Londres. Dans l’enquête annuelle portant sur 1000 universités internationales conduite par le QS World University Rankings1, deux tiers des 84 universités britanniques présentes dans ce classement ont perdu du terrain par rapport à leurs concurrentes. C’est la troisième année consécutive que ce phénomène se produit.

Symbole du made in UK en matière d’enseignement universitaire, le pôle de Cambridge subit son plus mauvais score jamais enregistré, reculant à la septième place. Au contraire, sa rivale de toujours, Oxford, passe de la 5ème à la 4ème place, seul exemple en contre-tendance. Pour Ben Sowter, directeur de recherche responsable de cette enquête interrogé par The Guardian2 « pendant des décennies, l’enseignement supérieur britannique a représenté l’un de ses meilleurs produits d’exportation ». Mais deux facteurs expliquent ces mauvais résultats selon lui. L’incertitude sur les frais de scolarité qui vont peser à l’avenir sur les étudiants européens, et l’incertitude qui pèse sur le maintien des instituts britanniques dans les programmes de recherche intégrés au niveau européen. Des problèmes qui pèsent sur tous les étudiants désireux d’enrichir leur cursus par un passage dans une université britannique, comme l’explique très bien le site Study in UK.3

Ce classement révèle néanmoins la place dominante des universités anglo-saxonnes, puisque dans les dix premières on compte cinq universités américaines (le MIT de Boston, l’Université de Stanford et Harvard occupent les trois premières places), quatre britanniques et une suisse. L’impact du Brexit est réel, mais il ne remet pas en question pour l’heure le bon classement général des instituts britanniques. Dix-huit universités du Royaume-Uni font partie des cent premiers du classement.

Néanmoins, le recul de Cambridge a été particulièrement remarqué au Royaume-Uni. Selon le Financial Times,  « le Brexit a suscité des craintes sur le fait que le Royaume-Uni peut devenir moins attractif pour les étudiants étrangers »4. Des craintes accentuées par un rapport gouvernemental publié en mai, recommandant de baisser les frais de scolarité pour les étudiants britanniques en les plafonnant à 7500£ par an, contre 9500£ actuellement. Les étudiants européens pourraient ainsi être pénalisés, en étant contraints de payer des frais supérieurs aux étudiants britanniques. Cette possibilité a amené  le gouvernement écossais5 à se démarquer en refusant ce type de discrimination et en annonçant que les étudiants européens ne paieront pas un penny en plus.

Le brouillard qui règne sur le Brexit et son calendrier empêche pour l’heure toute entrée en vigueur des dispositions prônées par ce rapport Augar6. Dans son analyse sur les raisons du recul des universités du Royaume-Uni, le Financial Times suggère une piste largement suivie par les universités américaines, celle du financement par les fondations philanthropiques. Sur le plan académique, le Brexit pourrait au final renforcer les similitudes des deux côtés de l’Atlantique.

Perspectives :

  • 31 juillet : désignation du successeur de Theresa May par le Parti conservateur
  • 31 octobre : fin du délai accordé par l’Union européenne pour le Brexit
  • Incertitudes sur le cadre juridique pour l’année universitaire 2020-2021
Sources
  1. QS World University Rankings, 2019
  2. HALL Rachel, ADAMS Richard, Cambridge slips to lowest-ever place in world university table, The Guardian, 19 juin 2019
  3. Important Post-Brexit Rules For EU Students in UK, Study in UK, 2018
  4. JACK Andrew, Oxbridge dominates in hunt for new benefactor income, The Financial Times, 20 juin 2019
  5. McIVOR Jamie, Free tuition to continue for EU students in Scotland, BBC, 19 avril 2019
  6. COUGHLAN Sean, £7,500 tuition fees plan faces Brexit delay, BBC, 1 mars 2019