République d’Irlande : des élections à profusion
Dublin. Si les citoyens de la République d’Irlande font partie des peuples européens les plus attachés à l’Union et les moins enclins à l’euroscepticisme, l’élection imminente de leurs eurodéputés ne les passionne pas pour autant : alors que plus de 90 % de la population y a une opinion favorable à l’Union, la participation n’y était que de 52,4 % en 2014.
L’abstention sera peut-être moins haute ce vendredi en raison des consultations électorales parallèles au scrutin européen. En même temps que leurs 13 eurodéputés (soit 2 de plus qu’en 2014, du fait de la redistribution de sièges parlementaires de Strasbourg post-Brexit), les Irlandais sont en effet appelés à choisir leurs représentants locaux et à voter pour ou contre une modification constitutionnelle facilitant le divorce. Les habitats de Cork, Waterford et Limerick se prononceront en outre sur une réforme de leurs organisations politiques locales.
Selon le dernier Eurobaromètre 1, les électeurs irlandais considèrent que les défis principaux que doit relever l’Union sont l’immigration, le terrorisme et le changement climatique. Le Brexit occupe également une grande place dans le débat politique irlandais. Certaines entreprises ont déjà beaucoup souffert ces trois dernières années en raison des incertitudes que laisse planer la possibilité d’un no–deal et la perspective du retour d’une frontière dure entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Malgré tout, les enjeux européens tendent à s’effacer derrière des préoccupations et des considérations nationales et locales. Récemment, les débats politiques en Irlande se sont ainsi concentrés sur la “crise du logement” constatée dans les plus grandes villes du pays. Quoique pro-européen déclaré, le Taoiseach (chef du gouvernement) Leo Varadkar aspire donc avant tout à ce que son parti Fine Gael remporte les élections locales.
Il est aussi probable que Fine Gael, affilié au PPE, remporte le plus de sièges au Parlement européen, avec environ 40 % des votes. Selon les sondages, il serait au coude-à-coude avec un autre parti historique, le Fianna Fáil, également classé au centre-droit et membre de l’ADLE depuis 2009. Dans un contexte d’intérêt grandissant de l’opinion irlandaise pour les questions environnementales et climatiques, il est aussi possible que le Green Party perce dans le scrutin européen et envoie un eurodéputé à Strasbourg. L’Irlande avait jusqu’à présent trois candidats indépendants ; parmi eux seul Luke ‘Ming’ Flanagan, du groupe GUE/NGL, se représente et il a de bonnes chances d’être réélu. La principale incertitude concerne la date de prise de fonction de deux eurodéputés supplémentaires obtenus par la République d’Irlande suite au Brexit. Il faudra en effet attendre que le Royaume-Uni sorte définitivement de l’Union pour qu’ils rejoignent au Parlement européen leurs 11 homologues nationaux.