Nuuk. Le 4 septembre, le journal groenlandais Sermitsiaq relatait que la Chine avait retiré son offre de participation aux travaux de renforcement des aéroports de Nuuk et Iulissat1. Le journal cite un directeur de China Communications Construction Co. (CCCC), la société d’État de Pékin, ainsi que cinq autres concurrents inclus dans la liste des adjudicataires de l’appel d’offres en vue des travaux de Kalaallit Airports International, la société anonyme qui s’occupe du projet de renforcement des aéroports de Nuuk et d’Iulissat. La CCCC a justifié son retrait par la difficulté d’obtenir des visas pour le transfert de ses employés, ce qui la désavantagerait par rapport aux autres concurrents. La valeur totale des travaux est estimée à 559 milliards de dollars et la date limite de soumission des offres est fixée au 14 juin.

Les États-Unis et le Danemark regardent d’un mauvais oeil les ambitions chinoises au Groenland. Washington craint la présence chinoise sur une île qui héberge des bases militaires et balistiques stratégiques pour surveiller l’espace et le pôle nord, qui constitue le moyen le plus rapide de relier l’Europe à l’Amérique du Nord2. Copenhague, en revanche, ne voulait pas contrarier l’allié américain et craignait qu’en se “vendant” à la Chine, le Groenland obtienne l’indépendance économique nécessaire pour obtenir l’indépendance politique un jour. La Chine est déjà fortement impliquée dans l’économie de l’île, en particulier dans le secteur minier.

Afin de contrecarrer la pénétration des capitaux chinois dans le projet lié au renforcement des aéroports de Nuuk et Iulissat (avec lequel le Groenland entend devenir une escale importante pour les vols entre l’Europe et l’Amérique du Nord), le Comité des finances avait approuvé en mars dernier un accord pour l’achat par l’État danois de 33,3 % des actions de Kalaallit Airports International3.

GEG | Cartographie pour Le Grand Continent

Perspectives :

  • 14 juin : date limite de soumission de l’offre pour le renforcement des deux aéroports.
  • S’il parvient à former un gouvernement après la victoire aux élections nationales du 5 juin dernier, Mette Frederiksen pourrait amener le gouvernement danois à adopter des positions moins fermes concernant l’autonomie du Groenland même s’il s’est peu exprimé à ce sujet durant la campagne électorale4.