Bruxelles. Lundi 13 mai, un dîner d’anniversaire s’est tenu à Bruxelles, en présence de Donald Tusk, de Jean-Claude Juncker, et du président de la Roumanie, Klaus Iohannis, mais aussi des chefs d’État et de gouvernement des six pays membres du partenariat oriental de l’Union (Arménie, Azerbaïdjan, Georgie, Moldavie, Ukraine, Biélorussie). Deux autres invités étaient particulièrement à l’honneur ce soir-là : Radek Sikorski et Carl Bildt, les anciens ministres des Affaires étrangères polonais et suédois, à l’origine du partenariat oriental de l’Union en 20091. Rappelons que ce partenariat a été créé pour approfondir les relations entre les six pays dans le voisinage immédiat de l’Union et encourager les réformes démocratiques et économiques. Intégré au sein de la politique de voisinage de l’Union, le partenariat oriental joue un rôle central dans les régions d’Europe orientale et du Caucase du Sud, qui connaissent des tensions internes et externes. Concrètement, ce partenariat consiste en deux réunions tous les deux ans avec les ministres des affaires étrangères des pays concernés et la tenue de sommets entre les dirigeants des pays et les chefs d’État et de gouvernement de l’Union, le dernier en date à Bruxelles, à l’automne 20172.

Au cours de ce dîner, les membres du partenariat ont noté le degré notable d’approfondissement des relations entre les pays membres de l’Union et les six pays partenaires. C’est notamment le cas de l’Arménie, qui attribue le succès de sa récente « révolution de velours » à l’influence européenne, notamment pour la dimension pacifique qui l’attache particulièrement aux valeurs et aux idéaux européens3.

Du point de vue suédois, le partenariat oriental est resté une priorité du gouvernement depuis 2009, et en dépit du changement de majorité en faveur des sociaux-démocrates en 2014 et de leur nouvelle victoire aux élections parlementaires de 2018. Le partenariat oriental bénéficie d’un fort soutien parlementaire au Riksdag, et la Suède maintient sa position intégrationniste. En 2017, la ministre des Affaires étrangères Margot Wallström indiquait encore que « la porte devait rester ouverte pour l’intégration de pays qui se transforment véritablement »4. Cependant, le gouvernement suédois est resté assez discret cette semaine sur ce qui est pourtant une réussite. En effet, dans le contexte des élections européennes, chacun se montre très prudent dans son soutien public à l’intégration de nouveaux pays dans l’Union : les élections plébiscitent en effet des partis opposés à tout nouvel élargissement à l’Est.

Il faut dire que les perspectives de ce partenariat sont aujourd’hui assez floues. La rencontre de lundi s’est soldée par une simple déclaration de la Commission et non par une déclaration commune des chefs d’État. Plusieurs conflits entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan à propos des frontières continuent de semer le trouble dans les relations entre les membres du partenariat. De la même manière, l’absence de calendrier précis pour l’adhésion à l’Union de la Géorgie, de la Moldavie ou de l’Ukraine n’engage pas les gouvernements à s’investir dans le partenariat. Enfin, des pays fondateurs comme la Pologne privilégient désormais une approche sectorielle et une coopération binationale et insistent sur les « aspirations différentes » des pays membres vis à vis de ce partenariat5.

Perspectives :

  • La Pologne plaide pour la mise en place d’un espace économique régional pour les pays du partenariat oriental, sur le modèle du partenariat économique entre les quatre pays du groupe de Visegrad avant leur adhésion à l’Union. L’objectif est d’intégrer davantage les économies des pays partenaires et de libéraliser les services financiers ou la circulation des professionnels qualifiés.
Sources
  1. Östliga partnerskapet firade tio år, EuropaPortalen, 15 mai 2019.
  2. Bildt i Bryssel när EU firar samarbetet med öst, Aftonbladet, 12 mai 2019.
  3. MNATSAKANYAN Zohrab, Armenia’s “Velvet Revolution” : A contribution to the Eastern Partnership, Euobserver, 14 mai 2019.
  4. KRAGH Martin, Georgia and the EU’s Eastern Partnership : a Swedish Perspective, Georgian Institute of Politics, 4 mars 2019.
  5. CZAPUTOWICZ Jacek, Future of the Eastern Partnership : The Polish view, Euractiv, 13 mai 2019.