Ce texte a été publié originellement dans l’édition 63 de La Lettre du Lundi, la newsletter opérationnelle hebdomadaire du Grand Continent. Vous pouvez retrouver l’édition complète – dédiée entre autres aux prochaines élections législatives en Grèce, au mantien de l’ordre en Chine et aux répresentations géopolitiques du Myanmar – ici. Abonnez-vous ici.

Osaka/Biarritz. Le G20 d’Osaka vient de s’achever, dans l’étonnante nouvelle formule multi-bilatérale de 19+1 impulsée par Donald Trump. Une nouvelle négociation compliquée commence pour Emmanuel Macron. Selon des sources proches du dossier, le Président des États-Unis aurait communiqué à l’Élysée son hésitation à participer au prochain G7 de Biarritz, du 24 au 26 août.

S’il s’agit à l’heure actuelle d’une menace sans fondement, elle s’inscrit dans une tendance désormais très définie de critique de l’ordre international : avec Trump, rien ne saurait aller de soi, tout est soumis à une négociation ponctuelle et à une tendance à la bilatéralisation.

L’analyse de sa relation avec les principales institutions de l’ordre mondial est saisissante.

  • À l’ONU, on note surtout : le retrait des États-Unis du Traité des Nations Unies sur le commerce des armes, l’opposition à la résolution visant à mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre et le refus de nommer un représentant aux Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale. De plus, l’administration Trump a cessé de coopérer avec les enquêteurs de l’ONU sur les violations potentielles des droits de l’homme commises sur le territoire américain.
  • À la Cour pénale internationale, John Bolton, le conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale a menacé la Cour de sanctions si elle enquêtait sur des crimes de guerre présumés commis par les États-Unis en Afghanistan.
  • Au FMI, le projet de tarifs de Trump est implicitement contre le Fonds. L’organisation a mis en garde plusieurs fois contre les effets négatifs de la guerre commerciale sur l’économie mondiale
  • À la Banque mondiale, David Malpass, président de l’institution depuis avril 2019, ancien banquier de Wall Street est un fervent critique de l’institution. En substance, il considère la Banque mondiale comme une machine inutile et coûteuse.1 « La tradition veut qu’il y ait un Américain à la tête de la Banque Mondiale et un Européen au FMI. Malpass n’est de toute évidence pas le bon candidat : il remet en cause l’utilité de la Banque Mondiale même. Les Européens auraient [eu] tout intérêt à soutenir une candidature africaine telle que celle de Donald Kaberuka ou de Ngozi Okonjo », confiait Pascal Lamy à Le Grand Continent il y a quelques mois.
  • À l’OMC, Trump a menacé de retirer les États-Unis de l’Organisation mondiale du commerce si elle ne se réformait pas et ne traitaient mieux son pays. Il a qualifié l’OMC de « pire accord commercial jamais conclu ». Pour rappel, l’Organisation promeut l’ouverture commerciale entre pays par l’abaissement des barrières tarifaires et non-tarifaires aux échanges.2
  • À l’OTAN : le critiques du président américain à l’égard de l’Alliance sont incessantes, comme le montre son intervention lors du Sommet annuel de l’OTAN de l’année passée.3
Sources
  1. BATUT Cyprien, La Banque Mondiale perd la tête, Le Grand Continent, 10 février 2019
  2. BATUT Cyprien, L’art de la guerre commerciale : le rôle de l’OMC, Le Grand Continent, 4 novembre 2018
  3. ARIES Quentin, “L’OTAN, ton univers impitoyable !”, Le Grand Continent, 15 juillet 2018