Berlin. Lundi 9 septembre soir à Berlin s’est tenue une discussion entre le ministre fédéral des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas et Joshua Wong. Selon l’activiste, les deux hommes se sont entretenus au sujet des protestations actuelles bien sûr, et de la lutte des militants prodémocratie afin d’établir des élections libres à Hong Kong.

À 22 ans, le militant possède déjà une solide expérience du mouvement social. Son parti, Demosistō – fondé en 2016 par Wong, Agnès Chow et Nathan Law1 – organise notamment un « support juridique en [se] coordonnant avec les lycéens, en [mettant] en place des campagnes de crowdfunding » de même qu’en organisant des mouvements de rassemblement général. Il ne se considère pas comme un leader, mais plutôt comme un « facilitateur »2. C’est cette absence de figure meneuse qui permet selon lui au mouvement actuel de perdurer malgré les arrestations. Joshua Wong n’en demeure pas moins une icône de la lutte pour la démocratie dans cette ancienne colonie britannique, aujourd’hui région administrative spéciale de la Chine.

Sa rencontre avec Heiko Maas le 9 septembre ne sera pas isolée et devrait être suivie par des discussions avec des membres du Bundestag. Le choix de l’Allemagne n’est pas étonnant si l’on se réfère à son histoire récente. Joshua Wong a d’ailleurs lui-même fait référence à cet historique sur les réseaux sociaux3, déclarant que « si nous sommes dans la nouvelle Guerre froide, Hong Kong est le nouveau Berlin ». Le leader fait non seulement appel au peuple allemand, qui fête cette année les 30 ans de la chute du Mur, mais aussi à l’ensemble du « monde libre ». Toucher l’opinion publique, médiatique au-delà des politiques, est un moyen de rendre plus délicate une intervention militaire chinoise.

Cette dernière n’est cependant pas à l’ordre du jour selon les récentes déclarations de Carrie Lam le 4 septembre4, qui officialisait également le retrait du projet de loi sur l’extradition, projet ayant déclenché les protestations actuelles. Ces événements mettent en lumière la difficulté de gestion que connaît Pékin actuellement face à une région qui ne marche plus au rythme de la République Populaire de Chine, et qui n’est pas un cas isolé. Cette dissonance rend impossible une intégration pleine et entière, qui sanctionnerait par ailleurs le développement de Hong Kong. Mais en même temps, il est inenvisageable pour Pékin de perdre sa souveraineté sur cette ancienne colonie retrouvée il y a 22 ans, pour de rayonnement international, économiques et financières.

Perspectives :

  • Si Hong Kong demeure une place financière forte, la ville de Shenzhen fait figure de “zone pilote” et de concurrente d’avenir pour la RPC, notamment dans le secteur de la recherche et du développement, qui s’essouffle à Hong Kong.5
  • Les célébrations du 1er octobre (fête nationale de la RPC) à Hong Kong devraient être “modestes, mais solennelles” selon Carrie Lam, par anticipation d’éventuelles perturbations.
Sources
  1. LE GROS Gaic, Le Japon soutient les militants hongkongais, Le Grand Continent, 1 juillet 2019
  2. PAGET Christophe, « Joshua Wong : à Hong Kong, nous faisons face à « l’empereur Xi » », RFI, 8 septembre 2019.
  3. Post Facebook de Joshua Wong, 9 septembre 2019.
  4. South China Morning Post, « Hong Kong leader Carrie Lam withdraws extradition bill », chaîne YouTube du SCMP, 4 septembre 2019.
  5. BELAICH Thomas, Shenzhen, étendard du modèle chinois, Le Grand Continent, 17 mars 2019