Londres. Durant une visite de deux jours à Londres, les 12 et 13 juillet, le conseiller à la Sécurité nationale du président américain, John Bolton a rencontré les responsables britanniques pour travailler à une feuille de route menant à un accord commercial entre le Royaume-Uni et les États-Unis. John Bolton et Sajid Javid, le nouveau ministre des Finances du gouvernement de Boris Johnson, ont évoqué la possibilité d’un accord « temporaire » censé entrer en vigueur le 1er novembre, et qui couvrirait « tous les secteurs » pendant six mois. Le Royaume-Uni sera le premier de la queue pour signer un accord commercial avec Washington, a déclaré John Bolton, paraphrasant, à l’envers, une phrase du président Barack Obama, quelques semaines avant le référendum de juin 2016, qui avait déclaré que Londres risquait de faire la queue en cas de sortie1.

Boris Johnson n’a cessé de rappeler qu’il entend respecter la date du 31 octobre pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, avec ou sans accord. L’actuelle impasse dans les négociations avec l’Union rend de plus en plus possible une sortie sans période de transition, comme initialement prévue dans l’accord négocié par le gouvernement de Theresa May.

John Bolton a transmis à Boris Johnson le souhait du président Donald Trump de voir une sortie réussie du Royaume-Uni à cette date et l’intention de Washington de travailler rapidement à un accord commercial entre les deux pays. Des différends demeurent cependant sur certains secteurs décisifs, comme l’agriculture (les standards britanniques étant désormais plus proches des standards américains) et l’industrie pharmaceutique.

Durant leur entretien, un autre sujet ultra-sensible a été évoqué, celui de la 5G et de la place sur le marché occidental du géant chinois Huawei. Boris Johnson aurait affirmé au conseiller de Donald Trump être prêt à reconsidérer le choix du gouvernement de Theresa May d’autoriser Huawei à construire des éléments de la future 5G britannique2.

Toutefois, mercredi 13 août, la présidente démocrate de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi, a déclaré qu’il y avait peu de chances qu’un accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni soit approuvé par le Congrès si le Brexit remettait en cause les accords de paix de 1998 en Irlande3. Actuellement, les Démocrates contrôlent l’une des deux chambres du Congrès et seraient en mesure d’empêcher l’approbation d’un éventuel accord commercial négocié par l’administration Trump avec le gouvernement de Boris Johnson4. « L’administration reste un fervent supporter du Good Friday Agreement », a déclaré John Bolton « et nous ne voyons pas où est le problème »5.

Même si 60 % des exportations de Londres sont à destination de l’Union, les États-Unis sont un partenaire commercial essentiel pour le Royaume-Uni. 42 000 firmes américaines exportent au Royaume-Uni et environ 1,25 million de salariés travaillent aux États-Unis pour une firme britannique. Contre 1,5 million de Britanniques travaillant pour une firme américaine6.

Perspectives :

  • 20-23 août : visite à Berlin et à Paris de Boris Johnson.
  • 23-25 août : G7 à Biarritz.
  • 3 septembre : rentrée parlementaire à Westminster.
  • 31 octobre : date prévue de sortie du Royaume-Uni de l’Union.
Sources
  1. UK ‘first in line’ for US trade deal, says John Bolton, BBC, 13 aout 2019
  2. ENGLAND Andrew, PAYNE Sebastian, FILDES Nic, Boris Johnson will look at Huawei ‘from square one’, says Bolton, Financial Times, 13 aout 2019
  3. LYNCH Suzanne, Pelosi can derail any post-Brexit UK-US trade deal plans, Irish Times, 16 aout 2019
  4. SWINFORD Steven, Nancy Pelosi : US Speaker issues post-Brexit trade deal warning, The Sunday Times, 15 aout 2019
  5. WASSON Erik, Pelosi Threatens to Block U.S.-U.K. Post-Brexit Trade Deal, Bloomberg, 14 aout 2019
  6. US Chamber of Commerce, U.S.-UK Trade and Investment Ties