Copenhague. En aout 2018, Emmanuel Macron était en selle avec le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen sur les pistes du réseau cyclable de Copenhague afin d’observer et de parcourir à vélo les infrastructures dédiées à ces nouvelles formes de mobilités sur les transports carbonés traditionnels.

Cette « réunion de terrain » au sein de la capitale européenne du vélo a permis de conforter le choix du président français d’orienter les efforts vers ces mobilités décarbonées pour la sortie quatre mois plus tard du Plan de mobilité national. Un fond vélo de 350 millions d’euros y est prévu ainsi qu’un « forfait mobilité durable » de 400 euros sans charges ni fiscalité, que l’employeur pourra verser aux employés se rendant au travail en covoiturage ou à vélo.1

Et Copenhague apparait comme une destination cohérente en matière de mobilité douce : depuis la fin des années 60, les danois inventent une ville aménagée pour les circulations douces et récoltent les fruits d’une politique cyclable lancée depuis les années 1980. Les résultats en sont que la ville est peu bruyante, sécurisée et rapide à vélo. La circulation est fluide, aussi bien à vélo que pour les automobilistes.

En 2006, Copenhague décide de devenir la meilleure capitale européenne pour circuler à vélo, signe d’un volontarisme déjà précurseur en la matière. Avec pour objectif d’atteindre 50 % de déplacement à vélo d’ici l’horizon 2025. L’objectif est en passe d’être réalisé puisque selon les chiffres de 2015, 41 % des 580 000 habitants se rendraient au travail ou à l’école en vélo, et ce, peu importe les conditions météorologiques. Par ailleurs, depuis novembre 2016, la métropole compte désormais plus de vélo en circulations (265 700) que de voitures (252 600).2.

Un choix de mobilité expliqué par le contexte scandinave et une solide culture du vélo. En effet, le choix du vélo s’intègre complètement dans la vision du modèle de société scandinave. Se déplacer à vélo correspond avant tout à un choix pragmatique, en règle avec une société du bien-être recherché et d’une plus grande cohésion communautaire. Ce choix affirmé et précurseur à l’échelle européenne se conçoit comme une résultante de « l’innovation danoise » après l’expérience du tout pétrole dans les années 1970. Cette expérience en la matière intéresse les délégations des grandes villes mondiales qui connaissent des problématiques de congestion du trafic et de pic de pollution en centres-ville. Le Danemark a ainsi développé une structure chargée d’accueillir ces délégations étrangères et de leur partager leurs savoir-faire en termes de politiques cyclables pour une possible transposition.

Les chocs pétroliers des années 1937 et 1970 ont démontré les limites d’une société reposant exclusivement sur le pétrole et ont joué un rôle catalyseur afin d’affirmer et de légitimer le choix du tout vélo : l’innovation danoise est ainsi née du conformisme du tout gazole. La détention d’un ou plusieurs vélos et leur pratique au quotidien a construit un élément identitaire danois, afin d’apparaitre de nouveau sur la carte européenne comme un pays stratégiquement positionné dans la transition énergétique, unie et capable de véritables politiques volontaristes en la matière.

GEG | Cartographie pour Le Grand Continent
Sources
  1. Ouest France, Entretien avec Élisabeth Borne, Ministre chargée des Transports, 26 mars 2019
  2. HIVERT Anne Françoise, A Copenhague, le vélo supplante la voiture, Le Monde, 20 avril 2017