller des systèmes antimissiles ainsi que des équipements pour contrer les incursions de sous-marins dans la Baltique. Le parlement vient ainsi de voter un budget en hausse pour la défense, avec une hausse d’environ 460 millions d’euros d’ici 2022. Le ministre de la Défense, P. Hultqvist, a aussi annoncé la mise en place d’une taxe supplémentaire pour les banques afin de financer ce réarmement.3

Une intégration qui ne manque toutefois pas d’éveiller la méfiance dans un pays traditionnellement neutre. La presse suédoise craint en effet que le groupe se transforme en force d’intervention au service de la France dans ses anciennes colonies4. Le ministre de la Défense a ainsi dû expliquer que ce groupe d’intervention n’est absolument pas contraignant, mais qu’il permet à la Suède de bénéficier des échanges d’information entre les 12 pays membres. Le gouvernement suédois se maintient sur sa ligne de neutralité et refuse ainsi la participation à des opérations militaires jugées arbitraires. De plus, cette adhésion au groupe ne se traduit pas par une mise à l’arrêt des liens entre le royaume scandinave et ses partenaires britanniques et américains. Il s’agit toutefois d’une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron au moment où il essaie de convaincre ses partenaires de participer aux opérations de lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Si les forces armées suédoises ne sont pour le moment pas amenées à intervenir directement sur le terrain, le ministre de la Défense, P. Hultqvist, a annoncé un renforcement des échanges de renseignement pour prévenir les menaces terroristes. Une initiative qui semble faire de plus en plus d’émules : le 19 septembre, le gouvernement italien a lui aussi fait part de sa volonté de rejoindre le groupe d’intervention, après plus d’une année de mise en sommeil sous le précédent gouvernement5.

Sources
  1. AFP, Défense : Suède et Norvège vont rejoindre l’Initiative européenne d’intervention, Le Figaro, 19 septembre 2019
  2. BRZOZOWSKI Alexandra, Macron’s coalition of European militaries grows in force, EURactiv, 24 septembre 2019
  3. AFP, La Suède va taxer les banques pour financer son armée, Le Figaro, 1er septembre 2019
  4. WENDICK Christoffer, THOMSEN Dante, Klart : Sverige går med i franskt försvarssamarbete, SVT Nyheter, 20 septembre 2019
  5. Italy ‘willing to join’ European military intervention initiative, government says, The Defense Post, 19 septembre 2019